«Depuis de nombreuses années, les connaisseurs écrivent la chronique d’un malade qui a une santé de fer», souligne sur un ton amusé Pilar Martinez Vasseur, la Présidente du Festival du cinéma espagnol de Nantes. «Mais aujourd’hui, le cinéma espagnol connaît un triomphe à l’international.»
Et de citer l’hommage de Jonas Trueba au FEMA de La Rochelle, le César du meilleur film étranger de Rodrigo Sorogoyen pour As Bestas qui a reçu par ailleurs neuf Goya. Sans oublier Carla Simone, Ours d’Or à Berlin avec Nos soleils, Elena Lopez Riera pour son film El agua sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes et Sofia Otero, primée à Berlin comme meilleure actrice avec 20 000 espèces d’abeilles .
Tous ces prix récompensent la jeunesse et l’inventivité du cinéma espagnol, des films qui abordent des sujets aussi différents que la quête de soi, le déracinement, les conflits intergénérationnels, les traumatismes de l’enfance. Pour sa 32ème édition, le Festival nantais s’en est fait l’écho en mettant l’accent dans sa programmation sur le rôle des femmes dans cette réussite.
Carmen Maura, invitée d’honneur
L’invitée d’honneur sera Carmen Maura, une des actrices les plus populaires d’Espagne, «la plus française des comédiennes espagnoles», estime la Président Pilar Martinez. Elle a joué dans Ay Carmela, le film de Carlos Saura sur la guerre civile en Espagne, Les femmes du sixième étage ou encore dans Volver de Pedro Almodovar. «C’est une femme courageuse », dit Floreal Peleato dans la revue Positif. «C’est une femme ordinaire qui nous ressemble et qui incarne à l’écran les invisibles», ajoute Pilar Martinez. Le public pourra l’écouter le 1er avril à 18h au Théâtre Graslin lors d’une Masterclass. Quatre de ses films seront projetés dont Le Harem de Madame Hosman, film méconnu dont elle est assez fière.
Une exposition sur les femmes au cinéma
D’autres femmes seront mises à l’honneur comme les réalisatrices basques Anna Diez et Iratxe Freneda le 26 mars à 18h à Cosmopolis. Un hommage à Carlos Saura sera rendu par sa femme l’actrice Eulalia Ramon et sa fille Anna Saura le 24 mars à 17h15 à Cosmopolis. Et une exposition du photographe Oscar Fernandez Orengo mettra en valeur le rôle des femmes dans le cinéma espagnol comme Isa Campo, Carla Simon, Carlota Pereda,Neus Ballus, Clara Roquet. Son titre qui en dit long sur l’intention du photographe spécialisé dans les portraits de cinéastes : Femmes cinéastes, regard horizontal à voir à Cosmopolis du 23 mars au 2 avril.
Pour la Présidente du Festival, si ces femmes ont réussi à se hisser en haut de l’affiche aussi rapidement, c’est grâce à la politique volontariste du Ministère de la Culture espagnol. Un Institut de la Cinématographie et des Arts Audiovisuels a été créé, l’ICAA, qui accorde aux femmes une aide au financement du film à hauteur de 35% du budget.
«C’est vrai», reconnaît José Marquez, l’un des trois fondateurs du Festival «mais le système à la création n’est pas aussi avantageux qu’en France. Tous les auteurs espagnols rêveraient d’un tel système qui assure la production indépendamment du succès du film».
L’an dernier, deux autres femmes avaient connu leur heure de gloire à Nantes avec un film sur le terrorisme basque Les repentis : la réalisatrice Iciar Bollain et l’héroïne qui a inspiré l’histoire, Maixabel Lasa, la femme d’un dirigeant communiste assassiné par un militant de l’ETA. Un film bouleversant qui posait la question de réconciliation.