10 mars 2023

Les femmes seront à l’honneur lors du 32ème Festival du cinéma espagnol à Nantes

Jamais le cinéma espagnol n’aura autant brillé que l’an dernier. Récompensé à Berlin et à Cannes pour sa créativité et sa vitalité, ce sont les jeunes réalisatrices qui portent en grande partie ce succès. À Nantes, le Festival compte les mettre en lumière. Voici comment.

Les femmes seront à l’honneur lors du 32ème Festival du cinéma espagnol à Nantes

10 Mar 2023

Jamais le cinéma espagnol n’aura autant brillé que l’an dernier. Récompensé à Berlin et à Cannes pour sa créativité et sa vitalité, ce sont les jeunes réalisatrices qui portent en grande partie ce succès. À Nantes, le Festival compte les mettre en lumière. Voici comment.

«Depuis de nombreuses années, les connaisseurs écrivent la chronique d’un malade qui a une santé de fer», souligne sur un ton amusé Pilar Martinez Vasseur, la Présidente du Festival du cinéma espagnol de Nantes. «Mais aujourd’hui, le cinéma espagnol connaît un triomphe à l’international.»

Et de citer l’hommage de Jonas Trueba au FEMA de La Rochelle, le César du meilleur film étranger de Rodrigo Sorogoyen pour As Bestas qui a reçu par ailleurs neuf Goya. Sans oublier Carla Simone, Ours d’Or à Berlin avec Nos soleils, Elena Lopez Riera pour son film El agua sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes et Sofia Otero, primée à Berlin comme meilleure actrice avec 20 000 espèces d’abeilles .

Tous ces prix récompensent la jeunesse et l’inventivité du cinéma espagnol, des films qui abordent des sujets aussi différents que la quête de soi, le déracinement, les conflits intergénérationnels, les traumatismes de l’enfance. Pour sa 32ème édition, le Festival nantais s’en est fait l’écho en mettant l’accent dans sa programmation sur le rôle des femmes dans cette réussite.

Carmen Maura, invitée d’honneur

L’invitée d’honneur sera Carmen Maura, une des actrices les plus populaires d’Espagne, «la plus française des comédiennes espagnoles», estime la Président Pilar Martinez. Elle a joué dans Ay Carmela, le film de Carlos Saura sur la guerre civile en Espagne, Les femmes du sixième étage ou encore dans Volver de Pedro Almodovar. «C’est une femme courageuse », dit Floreal Peleato dans la revue Positif. «C’est une femme ordinaire qui nous ressemble et qui incarne à l’écran les invisibles», ajoute Pilar Martinez. Le public pourra l’écouter le 1er avril à 18h au Théâtre Graslin lors d’une Masterclass. Quatre de ses films seront projetés dont Le Harem de Madame Hosman, film méconnu dont elle est assez fière.

Une exposition sur les femmes au cinéma

D’autres femmes seront mises à l’honneur comme les réalisatrices basques Anna Diez et Iratxe Freneda le 26 mars à 18h à Cosmopolis. Un hommage à Carlos Saura sera rendu par sa femme l’actrice Eulalia Ramon et sa fille Anna Saura le 24 mars à 17h15 à Cosmopolis. Et une exposition du photographe Oscar Fernandez Orengo mettra en valeur le rôle des femmes dans le cinéma espagnol comme Isa Campo, Carla Simon, Carlota Pereda,Neus Ballus, Clara Roquet. Son titre qui en dit long sur l’intention du photographe spécialisé dans les portraits de cinéastes : Femmes cinéastes, regard horizontal à voir à Cosmopolis du 23 mars au 2 avril.

Pour la Présidente du Festival, si ces femmes ont réussi à se hisser en haut de l’affiche aussi rapidement, c’est grâce à la politique volontariste du Ministère de la Culture espagnol. Un Institut de la Cinématographie et des Arts Audiovisuels a été créé, l’ICAA, qui accorde aux femmes une aide au financement du film à hauteur de 35% du budget.

«C’est vrai», reconnaît José Marquez, l’un des trois fondateurs du Festival «mais le système à la création n’est pas aussi avantageux qu’en France. Tous les auteurs espagnols rêveraient d’un tel système qui assure la production indépendamment du succès du film».

L’an dernier, deux autres femmes avaient connu leur heure de gloire à Nantes avec un film sur le terrorisme basque Les repentis : la réalisatrice Iciar Bollain et l’héroïne qui a inspiré l’histoire, Maixabel Lasa, la femme d’un dirigeant communiste assassiné par un militant de l’ETA. Un film bouleversant qui posait la question de réconciliation.

Quand on a été journaliste pendant plus de 30 ans à France 3, que l'on s'est enrichi de belles rencontres et de découvertes, on a envie de continuer à partager sa curiosité et son ouverture d'esprit avec d'autres. En travaillant bénévolement à Fragil, on peut continuer à se cultiver en toute liberté. Ca donne du sens à un retraité devenu journaliste honoraire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017