Ayant peu de connaissances en matière de rock psychédélique, j’ai essayé d’appréhender en amont les artistes qui ont façonné ce répertoire. Plusieurs mélodies se mêlent à la fois dynamiques ou plus calmes. L’invitation au voyage est de rigueur suivant l’univers où l’artiste souhaite nous emmener. Le rock psychédélique est un art musical qui puise son histoire à travers les artistes de Woodstock en apportant une certaine rupture avec les répertoires musicaux existants. Allant des Pink Floyd à la voix époustouflante de Janis Joplin, ce style musical allie des rythmes répétitifs, hypnotiques et complexes. C’est avec ces minces connaissances que je suis partie à la rencontre des Liminanas, en ne savant pas l’expérience que j’allais vivre.
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Sur scène
Le concert a commencé avec le groupe Amazone en première-partie. L’ambiance tamisée nous a tout de suite plongé dans un univers à part, avec des mélodies hypnotisantes et diversifiées. Les artistes du groupe réinventent les principes du rock psychédélique en y ajoutant des textes singuliers dans une construction rythmique plus moderne. L’invitation au voyage et à la découverte sont au rendez-vous en proposant un répertoire de chanson écliptique. Le groupe m’a permis d’appréhender les instruments et les tonalités que l’on peut retrouver dans le rock psychédélique, un mélange atypique et unique qui viendra se confronter à l’ambiance électrique du groupe des Liminanas.
J’ai l’impression de me retrouver plonger dans un monde où le rock s’anime et anime les foules.
Le changement de scène vient de se terminer. Les guitares s’échauffent et la foule s’anime. Je commence à comprendre que le groupe des Liminanas va rentrer en scène. L’ambiance électrique s’élance pour ne faire qu’une avec les acclamations du public. Je saisis alors l’enthousiasme des personnes présentes à côté de moi, un sentiment d’admiration et d’appartenance domine la foule qui entre instantanément en communion avec la rythmique vibrante. Les instruments plongent la scène dans un monde ailleurs, dans un espace virtuel où tout est possible. Me plaçant dans une posture d’initiation et d’exploration, je découvre spontanément les œuvres et les chansons qui s’enchaînent. J’ai l’impression de me retrouver plonger dans un monde où le rock s’anime et anime les foules. Les paroles offrent un écrin de modernité accompagné de mélodies classiques et à la fois singulières. Je m’éloigne quelque peu de mon répertoire musical, mais j’observe un public dévoué, un public transporté par des mélodies et par des tonalités. C’est toujours compliqué de sortir de cette zone de confort et de savoir apprécier quelque chose que ne nous apparait pas destiné de prime à bord. Il faut savoir aller au-delà des frontières pour découvrir d’autres mondes, d’autres univers qui ne nous laisseront peut-être pas indifférents.
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Une pause dans le réel, un espace-temps atypique et hypnotique qui ne laisse personne indifférent.
Les Limananas est un mélange particulier entre Perpignan et Los Angeles, où les rencontres leur ont permis de façonner leur style musical au fil des années. Le travail effectué autour d’un album se déroule généralement de la même manière : Lionel va réaliser dans un premier temps les démos pour que Marie puisse y ajouter ses accords à la batterie. Le couple conserve un certain équilibre dans leur album tout en se réinventant à travers la présence de certaines collaborations. Anton Newcombe est venu ajouter ses arrangements pour clore cet album et proposer un univers électrique à un public conquis. Les rythmiques m’ont permis d’aller voir au-delà de ce qu’on est habitué à voir et de découvrir un public unique, en lien avec les artistes. Ce concert a été une pause dans le réel, un espace-temps atypique et hypnotique qui ne laisse personne indifférent.
Interview
Fragil : Comment se fait-il que les Liminanas soient nés aux Etats-Unis ? De Perpignan à Chicago ?
Les Liminanas : On vient de la scène garage pure et dure. Depuis les années 90, on a tous joués dans des groupes à Perpignan. A un moment donné, on s’est retrouvés sans groupe Marie et moi parce que tous nos potes étaient en tournée. On a donc commencé à bidouiller des trucs tous les deux. On a fait deux titres qu’on a mis sur myspace pour les faire écouter à mon frère qui était sur Paris. Dans les 48h qui ont suivi, on a chopé un plan avec HoZac Records puis avec Trouble In Mind, deux labels de Chicago. On a commencé à faire des 45 tours pour ces deux labels. Après les 45 tours, ils nous ont commandé un LP et une tournée américaine d’une douzaine de dates. Et depuis, on a jamais arrêté d’enregistrer. Ca a donc démarré aux Etats-Unis par pur hasard.
Fragil : Etait-ce un rêve de jouer un jour aux Etats-Unis ?
Les Liminanas : Il y avait un groupe à Perpignan qui avait signé sur un label de Los Angeles, et franchement, pour nous c’était une utopie de faire comme eux. Les labels américains sont ceux qu’on préférait et ils nous paraissaient intouchables. Et en une semaine, on a touché deux labels américains. C’était Noël !
« De ces démos, on extrait le meilleur pour établir une playlist pour un album. »
Fragil : Est-ce compliqué de travailler en couple ? Comment fonctionnez-vous ?
Les Liminanas : Travailler en couple, ce n’est pas compliqué. On a un petit studio à la maison. Je bidouille des trucs dedans à peu près tout le temps et on écoute ces démos avec Marie. Moi j’attaque tôt le matin et Marie me rejoint le soir. De ces démos, on extrait le meilleur pour établir une playlist pour un album. Une fois que toute la musique est enregistrée, Marie ajoute sa batterie. Et suivant les titres, on invite des guests ou non.
Fragil : Qu’a amené Anton Newcombe sur votre dernier album ?
Les Liminanas : Quand on est allé chez lui à Berlin, les trois quart de l’album étaient prêt. On a tout recalé et réenregistré les batteries de Marie qui sonnent beaucoup mieux maintenant. Et après, Anton a passé 4 jours à retravailler tous les sons et les arrangements.
« Dans la vie en général, j’essaye toujours de tirer quelque chose des bonnes comme des mauvaises choses. »
Fragil : Qu’est ce qu’il vous reste de votre passé Anar ?
Les Liminanas : J’ai l’impression que ce qu’on fait aujourd’hui est le mix de tout ce qu’on fait dans le passé. Tout m’a servi ! On est vraiment dans la continuité de ce qu’on faisait dans les années 90 et c’est un passé que je ne renie pas du tout. Dans la vie en général, j’essaye toujours de tirer quelque chose des bonnes comme des mauvaises choses. En revanche, mon niveau de guitare est toujours aussi lamentable.
Fragil : Est-ce que ça fait bizarre de commencer dans des groupes Anar et d’être désormais considéré comme « le groupe de rock le plus cool de France », de faire la une de Rock’n’Flok et de passer sur Canal + ?
Les Liminanas : Tout ça s’est fait de manière très progressive. On n’a jamais fait de concession sur la musique. Après, qu’il y ait une reconnaissance plus large, on est flattés. On fait ce qu’on veut et ça plait. Les retours sont très forts et c’est incroyable. Je lis rock’n’flok depuis que je suis mome, j’étais super fier de faire la Couv. La télé, on y allait à reculons et au final, suivant les plateaux, on se sent dans un club, donc on y a pris beaucoup de plaisir. Une chose est sure: ce n’était pas notre motivation première.
« Nantes, Rennes, c’est la région de France où je préfère jouer depuis que je suis gamin. J’ai toujours pensé que c’était le meilleur public de France. »
Fragil : Comment sollicitez-vous vos guests ?
Les Liminanas : Tous les gens qui sont sur le disque, soit on les a rencontrés, soit on a bossé avec eux l’année précédente. C’est aussi le cas des autres disques. Par exemple, Bertrand Belin, on l’a rencontré sur une tournée en Australie. Quand on est rentrés, je lui ai envoyé des démos en lui disant qu’il pouvait faire ce qu’il voulait et il a travaillé plus particulièrement sur Dimanche. Quant à Emmanuelle Seigner qui est dans notre vidéo-clip, elle a déboulé un jour dans notre village parce qu’elle voulait nous rencontrer pour un autre projet. Au bout du compte, ce ne sont que des rencontres comme ça.
Fragil : C’est quoi votre histoire avec Nantes ?
Les Liminanas : On est super content de rejouer ici. De toute façon, Nantes, Rennes, c’est la région de France où je préfère jouer depuis que je suis gamin. J’ai toujours pensé que c’était le meilleur public de France.