28 octobre 2024

Les manifestations nantaises pour la Palestine, entre ferveur et lassitude

Ce samedi 26 octobre, entre 200 et 300 manifestant·es se sont réuni·es au Miroir d’eau, à 15h, à l’appel du groupe Urgence Palestine Nantes. Malgré la lassitude et le désespoir de certain·es qui perdent espoir en l'obtention d'un cessez-le-feu immédiat en Palestine et de sanctions contre Israël, des militant·es pro-Palestine, communistes, de la France Insoumise, de l’association France Palestine Solidarité continuent de manifester.

Les manifestations nantaises pour la Palestine, entre ferveur et lassitude

28 Oct 2024

Ce samedi 26 octobre, entre 200 et 300 manifestant·es se sont réuni·es au Miroir d’eau, à 15h, à l’appel du groupe Urgence Palestine Nantes. Malgré la lassitude et le désespoir de certain·es qui perdent espoir en l'obtention d'un cessez-le-feu immédiat en Palestine et de sanctions contre Israël, des militant·es pro-Palestine, communistes, de la France Insoumise, de l’association France Palestine Solidarité continuent de manifester.

Après plus d’un an de mobilisation contre les attaques israéliennes en Palestine, suite aux massacres du 7 octobre 2023 par le Hamas, Urgence Palestine Nantes continue de rassembler de nombreux·ses militant·es. Salwa, membre palestinienne du groupe, estime que depuis quelques mois, environ 200 à 300 personnes participent aux manifestations pour la libération de la Palestine, même si ce nombre avait atteint jusqu’à 2000 participant·es par le passé. Elle souligne également que de nombreux·ses manifestant·es se connaissent personnellement et se rassemblent à chaque manifestation pour faire entendre leur voix.

Les manifestant·es, accompagné·es de leur drapeau palestinien, se sont regroupé·es autour du groupe Urgence Palestine Nantes au Miroir d’eau. 26/10/2024 @amelie_ptrr

« Notre choix, même dans le désespoir, c’est de résister »

Malgré les vacances scolaires, Salwa explique que le groupe continue « de voir les mêmes personnes, présentes avec nous depuis un an ». Finalement, ce qui ressort le plus des manifestant·es, c’est leur engagement indéfectible en faveur de la cause palestinienne. Les manifestant·es se reconnaissent dans le discours des membres palestiniens d’Urgence Palestine Nantes, directement touché·es par les attaques contre leurs familles en Palestine. Une manifestante, présente depuis un an, souligne que malgré que les militant·es portent leur voix de manière paisible, celle-ci reste souvent inaudible. Elle insiste donc sur l’urgence de leur lutte, celle de ne pas laisser tomber les Palestinien·es : « Les opprimés n’ont pas le choix. Cependant, notre choix, même dans le désespoir, c’est de résister ». Les manifestant·es considèrent leur mobilisation comme un acte de résistance face à l’indifférence des médias et des gouvernements.

La lassitude a malgré tout gagné certains manifestants

« Ça fait beaucoup, beaucoup trop de fois » souligne Alain Gripoix concernant sa participation depuis le début aux manifestations organisées par Urgence Palestine Nantes. Étant militant pour la France Insoumise, il déplore malgré tout une baisse de participant·es qui dépend en fonction des périodes de vacances mais c’est surtout une « fatigue réelle » qui s’est installée parmi les manifestant·es . C’est de la « lassitude » que ressentent certain·es qui « jettent l’éponge ». Des voix s’éteignent, se sentant impuissant et frustré de voir que rien ne se passe. Le manifestant constate que les attaques en justice comme celles prises par la Cour internationale de justice contre Netanyahou n’ont aucun impact. « Israël s’en fout royalement » et continue « sans vergogne » ses attaques envers ceux qui se dresseront contre eux.

D’autres formes de mobilisation au sein du groupe

Les membres d’Urgence Palestine Nantes invitent les manifestant·es, lors des rassemblements, à contribuer financièrement pour la cause palestinienne, notamment par l’achat d’articles personnalisés. Mais leur mobilisation ne s’arrête pas là puisque le groupe organise également des événements solidaires visant à collecter des fonds, comme celui de samedi dernier sous les Nefs. Avec le soutien du groupe Artists Against Apartheid, Urgence Palestine Nantes « organise une fois par mois des soirées pour soutenir la Palestine dans les bars de Nantes » explique Salwa, comme l’événement qui a eu lieu au 44 Tours début octobre. Elle considère que ces événements permettent à chacun et chacune de contribuer selon leurs moyens, que ce soit en cuisinant, en proposant des prestations de tatouage, de henné, et bien plus encore.

Vivant dans plusieurs villes à la fois, Amélie est tombée cet été sous le charme de Nantes, qu’elle apprécie pour ses lieux culturels parfois insoupçonnés.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017