24 avril 2024

Les Vulves Assassines au Ferrailleur : “On se définit comme un groupe militant, à la fois féministe et marxiste.”

A la fin du mois de mars, le groupe des Vulves Assassines était à Nantes, au Ferrailleur, pour deux dates affichant "complet". L'occasion pour ce groupe militant de parler de leur engagement au micro de Fragil.

Les Vulves Assassines au Ferrailleur : “On se définit comme un groupe militant, à la fois féministe et marxiste.”

24 Avr 2024

A la fin du mois de mars, le groupe des Vulves Assassines était à Nantes, au Ferrailleur, pour deux dates affichant "complet". L'occasion pour ce groupe militant de parler de leur engagement au micro de Fragil.

En ce vendredi après-midi, Fragil a rendez-vous sur la terrasse du Ferrailleur avec DJ Conant, MC Vieillard et Sammy, les trois membres des Vulves assassines, juste avant le début de la première de leurs deux dates dans la cité des Ducs.

de gauche à droite : Sammy, DJ Conant et MC Vieillard, les trois membres des Vulves Assassines ©ju_dcntz

Dj Conant nous raconte brièvement la genèse du groupe : “Alors à la base, on avait pas du tout l’intention ni de faire de la musique ni de faire un vrai groupe, on voulait se marrer entre copines et ça nous a un peu rattrapé”.
Au départ vu comme un loisir créatif, les paroles militantes sont venues s’ajouter naturellement sur leur musique : “Quand tu prends une feuille de papier, ça vaut le coup de réfléchir deux minutes à ce que tu racontes. […] Les autres c’est pas qu’ils ne réfléchissent pas, c’est qu’ils préfèrent ne pas se mouiller. Nous on a profité de ça [Les Vulves Assassines] comme un média.” complète MC Vieillard.

“On se définit comme un groupe militant, à la fois féministe et marxiste.”

Chanteuses, elles ne l’ont pas toujours été, mais militantes oui. Maintenant, elles comptent bien rester les deux jusqu’à la mort. “On a même prévu un groupe pour nos vieilles années, pour aller jouer dans les maisons de retraites” nous confie DJ Conant.

Nous leur avons ensuite demandé de revenir sur leur passage au Hellfest l’an dernier, où elles ont joué tous les jours dans la cage de la Hellstage.
Bien conscientes d’avoir été la caution féminine du festival, elles y ont d’abord été à reculons avant de se réjouir de l’expérience : “Ça a vraiment été une super bonne idée d’aller là-bas, d’une part pour le public qui aime le métal et qui n’est pas forcément à côté de la plaque politiquement, voir qui est complètement en phase avec ce que l’on défend.” Nous répond DJ Conant. Pour elle, dans le militantisme c’est parfois bien de rester entre-soi, mais il ne faut pas avoir peur d’aller confronter ses idées sur le terrain.
MC Vieillard conclura sur le sujet : “Ce festival est contestable, mais tous les gros monstres de la culture qui passent exactement les mêmes têtes d’affiche le sont aussi … Ça écrabouille tous les petits festivals à côté.”

Les Vulves assassines au Hellfest 2023 ©Bastien Lebreton

Au sujet du concours de remix de leur titre le plus connu à ce jour “La retraite”, qu’elles ont organisé pendant le mouvement contre la réforme des retraites, afin de récolter des fonds pour la caisse de grève de la CGT : “Franchement, c’était super chiant” nous répondent les deux chanteuses en riant.
Une bonne expérience, mais un travail laborieux entre l’écoute et le choix dans la quarantaine de versions reçues puis le calcul des revenus par stream auprès de la SACEM, pour une récolte de … 250 euros. Pour DJ Conant il n’y a pas de secret, la meilleure chose à faire, « c’est d’adhérer directement à la CGT ».

Nous les quittons en leur demandant leurs projets pour la suite, un an et demi après la sortie de leur dernier album : “On y travaille, Das Kapital c’était l’album de la maturité, et là on fait l’album de la légende. On a des fulgurances créatives, on s’est vues 3 jours et demi pour taffer sur le prochain album, on a fait 8 nouvelles chansons ! Je crois qu’on a un meilleur ratio que JUL” nous répondent MC Vieillard et DJ Conant sous les rires de Sammy.

Le Ferrailleur, complet par deux fois

Ce samedi 30 mars, le ferrailleur et ses 280 places affichent complet pour cette deuxième date consécutive des Vulves Assassines à Nantes.

TedaAk, première partie des Vulves Assassines pour leurs deux dates nantaises ©ju_dcntz

TedaAk, s’occupe de chauffer la salle avec sa “Techno-Punk” aux paroles engagées. Si comme nous avant ce concert, vous ne le connaissez pas, foncez découvrir cette pépite de la scène nantaise.
Les Vulves Assassines enchaînent ensuite dans la même énergie, les stickers CGT sont très vite sortis et le public reprend en chœur ”La retraite” ou “Le préfet”, des sons notamment devenus célèbres en manifestation. Mais l’apogée du concert sera sans doute le moment où la foule est scindée en deux avec la bourgeoisie d’un côté, faisant face au prolétariat de l’autre, avant que la plus équilibrée des luttes des classes ne commence au son de “Das Kapital”, sous forme de pogo.

Les Vulves Assassines au Ferrailleur, le samedi 30 mars 2024 ©ju_dcntz

Comme quoi, le message militant n’est que plus audible quand la forme y est.

 

Instagram TedaAk : https://www.instagram.com/tedaak_/

Instagram Les Vulvles Assassines : https://www.instagram.com/vulves_ass/

Originaire de Normandie, Bastien a grandi dans le vignoble nantais. Après des premiers pas en médecine, c’est finalement vers des études de géologie qu’il se dirige. Passionné du vivant et de la terre (il avoue avoir une collection de pierres depuis tout petit !), Bastien ressent le besoin de s’engager pour penser et changer le monde de demain.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017