Gilmore Girls, série-culte produite entre 2000 et 2007, reprend du service ce week-end sur Netflix après neuf ans d’interruption. Fragil vous explique pourquoi ces quatre épisodes, qui donnent enfin le director’s cut à la créatrice Amy Sherman-Palladino, sont une excellente nouvelle…
Plantons le décor : une mère, working girl hilarante et spirituelle mais accro au café, une fille angélique, rat de bibliothèque qui se destine à Harvard, et en toile de fond une petite ville du Connecticut et ses habitants toujours en marge du réel, mis en scène dans des situations absurdes souvent dignes de comédies (musicales) complètement dingues. Le patron de diner pourfendant la malbouffe, la prof de ballet fumant comme un pompier, le réceptionniste (français) le plus odieux du monde, le maire grincheux auteur des festivités les plus ringardes ou encore l’antiquaire psychorigide dure en affaires.
Dans Gilmore Girls, il y a le mot « girls ». Oui. Mais est-ce pour autant une série pour les filles? Non.
Oui dans le sens où trois générations de filles Gilmore se croisent, se soutiennent et se déchirent.
Non dans le sens où la richesse des personnages et des situations farfelues font de Gilmore Girls une œuvre drôle, décalée et définitivement pop, apte à captiver n’importe quelle audience.
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Sur ce dernier point, le débit de parole des personnages est aussi important à maintenir que la régularité du name dropping. Cinéma, littérature, télé, danse, mythologie, théâtre,… les personnages jusqu’aux plus austères saisissent toutes les occasions pour placer des références à la culture au sens large du terme. L’apparition de Sofia Coppola dans la série des Parrain, les conseils de femme d’intérieur de Martha Stewart, les personnages de Tarantino ou du Seigneur des Anneaux, l’œuvre de la poétesse Sylvia Plath ou de Jack Kerouac, les numéros du Cirque du Soleil…Mais parmi ce foisonnement de titres, parfois classiques, parfois obscurs, c’est bien la sélection musicale exigeante qui réjouit. Le pilote s’ouvre sur There she goes des La’s et puis…se procurer le dernier disque de Belle and Sebastian malgré les foudres d’une mère qui considère le rock comme le mal incarné, graver l’indispensable Funeral d’Arcade Fire, assister au concert des Bangles ou des Shins (special appearances), téléphoner sur fond de Cornershop, arborer des stickers des Smiths sur son panier à linge ou hocher de la tête au rythme de Suffragette City de Bowie. Quelle série peut se targuer de faire apparaître dans nombre d’épisodes un troubadour qui, avec sa guitare et ses ballades, rythme la vie des habitants de Stars Hollow ? Point d’orgue de l’hommage musical que constitue la série : l’invasion de la petite ville tranquille par de nombreux chansonniers qui empoignent leurs instruments pour enchanter la vie. Les guests, crème de la scène rock indé, s’appellent Grant Lee Phillips, Sonic Youth et Yo La Tengo, et incarnent toute la richesse d’une série qui a su marier avec brio exigence artistique et succès populaire.
Sandrine Lesage / Novembre 2016