13 juillet 2021

Lutte contre les violences faites aux femmes : un projet inédit mené avec 4 collèges de la métropole

Financé par le Conseil Départemental, un projet pour sensibiliser les plus jeunes aux violences faites aux femmes a été animé par l'association Fragil auprès de 4 collèges. L'animatrice de l'association est intervenue dans des classes de 4ème et 3ème afin de les accompagner dans la production de contenus journalistiques dédiés à cette thématique.

Lutte contre les violences faites aux femmes : un projet inédit mené avec 4 collèges de la métropole

13 Juil 2021

Financé par le Conseil Départemental, un projet pour sensibiliser les plus jeunes aux violences faites aux femmes a été animé par l'association Fragil auprès de 4 collèges. L'animatrice de l'association est intervenue dans des classes de 4ème et 3ème afin de les accompagner dans la production de contenus journalistiques dédiés à cette thématique.

Entre novembre 2020 et avril 2021,  l’association Fragil a animé dix heures d’ateliers dans quatre collèges de la métropole nantaise. Ces projets ont été financés par le Conseil Départemental de la Loire Atlantique afin de lutter contre les violences faites aux femmes. L’association s’est donc rendue auprès de classes de 4ème et 3ème, chronologiquement dans les collèges Ernest Renan de Saint-Herblain, Chantenay et Simone Veil de Nantes et Jean Rostand d’Orvault. À l’issue de ces ateliers, quatre contenus ont été produits par les élèves sur différents supports, de Youtube aux affiches en passant par Instagram et des podcasts audio.

Une thématique qui fait réagir

Ce projet insufflé par le département a été l’occasion pour Fragil de se pencher sur une nouvelle thématique : les violences faites aux femmes. Le but étant pour l’association de présenter cette thématique à travers des ateliers d’éducation aux médias. Chaque classe a donc pour objectif de construire un contenu qui traite des ces violences tout en appliquant des techniques journalistiques telles que la recherche d’information, la vérification des sources, l’interview ou la photo. Chaque classe rencontrée a pu participer à un temps de réflexion autour des violences faites aux femmes puis à la création de contenu sur le média choisi par les élèves.

Atelier « autour du mot » qui permet d’établir une définition.

Atelier « autour du mot » réalisé dans un deuxième collège.

Face à cette thématique habituellement peu abordée en classe, l’animatrice de Fragil a proposé un temps de discussions et de partages de connaissances pendant les deux premières séances. Les élèves, qu’ils soient déjà alertés sur ce thème ou qu’ils remettent en cause sa pertinence, se sont montrés pour la majorité très impliqués et curieux. Tous et toutes ont pu évoquer un mot ou un groupe de mots en lien avec les violences faites aux femmes (voir photos ci-dessus), une thématique dont personne ne semblait ignorer l’existence. Pour certains élèves, des garçons, il a fallu revenir sur l’intérêt de parler de ces violences et discuter ensemble de l’intérêt de ce sujet, volontairement centré sur les femmes. Chaque classe a ainsi été scindée en une multitude de groupes de trois à quatre élèves, afin de simplifier la production de contenu et d’encourager leur implication.

Exemples de contenus informatifs proposés aux élèves du collège Jean Rostand.

Exemple d’ouvrage proposé aux élèves au collège Simone Veil.

Une production journalistique laborieuse

Le projet, élaboré par l’association Fragil, a été mis en place dans quatre collèges de la métropole nantaise. Une disparité de niveau et de moyens a pu être observée dès les premières séances de création de contenus. L’animatrice de l’association a donc adapté le déroulé de ses séances afin que les élèves puissent arriver à produire un contenu à la fin du projet. Malgré une participation active des élèves et de leurs professeurs, il a parfois été difficile d’aboutir à un projet entièrement terminé. Les confinements successifs et des difficultés internes à certains collèges font partie des écueils rencontrés, rendant le projet d’autant plus laborieux à mener.

Affiches issues de l’exposition des élèves du collège Jean Rostand.

Pour chaque classe concernée par le projet, les élèves ont pu soumettre leurs idées de sujets à traiter et le média qu’il souhaitait favoriser. Par un système de vote, les élèves se sont mis d’accord pour un thème commun à la classe, chaque petit groupe pouvait ensuite travailler sur un « sous thème » de manière indépendante. La classe de 4ème du collège Ernest Renan a ainsi choisi le thème de l’égalité filles-garçons au collège, les élèves du collège de Chantenay ont décidé de parler du harcèlement de rue à Nantes, ceux du collège Jean Rostand ont choisi le thème du sexisme, enfin les jeunes du collège Simone Veil sont restés sur le thème du projet, les violences faites aux femmes.

 

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par EgaliteHF_Renan (@egalitehf_renan)

Publication sur le compte Instagram « EgaliteHF_Renan » créé par les élèves du collège Ernest Renan de Saint-Herblain.

La majorité des groupes d’élèves a pu produire un contenu journalistique, qu’il ait été publié ou non. D’un établissement à un autre les élèves ont démontré une motivation plus ou moins forte. Au thème particulièrement sensible s’est ajouté la contrainte d’une production journalistique rigoureuse. Écrire un court article, réaliser des interviews, vérifier ses sources, produire un podcast ou une vidéo font partie des pratiques mises en place par les élèves et leurs professeur.es dans les classes rencontrées. Malgré des difficultés liées à un manque d’intérêt ou à une découverte de ces pratiques, les élèves ont majoritairement joué le jeu et pris du plaisir dans la création de ce projet.

Un bilan positif

Malgré une mise en place parfois laborieuse, le projet mené sur quatre collèges demeure parmi les plus riches réalisés par l’association Fragil. Pour une première mise en place, l’animatrice de l’association a pu découvrir le regard d’adolescent.e.s sur cette thématique des violences faites aux femmes. Des avis souvent tranchés, parfois engagés pour lutter contre ces formes de violences, qui ont permis dans chaque classe de faire avancer le projet et d’engager des discussions entre élèves.

La classe de 3ème du collège Jean Rostand d’Orvault a notamment utilisé ce projet pour faire ressortir certains comportements problématiques au sein de leur classe et plus largement au sein du collège. Soutenues par la CPE et la professeure de français, certaines élèves ont témoigné de gestes et propos sexistes au sein de leur classe, ce qui a provoqué l’organisation par Fragil, d’une séance de travail en non mixité. Chacun.e de leurs côtés, garçons et filles ont été amenés à témoigner de leur vécu au collège mais également à établir une échelle d’acceptabilité des agressions avec un curseur allant de « toléré » à « inacceptable ». Cette séance particulière n’était pas prévue dans le déroulé du projet mais a participé à la libération de la parole et de l’écoute entre élèves, le personnel de l’établissement a également été informé de divers comportements graves.

 

Échelle des gestes et paroles classés du plus au moins acceptable lors d’un séance avec les élèves du collège Jean Rostand.

Dans les quatre classes rencontrées le sujet des violences faites aux femmes a permis d’ouvrir le dialogue entre élèves. A leur échelle, les élèves ont notamment témoigné de comportements sexistes au sein de leurs établissements. Les différents ateliers ont également permis à certains garçons de se rendre compte de ce que pouvait vivre leurs homologues féminines au collège ou en extérieur. Certains sont allés plus loin en s’interrogeant sur leur propre comportement, « quelques garçons ont signalé qu’ils auraient bien aimé savoir comment se comporter avec les filles » nous confie une professeur de français. Une succession de discussions et d’actes qui n’avait pas été imaginés par l’animatrice de Fragil ou les professeur.e.s des différents collèges mais qui les a conforté dans la nécessité de poursuivre ce type de projet.

Pour Fragil, répondre à cet appel à projet était un défi. Après une quarantaine d’heures d’ateliers et de travail journalistique, le bilan est très positif même si tous les projets n’ont pas été terminé. Pour les élèves de Simone Veil, ces ateliers ont été « le projet qui les a plus marqué de l’année, d’apèrs leur professeur de français. Évoquer les violences faites aux femmes avec un public aussi jeune et ouvert constitue déjà un pas vers la lutte contre ces violences.

Extraits des contenus réalisés par les élèves des quatre collèges :

Tract réalisé par des élèves du collège Jean Rostand.

Capture d’écran du compte Instagram « EgalitéHFRenan » créé par les élèves du collège Jean Rostand.

Série de podcasts créée par les élèves du collège Simone Veil :

 

Article publié sur format papier Le Monde des Ados par la journaliste Elsa Gambin :

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017