3 décembre 2024

Malik Djoudi à la Bouche d’Air: « La fragilité pour moi c’est être dans l’instantané »

Malik Djoudi s’est produit à la Bouche d’Air ce 26 Novembre 2024. Le concert affichant complet, c’est plus de 500 nantais·es qui se sont rejoint·es le temps d’une soirée. L'artiste est est en tournée dans toute la France pour porter les couleurs de son quatrième disque "Vivant" sorti en septembre 2024.

Malik Djoudi à la Bouche d’Air: « La fragilité pour moi c’est être dans l’instantané »

03 Déc 2024

Malik Djoudi s’est produit à la Bouche d’Air ce 26 Novembre 2024. Le concert affichant complet, c’est plus de 500 nantais·es qui se sont rejoint·es le temps d’une soirée. L'artiste est est en tournée dans toute la France pour porter les couleurs de son quatrième disque "Vivant" sorti en septembre 2024.

À l’occasion de son passage à Nantes pour la promotion de son quatrième album, Fragil est allé à la rencontre de Malik Djoudi. Il va être temps de se changer et de prendre des forces avant de monter sur la scène de la Bouche d’Air, ce 26 novembre. Malik Djoudi prendra quand même le temps de venir à notre rencontre pour répondre à nos questions. C’est tout en simplicité que cet artiste se présente. Auteur, compositeur et interprète, Malik Djoudi est un artiste français mêlant pop et électro. Après plusieurs années au sein de différentes formations musicales, c’est en 2017 que cet artiste débute sa carrière solo. Au cours de sa carrière, il s’est notamment fait connaître à travers le titre Point Sensible en collaboration avec Lala &ce. Il a également pu collaborer avec des artistes tels que Juliette Armanet, Etienne Daho ou encore Philippe Katerine.

Comme sur un fil un peu dangereux 

Fragil : En écoutant ta discographie j’ai découvert un univers doux et sensible. D’ailleurs c’est ce premier mot qui m’est venue à l’esprit, sensible, après ma première écoute de ton album. Pour commencer j’aimerais que tu me parles de la place qu’à la fragilité dans ta musique. 

Malik Djoudi : La fragilité pour moi c’est être dans l’instantané, arriver comme on est. Plus jeune, j’aimais bien ne pas me chauffer la voix pour qu’elle reste fragile, comme sur un fil un peu dangereux. J’aime ne pas être dans la perfection et ne pas la chercher, je la trouve belle cette fragilité. Elle peut être dure à atteindre parce que ça ne se répète pas sinon ça deviendrait moins naturel. 

Réussir à se poser moins de questions

Sur la pochette de ton dernier album, on te voit courir vers la lumière, sortir d’une obscurité profonde. Tu sembles courir sans perdre haleine, un sourire au visage. On pourrait l’interpréter en ce demandant si ce n’est pas une représentation du passé et du futur. As-tu le sentiment d’avoir un besoin de rattraper le temps perdu ? 

Malik Djoudi : J’ai plus l’impression d’avoir perdu du temps à me poser trop de questions sur des choses, parfois futiles. Je sais que je ne rattraperais pas le temps. Maintenant j’ai juste envie d’avancer dans la vie en me prenant moins la tête. Même si le monde qui nous entoure n’est pas facile, je me sens privilégié d’habiter dans ce pays même si c’est la merde. Je veux bien laisser mes petits problèmes de côté. 

Tu nous as confié dans une autre interview avoir été un grand mélancolique mais que tu l’es de moins en moins. Comment certaines barrières ont-elles pu tombés ? 

Malik Djoudi : Je ne sais pas vraiment faire des musiques joyeuses, il reste toujours un peu de mélancolie en moi. Aujourd’hui’ j’ai envie d’aller vers plus de lumière, d’éclats, de couleurs et ça va avec mon état d’esprit. J’ai l’impression que je fais ma musique et qu’elle m’aide à avancer. C’est un peu un dialogue entre nous. Je pense aller de mieux en mieux donc ma musique aussi, elle est plus ouverte moins mélancolique. 

« Je joue toujours avec mes jouets d’enfant »

Dans le clip du morceau Vivant, on y voit un jeune garçon, protagoniste du clip. Si nous sommes bien attentif, on te voit à deux reprises dans ce clip. Une première fois à travers une paire de jumelles, ce jeune homme t’observe. Puis à ton tour tu observes ce jeune garçon sur son vélo. Quel rapport as-tu à ton toi enfant ? 

Malik Djoudi : Je veux toujours faire en sorte que l’enfant que j’étais soit content de qui je suis aujourd’hui. Je garde toujours cet enfant en moi, il est toujours là. Je ne pense pas avoir changé d’état d’esprit de quand j’étais enfant et ça,  j’en suis bien content. C’est peut-être aussi pour ça que je joue de la musique. Je joue toujours avec mes jouets. J’ai eu une enfance extraordinaire. J’ai été élevé par ma mère et ma grand-mère vietnamienne. J’ai ce sentiment de venir d’ailleurs. 

Une salle comblée

C’est une salle comblée qui ressort du Pannonica. Dehors, malgré la pluie, les gens discutent, rigolent et partagent leurs avis. Malik Djoudi aura su ramener un peu de soleil au ciel gris de Nantes. Il continue sa tournée dans toute la France jusqu’en novembre 2025.

Nouvelle plume de Fragil, Camille est une récente néo-nantaise. Choletaise d’origine, Camille quitte sa ville natale à 18 ans, multiplie les allers-retours entre Cholet, Nantes et Rennes. Elle suit des études dans le social (monitrice-éducatrice), travaille en internat, enchaîne les contrats dans les bars. Nantes est désormais son QG avec à la clé une formation à Arinfo.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017