“Ce que je veux présenter, c’est pas une image ou un personnage, c’est vraiment ce que je ressens dans mes chansons”. Jeune artiste nantaise, Amankaya utilise son vrai prénom pour se présenter au public. Initiée très jeune à la musique par son père, qui lui a appris à jouer de la zampoña (une flûte de pan d’origine andine), elle apprend également à jouer du piano auprès d’une professeure inspirante.
Danseuse pendant plusieurs années, elle est revenue à la musique au moment de la crise du Covid et sort son premier projet MAMANI le 17 Novembre 2023.
“J’ai un petit carnet où j’écris toutes mes phrases de la vie et, une fois que j’ai une mélodie qui m’inspire, j’essaie de poser cette vision [dessus]”
Au cours de cet EP, elle porte, en espagnol, un message de “retour à l’essentiel”, à la culture bolivienne dont elle a hérité de son père (lui aussi musicien).
Le projet, initié depuis plusieurs années avant sa sortie, a beaucoup évolué depuis ses débuts. Amankaya parle de son voyage récent de 3 mois en Bolivie, et de l’inspiration qu’elle y a trouvé au fil des rencontres qu’elle y a faites.
Cielo Oscuro, par exemple, parle des sentiments liés au deuil et évoque le fait que les défunts laissent toujours un souvenir fort d’eux à leurs proches. Ce morceau lui a beaucoup été inspiré par son échange avec une commerçante de salchipapa (de la street-food bolivienne), qui lui racontait la perte de son mari et sentait encore sa présence dans le ciel.
“Je veux de l’instrument, je ne veux pas que du synthé”
Pour son EP, Amankaya s’est entourée de plusieurs musiciens guitaristes aux styles et influences très différents : un guitariste d’origine bolivienne, un guitariste de Flamenco, et un guitariste de Jazz Manouche. “Les trois font de la guitare mais les trois font des variantes complètement différentes”. À ses côtés, également, se retrouvent deux de ses amis d’enfance d’origine bolivienne : un joueur de Quena (instrument à vent de la famille des bois) et de zampoña (type de flûte de Pan d’origine Andine), ainsi qu’un joueur de Charango (petite guitare Andine inspirée des instruments des colons espagnols du XVIe siècle).
“Je pense qu’aujourd’hui il faut profiter de cette mixité culturelle”, confie-t-elle en expliquant les origines de certains de ces instruments typiquement issus de la colonisation des Andes par les Espagnols. Elle rappelle “qu’il y a eu énormément de mal qui a été fait [par la colonisation], dans le passé”. Se considérant héritière à la fois du “côté envahisseur et du côté envahi”, elle explique qu’elle “n’a pas envie de rester dans cette confrontation”, et que “aujourd’hui, il faut créer un nouveau départ sur tout ça : il y a du mauvais mais aussi du bon qui a été créé”.
“Au sujet des instruments, par exemple (Quena et Charango), on aurait jamais eu une évolution aussi importante s’il n’y avait pas eu cette fusion de cultures”.
“Le studio, quand tu es perfectionniste, peut te pousser à donner 100% parce que tu sais qu’après tu as 1 version que les gens écoutent et réécoutent.”
La production de MAMANI est également le fruit de sa collaboration avec Tamisée, un studio de prod musicale et de direction artistique nantais.
Avant de publier un morceau, Amankaya travaille son chant et recherche ses mélodies en amont. Ensuite, elle les enregistre en studio et s’inspire des connaissances de Philémont, son ingénieur son, pour les peaufiner et les structurer davantage à la manière d’une bande originale de film que d’un morceau classique “intro-refrain-couplet-refrain”.
“Dans ma mentalité il faut que ça soit parfait”, explique-t-elle au sujet de leur séances de travail en studio. Ses morceaux évoluent donc beaucoup entre le premier jet et la version finale. “Les ingés son, c’est des magiciens de fou et lui (Philémont), c’est un des meilleurs que je connaisse”.
Si elle devait ne faire découvrir qu’un seul morceau de son EP, Amankaya choisirait Tu Reflejo. “De toutes les compositions que j’ai pu faire dans ma vie, c’est ma toute première et c’est celle dont je suis la plus fière aussi. Elle m’a permis de dévoiler mes sentiments auprès de mon père et auprès de moi-même”.
“Je préfère la scène au studio”
Avec cet EP, Amankaya considère avoir posé les bases de sa vision artistique. Pour la suite, elle dit avoir un peu de mal à se projeter. Elle aspire à donner à sa musique une plus grande portée internationale, tout en étant consciente que ça nécessite du temps et du travail.
“J’ai une vision assez claire. Après, comment ça va se faire et se développer ? Ça prendra la tournure que ça prendra”.
“Là, j’ai envie de développer le côté scénique” ajoute-t-elle. “En me basant sur MAMANI, j’ai envie de créer un show entier ou je pourrai partager ce côté culturel”. Elle explique : “Je pense énormément que c’est toutes les décisions du passé qui font que je suis cette personne là. Que ce soit mes décisions, celles de ma mère ou celles de mes ancêtres encore avant. C’est tout un ensemble. J’aimerais bien partager cette vision là sur scène”.
“J’aime bien quand ça danse, j’aime bien quand ça vibe. J’aimerais bien créer quelque chose de très dynamique et en même temps très profond, une intimité où on se sentirait bien”
Pour le mot de la fin, Amankaya nous dit “Je pense que c’est important de soutenir les artistes qu’on aime et qui sont proches de nous. Pas par rapport à moi, je parle vis-à-vis des artistes que je connais autour de moi et qui mériteraient mille fois plus de soutien que ce qu’ils ont. C’est important de donner de la force”.
Elle nous confie également ses coups de cœurs artistiques récents : cette vidéo du danseur Sean Lew et du chorégraphe Zoï Tatopoulos, pour son univers macabre, malaisant mais, malgré tout, fascinant et dont elle admire la liberté artistique; et également les projets Mocha et Mocha Venti de son ami IPNDEGO, originaire de Nantes, à propos duquel elle dit “Mélodiquement, le gars est une bête”.
Liens externes :
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