16 décembre 2024

Manifestation contre le Rassemblement National à Orvault : entre tensions et revendications

Samedi 14 décembre, environ 150 manifestant.e.s se sont rassemblé.e.s à Orvault pour protester contre une réunion publique du Rassemblement National. Malgré l’absence de l’eurodéputée Angeline Furet, le rassemblement a été marqué par un important dispositif policier, des violences, et six interpellations.

Manifestation contre le Rassemblement National à Orvault : entre tensions et revendications

16 Déc 2024

Samedi 14 décembre, environ 150 manifestant.e.s se sont rassemblé.e.s à Orvault pour protester contre une réunion publique du Rassemblement National. Malgré l’absence de l’eurodéputée Angeline Furet, le rassemblement a été marqué par un important dispositif policier, des violences, et six interpellations.

Le samedi 14 décembre 2024, une mobilisation s’est tenue à Orvault, près de Nantes, pour protester contre la venue d’Angeline Furet, eurodéputée du Rassemblement National (RN). L’événement, relayé sur les réseaux sociaux et par les collectifs et syndicats locaux, a réuni une centaine de personnes.

Une résistance antifasciste active

La mobilisation s’inscrivait dans un contexte de contestation croissante face à la volonté du Rassemblement National (RN) de s’implanter localement. Après la venue de Sébastien Chenu à Vertou il y a quelques semaines, c’était au tour de l’eurodéputée Angeline Furet de vouloir tenir une réunion publique à Orvault. Son absence pour cause de maladie n’a pas empêché les manifestant.e.s de maintenir leur mobilisation, soulignant une détermination à s’opposer au projet politique qu’iels qualifient de « mortifère ».

Ségolène Amiot (LFI), députée de la troisième circonscription de Loire Atlantique, discute avec deux manifestantes.

Ségolène Amiot, députée de La France Insoumise (LFI) et fervente opposante au RN, était présente lors de la manifestation. Elle a déclaré : « ça me parait totalement inadmissible de laisser un meeting de l’extrême droite se tenir dans notre région, n’importe où d’ailleurs. Aujourd’hui on a développé un dispositif massif sur les deniers de l’Etat, c’est de l’argent public. Il y a au moins trois compagnies de CRS, un camion à eau et même un drone ». La CRS82, inaugurée l’année dernière à Saint Herblain et créée sur le modèle de la CRS8 spécialisée dans le maintien de l’ordre, a également été déployée.

Le cortège était composé de citoyen.e.s, de militant.e.s associatifs, de syndicats et de collectifs écologistes. Des pancartes affichant des messages tels que « No pasaran » ou encore « Pas de fachos dans nos quartiers » étaient visibles.

Une fin de manifestation sous tension

Après la charge policière initiale, les manifestant.e.s ont tenté de se disperser pour éviter d’autres affrontements. Toutefois, leur repli a été suivi par un encerclement par les forces de l’ordre. Une nasse a été mise en place, retenant environ 50 personnes, fouillées et identifiées. Les manifestant.e.s dénoncent des violences lors de ces interpellations, notamment un poignet violemment tordu chez un participant.

Présence d’un tireur de précision parmi l’unité de CRS qui encercle les manifestant.e.s.

Loris Visonneau, étudiant en master, raconte son expérience : « C’est la première fois que je me fais nasser. J’ai préféré donner mon identité par peur d’être embarqué. On s’est fait violenter pour rien. J’ai pris un coup de matraque alors que j’étais de dos. » Six personnes ont été arrêtées, puis relâchées le lendemain avec des convocations au tribunal.

L’avenir de la lutte

Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte où l’extrême droite cherche à renforcer sa présence dans l’Ouest de la France, une région traditionnellement réfractaire à ses idées. Pour les organisateurices, cet événement marque le début d’une vigilance accrue face à la montée des discours de haine et des idéologies excluantes.

Les manifestant.e.s rejoignant le centre après avoir voté la fin de la manifestation.

 

En dépit des tensions, cette mobilisation a réaffirmé les valeurs de solidarité et d’engagement citoyen qui caractérisent la région nantaise.

Plus vite, plus fort, et à plus grande échelle : c’est dans l’idée de se construire comme journaliste et faire porter la voix des autres qu’elle a rejoint Fragil.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017