Le rendez-vous était fixé à 15h00, place du Bouffay. En attendant les prises de parole des militant·e·s et des personnes exilées, une chorale entonne un chant bulgare, aux pieds de la statue de Philippe Ramette. De nombreuses banderoles sont déployées, réclamant notamment la régularisation immédiate et sans condition de toutes les personnes sans-papiers, l’accès au logement mais aussi la fermeture des Centres de Rétention Administrative.
Un combat de longue haleine
La première prise de parole de l’après-midi est une lecture à deux voix faite par un militant et une personne exilée. Le texte a été rédigé par le Collectif des Sans-Papiers de Nantes et rappelle les conditions de vie extrêmement difficiles des personnes sans-papiers, réclamant la prise en considération des droits fondamentaux de ces dernières.
Plusieurs personnes exilées vont prendre la parole par la suite, chacune livrant à sa manière son ressenti et son vécu depuis l’arrivée en France. Le premier homme qui s’exprime, un peu timidement, remercie de l’aide et du soutien apportés par les associations, les bénévoles et les militant·e·s depuis son arrivée en France, il y a deux ans. Ces remerciements sont également exprimés par la personne qui lui succède, auxquels s’ajoute la demande d’obtenir l’autorisation de travailler :
« On demande pas beaucoup de choses, on demande juste l’autorisation de travail, parce qu’il y a beaucoup d’exploitation ici. On vit dans l’humanité, on a le droit à la dignité. »
La régularisation et l’accès à l’emploi reviennent également dans les prises de paroles suivantes, pour pouvoir « vivre comme les autres » et faire vivre sa famille, comme l’explique cet homme père de 4 enfants, en France depuis plus de 3 ans. L’absence de papiers génère des situations particulièrement précaires, comme en témoigne la personne suivante : venue en France avec sa fille très malade, elle se retrouve en situation irrégulière, et par conséquent sans logement et sans ressources. Elle exprime ses remerciements aux personnes présentes au rassemblement, mais aussi sa détresse :
« Ma fille souffre et moi je souffre avec elle. Si je quitte la France, je condamne ma fille! »
Pour la reconnaissance des droits fondamentaux
Après les prises de parole, une marche est lancée en direction de la Préfecture, dans une ambiance plutôt joyeuse et détendue malgré la gravité des situations vécues par l’ensemble des personnes exilées. Les slogans réclamant des papiers, ainsi qu’un travail et un logement, sont scandés tout au long de la marche. À la tête du cortège d’environ 400 personnes, les personnes exilées invitent les passants à rejoindre le mouvement, précisant qu’il s’agit d’une manifestation non-violente.
À l’arrivée à la Préfecture, l’institution responsable de la délivrance des titres de séjour et des papiers d’identité, de nouvelles prises de parole rappellent les revendications des personnes exilées concernant le respect de leurs droits fondamentaux, notamment à l’approche de la fin de l’état d’urgence sanitaire prévue le 10 juillet :
« On espère que ce moment va être l’occasion de poser un premier geste fort, il faut s’attendre à des expulsions et à [devoir] revendiquer des logements! »
Les banderoles sont accrochées à l’entrée du bâtiment, puis le cortège reprend sa route en direction du Conseil Départemental de Loire-Atlantique, chargé notamment de la protection des personnes exilées mineures et plusieurs fois condamné pour manquements à cette mission. La marche emprunte ensuite le Cours Saint-Pierre, au cri des slogans « Urgence, urgence, ouvrez les frontières, la Méditerranée est un cimetière! », mais aussi » Nous sommes tous des enfants des migrants, première, deuxième, troisième génération! ». Le cortège se dirige pour finir vers Commerce, où la manifestation prend fin dans le calme, à la croisée des trams, aux alentours de 17h30.