26 février 2018

Memories of Sarajevo & Dans les ruines d’Athènes

L’Europe reste toujours un questionnement permanent pour les habitants des pays membres. Ce diptyque amène les spectateurs à s’interroger sur le rôle de l’Europe ainsi que sur sa contribution lors de conflits ou de crises majeures. Memories of Sarajevo & dans les ruines d’Athènes sont deux pièces conçues et mises en scène par Julie Bertin et Jade Herbulot du collectif Birgit Ensemble. Les représentations se sont déroulées pendant trois jours au Grand T. Fragil y était pour vous.

Memories of Sarajevo & Dans les ruines d’Athènes

26 Fév 2018

L’Europe reste toujours un questionnement permanent pour les habitants des pays membres. Ce diptyque amène les spectateurs à s’interroger sur le rôle de l’Europe ainsi que sur sa contribution lors de conflits ou de crises majeures. Memories of Sarajevo & dans les ruines d’Athènes sont deux pièces conçues et mises en scène par Julie Bertin et Jade Herbulot du collectif Birgit Ensemble. Les représentations se sont déroulées pendant trois jours au Grand T. Fragil y était pour vous.

Sarajevo mon amour

Il est 19h. Le public commence à s’installer. Les paroles se délaissent pour laisser place aux questionnements. Certains s’interrogent déjà sur la durée du diptyque qui est supérieure à celle d’une pièce traditionnelle. D’autres apprécient la teneur politique du programme qui donne un avant-goût d’une soirée riche en rebondissements associant des faits d’actualité à une mise en scène particulière.
La lumière s’assombrit. Les comédiens entrent en scène, se glissant l’un après l’autre dans la peau des chefs d’État signataires du Traité de Maastricht. Ce traité est le point de départ de l’Union Européenne, un regroupement de pays unis pour le meilleur et pour le pire. Cette ambiance particulière, alternant humour et faits glaçants, nous plongent directement dans le cœur du sujet.

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Nous sommes prévenus. Ces 2h40 de théâtre vont nous confronter à notre histoire, à ces atrocités sans nom qu’on a tendance à oublier. Les metteurs en scène ont pris le parti de parler d’une guerre parfois méconnue ou mal comprise pour certains.

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La guerre en Bosnie-Herzégovine reste un conflit majeur qui a divisé de nombreuses opinions. 3 ans d’horreur, d’atrocité et de massacre ont rythmé le quotidien de ce peuple divisé en trois, les Serbes, les Croates et les Musulmans. Ce conflit est né en même temps que la création de l’Union Européenne, impuissante face à l’ampleur du chaos. C’est dans ce contexte que s’inscrit la première pièce « Memories of Sarajevo », un sujet qui n’est plus d’actualité mais qui a marqué les consciences d’une génération et d’un peuple déchiré. La mise en scène alterne entre la chronologie des faits au niveau politique et le quotidien du peuple en pleine guerre.

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Un réalisme à toute épreuve dans les ruines d’Athènes

Pour cette deuxième pièce, l’ambiance change pour laisser place à une nouvelle télé-réalité : Parthénon Story. Le principe est simple, chaque participant cohabite dans une même maison pendant 6 semaines à l’issue desquelles le vainqueur se verra rembourser l’intégralité de ses dettes. Bien évidemment rien ne se passera comme prévu. Le public est le seul maître capable de déterminer le sort des candidats et le déroulé de l’histoire.

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Comment en sommes-nous arrivés là ? La pièce va au-delà du simple jeu, elle nous confronte de nouveau à une chronologie bien réelle, révélatrice de la descente aux enfers d’un pays, d’un peuple malgré lui spectateur. Nous pouvons découvrir la succession des accords établis par l’Union Européenne et le Fond Monétaire International, tous plus contraignants les uns que les autres. L’Europe s’engage dans cette crise sans pour autant en maîtriser les enjeux et les conséquences.

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Cette crise dramatique n’est que le reflet d’un univers politique dicté au grès des besoins d’une minorité de personnes, qui n’appréhende pas les conséquences que ces décisions auront sur un peuple entier. Cette pièce n’est pas juste une peinture de la crise de la dette, elle dénonce ces autorités toutes puissantes qui nous plongent du jour au lendemain dans les méandres du chaos. Elle nous invite à ne plus être passif de cette histoire qui est la nôtre.

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Memories of Sarajevo et Dans les ruines d’Athènes sont une invitation à rêver, à écrire l’histoire de demain et à ne pas se laisser enterrer par des désillusions permanentes qui ne cessent de croître. C’est un hymne à la liberté, à l’expression et à la jeunesse. Nous sommes confrontés à nos blessures encore présentes qui ont du mal à s’apaiser. Ce sont deux pièces qui nous bouleversent par leur réalisme et qui nous touchent par leur mise en scène.

 

Passionnée par les sujets d’actualité, j’attache de l’importance à informer et à sensibiliser sur des histoires méconnues. J’aime découvrir et appréhender le monde qui m’entoure par des rencontres, des partages et des parcours de vie.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017