14 novembre 2024

« Montrer que toutes les langues sont respectables » : un spectacle en galo aux Dervallières

Ce samedi à la maison de quartier des Dervallières à 17h aura lieu le spectacle "Toutengalo" de Jean-Luc Laquittant. Formulé en galo, ce spectacle entre chants, contes, poésies et menteries, joué dans un endroit historiquement breton, vise à montrer que toutes les langues sont respectables et sortir cette langue bretonne de l'oubli.

« Montrer que toutes les langues sont respectables » : un spectacle en galo aux Dervallières

14 Nov 2024

Ce samedi à la maison de quartier des Dervallières à 17h aura lieu le spectacle "Toutengalo" de Jean-Luc Laquittant. Formulé en galo, ce spectacle entre chants, contes, poésies et menteries, joué dans un endroit historiquement breton, vise à montrer que toutes les langues sont respectables et sortir cette langue bretonne de l'oubli.

« Un divertissement inattendu » dans une langue en disparition, voici ce que promet Guy Cariou, membre du conseil citoyen, ce samedi à 17h à la maison de quartier des Dervallières avec « Toutengalo » de Jean-Luc Laquittant. Porté par la volonté du conseil citoyen de faire du lien social dans le quartier, ce spectacle regroupant contes, chansons, poésies et menteries dans un gallo compréhensible pour toustes est annoncé « amusant » et « sensible » selon Guy Cariou. Pour cet ancien chroniqueur radio à JetFM et AlterNantes, ce spectacle permet de « sortir le galo de l’oubli en l’offrant en spectacle, en amusant et en faisant rire avec » et donc valorise et défend la deuxième langue de Bretagne.

Un nouveau moment lié à la culture bretonne aux Dervallières

Toujours pour ce membre du conseil citoyen à la recherche de « ses racines bretonnes », le retour d’un événement lié à cette culture aux Dervallières est bienvenu : « L’accoord organisait des moments bretons à la maison de quartier, mais la personne qui portait cela est décédée depuis quelques années, donc quand le conseil citoyen a proposé un nouveau moment breton à la maison de quartier, elle a trouvé ça bien. » Et si pour ce militant de quartier « Nantes, historiquement bretonne, n’est pas étrangère au galo », la distribution d’affiches de ce spectacle dans les Dervallières témoigne d’une certaine ignorance de cette langue dans le quartier. Chose à laquelle il espère remédier avec ce spectacle non pas en spécialisant sur le galo mais en faisant « découvrir » cette langue qui « existe toujours mais qui est en disparition ».

« Une langue qui meurt c’est un peu de nous qui meurt »

Avec son spectacle, Jean-Luc Laquittant veut « dire aux gens de ne pas avoir honte de leur langue maternelle ». Pour cet ancien dessinateur industriel, « une langue qui meurt c’est un peu de nous qui meurt », explique-t-il avant de comparer la disparition des langues à celle l’environnement : « Il faut faire attention, car tout fout le camp comme dit l’expression », liant ainsi ces deux maux.

« Toutes les langues sont respectables »

« Les gens ont besoin de parler leurs langues maternelles, ça fait partie d’eux », développe Jean-Luc Laquittant. En représentation dimanche dernier à Saint-Pérreux dans le Morbihan, cet ancien agent commercial aujourd’hui retraité sera présent ce samedi aux Dervallières « pour dire et montrer aux gens que toutes les langues sont respectables ». Conscient du caractère multiculturel des Dervallières, il espère d’autant plus faire entendre son propos ce samedi : « plus un quartier est cosmopolite, plus il comprend ce drame de ne pas pouvoir parler sa langue maternelle […] il y a plusieurs langues aux Dervallières mais on impose de parler français ».

De la honte à la fierté

« Imposer de parler français », douloureux rappel de son enfance où il était battu parce qu’il parlait galo : « on m’a mis des coups de règles sur les doigts […] on m’a mis à genoux sur une règle […] on m’a fait écrire des centaines de fois ‘je ne parlerais plus patois’ […] j’en ai eu honte du galo ». Des sévices qui l’auront poussé à « renier cette langue » toute sa vie, jusqu’à sa rencontre avec la linguiste Henriette Walter, il y a une trentaine d’années. Un heureux événement qui lui aura permis d’« ouvrir les yeux » sur sa langue maternelle. Depuis ce jour, il est fier de clamer que « le galo est une vraie langue qui a plus de 2000 ans ». Chose qu’il explique aussi bien à l’écrit dans ses livres qu’à l’oral dans son spectacle « Toutengalo ».

À la suite du spectacle ce samedi, sera servi un goûter « breton » avec entre autres far, cidre et jus de pomme et de poire de producteur·ices locaux. Seront aussi disponibles à la fin du spectacles les livres de Jean-Luc Laquittant.

Numa, originaire de Rezé, entretient un lien indéfectible avec Nantes, sa ville natale. Amateur de sport, il vibre au rythme du FC Nantes à la Beaujoire. Sa passion pour la culture se nourrit grâce aux manifestations culturelles nantaises tel que, le Festival des Utopiales. Nantes est pour lui une source inépuisable d'inspiration et de découvertes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017