13 juin 2018

Nantes Fashion Days : en mai, mets ce qu’il te plaît

Si en avril, on ne se découvre pas d'un fil, en mai, depuis deux ans, on célèbre les Nantes Fashion Days. A l'initiative de Maddy Ezannic, costumière à la tête de l'association les Innées-Dites, l'hôtel le Radisson Blu a abrité ce festival de la mode locale du 18 au 27 mai dernier : au programme, tables rondes, projection d'un film, concerts, ateliers, présentation de jeunes créateurs et, en apothéose, un défilé chorégraphié, le tout dans un joyau du patrimoine architectural régional, l'ancien tribunal. Zoom sur deux talents particuliers.

Nantes Fashion Days : en mai, mets ce qu’il te plaît

13 Juin 2018

Si en avril, on ne se découvre pas d'un fil, en mai, depuis deux ans, on célèbre les Nantes Fashion Days. A l'initiative de Maddy Ezannic, costumière à la tête de l'association les Innées-Dites, l'hôtel le Radisson Blu a abrité ce festival de la mode locale du 18 au 27 mai dernier : au programme, tables rondes, projection d'un film, concerts, ateliers, présentation de jeunes créateurs et, en apothéose, un défilé chorégraphié, le tout dans un joyau du patrimoine architectural régional, l'ancien tribunal. Zoom sur deux talents particuliers.

S’il y a une silhouette que l’on a remarquée, c’est celle proposée par Joséphine Gravis. Les modèles élégants et comfy, basiques électriques, auraient toute leur place dans nos dressings : des pulls aux manches chauve-souris, des pantalons rétro-futuristes portables par tous temps… En ce caniculaire dimanche, on aurait bien enfilé cette petite robe noire aux manches ballon, classique reconnaissable aux traits tricolores qui font la marque de fabrique de la jeune créatrice.

 

 

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/06/29.jpg » credit= »Eloise Renard » align= »center » lightbox= »on » caption= »La petite robe noire selon Joséphine Gravis » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

 

Son « it » item ? Les sweaters couples, dont le motif se complète en marchant enlacés. Unisexe, épurée, urbaine, intemporelle, sa collection a tout bon. Interviewons donc la donzelle…

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Fragil : La question a été posée en table-ronde pendant le festival : la mode est-elle un art ?
Joséphine Gravis : Il y a la mode utile, nécessaire, s’habiller est un besoin. Elle est industrielle, les modèles sont reproduits à des milliers d’exemplaires. Cependant, on ne peut pas comparer cette mode à la couture ou à la haute couture, dont la démarche est totalement différente. Là, il s’agit d’un travail artisanal, réfléchi, singulier. Les limites sont repoussées et les créations, pas forcément portables, peuvent s’apparenter à de l’art. Ma démarche se situe entre les deux. Je fabrique toutes mes collections moi-même. Je n’ai pas fait d’école de mode, mais j’ai étudié aux Beaux-Arts, ce qui me donne probablement un regard différent. Je travaille actuellement en collaboration avec un artiste sur une collection de pièces uniques. Le vêtement devient un médium, comme une toile que je réalise pour l’artiste.

« Là, il s’agit d’un travail artisanal, réfléchi, singulier. Les limites sont repoussées et les créations, pas forcément portables, peuvent s’apparenter à de l’art. »

Fragil : Quel bilan dressez-vous de cette seconde édition des Nantes Fashion Days ?
Joséphine Gravis : Il est un peu tôt pour faire le bilan. C’est la première année que j’y participe et à part quelques nouveaux abonnés sur Instagram, je n’ai pas encore eu de retombées…

Fragil : Y-a-t’il quelque chose de typiquement ligérien dans votre travail ?
Joséphine Gravis : Bien qu’étant native d’Angers, je ne crois pas que mes créations soient particulièrement en lien avec les Pays-de -la-Loire…

www.josephinegravis.com

Et puis, il y a les créations d’Emery Baï, artiste d’origine béninoise dont le travail s’inspire de la faune et la flore. Ses dessins, peintures et vêtements respirent une certaine poésie et une sensualité naturelle. Là encore, l’inspiration est éclectique, à mi-chemin entre les illustrations art déco de Mucha et des réminiscences d’Afrique. Le produit fini est sexy : robes de cocktail au décolleté osé, brodé de pierreries, fluidité de papillon, imprimés wild, fleurs à foison…

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Photos du défilé Emery Baï : robe virginale au décolleté affolant et chemise homme imprimé wild

Nous avons questionné cet homme qui aime forcément les femmes.

Fragil : Pour vous, la mode est-elle un art ?
Emery Baï : C’est un art appliqué. Lorsqu’on observe le travail d’un créateur de mode, on remarque les similitudes avec celui d’un artiste plasticien. Le corps humain est un support. A l’instar d’un artiste peintre ou d’un cinéaste, le créateur de mode exprime ses idées, les développe, fait des recherches, s’imprègne de son époque, de l’actualité et même de l’histoire. Les sources d’inspiration et techniques de réalisation sont illimitées. Pour moi, les défilés, c’est un peu le théâtre de la mode. À eux seuls, ils rassemblent jeu d’acteur, scénographie, performance. Sur un temps donné, les vêtements prennent vie et on se retrouve immergé dans une histoire.

« Le corps humain est un support. « 

Fragil: Quel bilan dressez-vous de cette deuxième édition?
Emery Baï : J’en dresse un bilan très positif puisque l’objectif était avant tout de faire découvrir et apprécier les créations. Cet objectif a été atteint grâce notamment à l’équipe des Innéesdites que je remercie infiniment pour cette expérience.

Fragil: Y-a-t’il quelque chose de ligérien dans vos créations?
Emery Baï : Pas spécifiquement, non… Si ce n’est que ma collection interprète les quatre saisons et qu’elles sont universelles donc portables ici et exportables ailleurs.

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Journaliste/correctrice/traductrice/blogueuse/heureuse maman, je redécouvre Nantes à travers le regard de mon fils né en Afrique, après avoir passé 3 ans à Londres à officier sur des fashion websites, puis 9 ans à Casablanca à œuvrer dans la presse généraliste aux rubriques mode, tendances, culture, lifestyle... Je me suis reconvertie dans la presse de proximité depuis...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017