7 octobre 2016

Ouvrir grand les portes

Ouvrir grand les portes

07 Oct 2016

Les Journées du Patrimoine, initiées par le Ministère de la Culture, sont l’occasion pour le citoyen de reconnecter à son histoire, et plus prosaïquement de pénétrer dans des endroits qui lui sont habituellement interdits. Le thème de cette année 2016, « Patrimoine et Citoyenneté », confère à l' »appropriation par tous d’un bien commun, d’une histoire commune ». Le patrimoine, notre héritage, comme socle de l’avenir, dixit Madame la Ministre.
Cette année, j’ai choisi de pousser les portes d’un lieu pouvant être considéré comme clos : la salle de prière de la mosquée Assalam à Malakoff, plus grande mosquée de Nantes. Cette pratique de fermeture des lieux de culte musulmans aux non-croyants est pourtant minoritaire. Elle est davantage culturelle que religieuse, et notamment répandue dans les pays du Maghreb comme un vestige de la colonisation.
Les pieds déchaussés de plus de 3500 visiteurs se sont donc succédé sur le tapis de la salle de prière de la mosquée Assalam en ce weekend des Journées du Patrimoine, et bien plus encore lors de visites guidées proposées tout au long de l’année aux établissements scolaires ou aux entreprises. Après la remise d’un dossier sur la culture et la religion islamiques, le parcours permettait de satisfaire à la curiosité tant en termes d’architecture, de patrimoine que de pratiques religieuses. Un point d’orgue : la rencontre avec l’imam Belgacem Ben Said, et un point d’honneur pour le recteur Bachir Boukhzer : démystifier ainsi la religion islamique et ses pratiques en ouvrant grand les portes de la mosquée et de son centre culturel. Et finir par un temps convivial autour d’un thé à la menthe et d’une photo-souvenir dans les jardins de ce lieu de culte visant à faciliter l’échange positif avec la société.

Sandrine Lesage / Octobre 2016

Sans la musique (et l'art), la vie serait une erreur. Passionnée par le rock indé, les arts visuels et les mutations urbaines, Sandrine tente de retrouver l'émotion des concerts, de restituer l'univers des artistes et s’interroge sur la société en mutation.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017