Les locaux de Fragil étant situés juste au-dessus du service expérimental MNA de l’ADPS (Agence Départementale de Prévention Spécialisée) qui propose des ateliers collectifs pour les Mineurs Étrangers Non Accompagnés, nous avons eu envie, justement, de les accompagner dans la visite de cette exposition intitulée « Les pas-sages à l’art. »
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Ils sont guinéens, maliens, angolais, afghans, arméniens, camerounais… Ils sont arrivés depuis peu en France, quelques mois, quelques semaines, et sont en attente de validation de leur statut. Sans famille, sans papiers ni ressources, ils sont logés et nourris dans un foyer et viennent les après-midis à la rencontre de deux éducatrices spécialisées pour apprendre le français, intégrer les codes de la vie en société ici, se divertir, s’exprimer… Le désœuvrement n’est pas une option.
La plupart n’avaient jamais mis les pieds dans une galerie d’art, et ne savaient même pas ce qu’est une exposition. Nous avons marché dans le quartier en chantier de l’Île de Nantes avec une vingtaine de jeunes gens au départ apparemment peu motivés par l’idée de cette sortie culturelle.
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Arrivés sur place, à la vue des peintures recouvrant les murs, des sculptures et autres œuvres conceptuelles, à entendre les mots émanant d’un documentaire sonore, c’est comme si l’émotion engendrée par l’art avait éclos en eux.
Ces jeunes hommes qui semblaient circonspects, voire indifférents à l’initiative, se sont révélés curieux, l’un me posant la question sur l’identité de ce Pierre Landais (grand trésorier du Duc François II de Bretagne, il créa la première université locale et fut pendu en 1485 pour acte de concussion) ; un autre emprunta mon appareil photo et arpenta les lieux pour immortaliser ces créations éphémères : piles de vinyls, pièce remplie de pages de livres (œuvre signée Gilles Chef), photos, collages, graffitis…
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[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/03/poisson.jpg » credit= »Alexandra Girard » align= »center » lightbox= »on » caption= »Dessin réalisé par un des jeunes » captionposition= »center » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]
L’exposition aura pris un an de préparation et de collaboration entre un collectif d’artistes locaux et les usagers des lieux, les « pas-sagers » qui ont participé à des ateliers d’écriture, de danse, de vidéo… Et c’est le côté à la fois engagé et amateur, dédramatisant/démocratisant l’art, qui fait la modernité de cette proposition. L’endroit respire l’humanité.
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En sortant, tous les visages étaient ouverts, souriants, ravis. Nous avons recueilli les impressions de quelques-uns d’entre eux par écrit, les voici :
« Aujourd’hui mercredi 7 mars 2018 à 15h, on a fait une expédition vers le restaurant Pierre Landais, devenu une salle d’exposition : il y avait plusieurs pièces dans lesquelles j’ai vu beaucoup de choses différentes, des photos de personnes, la sculpture d’une grue avec des fourchettes soudées, le croquis d’un poisson… Chaque chose avait une signification. » Signé Résistible*.
« Au cours de cette visite, nous avons trouvé beaucoup de choses : des dessins, de la peinture, des écritures, des bouquets de livres, des photos, des cartes postales. J’ai adoré ça […] c’était joli à voir. Une phrase écrite en rouge sur un mur m’a marqué : « viva la vida ». » Signé MIB*.
« C’est la première fois que je voyais un tel endroit, avec autant de choses étonnantes, de documents qui parlent de la vie et de l’Histoire. J’ai trouvé ça génial, j’ai passé une super journée. Merci. » Signé Bah. Ab*
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L’exposition est accessible gratuitement les mercredis, vendredis et samedis de 14h à 17h au 16 rue Pierre Landais.
* Les témoignages sont signés sous pseudonymes.