Alors que le gouvernement de Michel Barnier demandait 40 millions d’économies à la Région, Christelle Morançais, présidente du conseil régional, a choisi d’aller bien plus loin, annonçant 100 millions d’euros d’économies. Cette annonce, faite via un post sur son compte X, a eu l’effet d’une bombe.
Les coupes budgétaires sont drastiques : la culture voit ses subventions réduites de 73 %, le sport de 75 %, et l’égalité femmes-hommes de 93 %. Certaines associations et initiatives risquent de perdre la quasi-totalité de leurs financements.
Une annulation perçue comme un « calcul politique »
Face à ces mesures, le monde culturel n’a pas tardé à réagir. Les syndicats CGT, CFDT, UNSA et FO ont appelé à un rassemblement devant l’Hôtel de Région le lundi 25 novembre, jour où Christelle Morançais devait rencontrer les maires de la région.
La présidente a annulé cette réunion, justifiant sa décision dans un post sur X :
Malgré l’annulation de la réunion, plus de 3 000 manifestant·es se sont rassemblé·es dès 8h30 pour dénoncer des décisions jugées « hâtives » et comme un « calcul politique » en vue de la présidentielle de 2027. Pour ses opposant·es, Christelle Morançais, membre du groupe Horizons d’Édouard Philippe depuis 2022, aurait des visées électorales.
Des répercussions sur la vie culturelle et sociale
Selon les acteur·rice·s de la culture, le spectacle vivant représente plus de 150 000 emplois dans les Pays de la Loire. Une coupe aussi importante aurait des conséquences dramatiques. Alice, Antoine et Pablo, trois musicien·nes, sont particulièrement inquiet·es. Antoine témoigne : « C’est important de se déplacer au vu de tous les dispositifs qui sont menacés. Je pense au dispositif CLAP, qui nous a permis de produire un album. ». Son ami Pablo complète: « La culture est une fondation de la société. En coupant les vivres aux artistes, c’est tout un pan de la France qui va se détruire. »
Les coupes ne toucheraient pas uniquement les professionnel·les, mais également le grand public. Parmi les manifestant·es, Andreï, un jeune homme d’une vingtaine d’années travaillant dans la restauration, partage ses craintes : « La culture, ça me permet de sortir la tête de l’eau, rencontrer des gens et vivre ma vie pas seulement par le prisme du travail. » Miriam, ancienne enseignante aujourd’hui retraitée, s’inquiète pour les élèves : « On a toujours besoin de ces subventions pour emmener les élèves au cinéma. Cela fait partie de leur éducation. »
Des appels à l’action
Sur les réseaux sociaux, des figures culturelles se mobilisent. Catherine Blondeau, la directrice du Grand T, théâtre emblématique nantais qui perdra l’intégralité de sa subvention en 2026, a lancé une pétition intitulée « Pays de la Loire : mobilisation des artistes et professionnel·les de la culture contre les sévères coupes budgétaires envisagées par la Région ». La pétition a déjà réuni plus de 60 000 signatures, dont celles de personnalités comme la chanteuse Zaho de Sagazan, le directeur du Lieu Unique Eli Commins, ou la directrice des Beaux-Arts de Nantes, Rozenn Le Merrer.
Une Assemblée générale s’est tenue le mercredi 27 novembre à la Cité des Congrès, avec pour objectif de préparer la suite des actions. Le budget régional pour 2025 sera voté par les élu·es le 19 décembre prochain, laissant peu de temps aux opposant·es pour infléchir la décision.