19 janvier 2018

Le Père Noël est une ordure ?

Arrêté et jugé en décembre dernier, le Père Noël a été condamné puis finalement acquitté par des acclamations.

Le Père Noël est une ordure ?

19 Jan 2018

Arrêté et jugé en décembre dernier, le Père Noël a été condamné puis finalement acquitté par des acclamations.

De par son caractère peu ordinaire, son accoutrement singulier et sa démarche généreuse, on n’a de cesse de se poser des questions sur l’existence réelle du Père Noël. Le 7 décembre 2017 dernier, l’homme a été arrêté et traduit en justice pour des accusations diverses portées contre lui, après une longue et difficile enquête du Bureau d’Investigation du Pôle Nord (BIPN). C’est une initiative de l’association des Tribuns de la Faculté de Droit qui, d’une part cherchait réponse à la question « le Père Noël est-il une ordure ? », et d’autre part, a voulu dévoiler les coulisses du procès en matière juridique.

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/01/DSC_1592.jpg » credit= »Epiphane Adadja » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Accusé, mais pas coupable…

A la barre, le Père Noël a plaidé non coupable. Le procès de l’homme qui est loin d’être comme les autres, s’est déroulé sous les regards d’un public impressionnant et curieux, composé essentiellement d’étudiants venus assister aux plaidoiries de la Cour d’assises de Laponie ainsi délocalisée dans le grand amphithéâtre de la Faculté de Droit de l’Université de Nantes. À l’issue du verdict précédé d’une séance de débats houleux, le Père Noël a été reconnu coupable par les jurés de la Cour à une majorité écrasante avant d’être acquitté à l’unanimité du public par des acclamations bien nourries. Cette dernière alternative qu’est l’acquittement pour lequel les spectateurs ont opté de façon consensuelle pour obtenir le consentement de la Présidente de la Cour à la libération du mis en cause et généreux donateur infatigable au chevet des enfants en période de fête de Noël notamment, est un soulagement pour Amélie et Robert, tous deux adolescents venus voir de leurs propres yeux ce à quoi allait ressembler ce procès insolite du Père Noël avec qui ils ont reconnu avoir passé de bons moments d’enfance. « Le Père Noël ne mérite pas ça », affirment-ils en éclatant de rire et tout en exprimant de vive voix leur gratitude vis-à-vis de la défense bien organisée de l’accusé.

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/01/DSC_1576.jpg » credit= »Epiphane Adadja » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Que reproche-t-on à l’homme à la barbe blanche et longue ?

En décidant de traduire en justice le bienfaiteur des enfants à Noël, les plaignants ont sans doute oublié ou perdu de vue tous les bienfaits du Père Noël et le symbole de générosité qu’il représente pour les enfants. Ainsi, ils reprochent à celui-ci de recruter des lutins et de les exploiter comme des esclaves à des fins commerciales. Il ressort que chez le Père Noël, les lutins travaillent beaucoup, mais ne sont pas rémunérés à la hauteur de la sueur de leur front. Mieux, ils sont souvent mal nourris par leur employeur qui, les bras chargés de cadeaux avec son traineau, ne pense qu’à son seul service. En sus, le Père Noël est aussi accusé de maltraitances habituelles et répétées sur les rennes. Des témoignages de lutins et de rennes défendus et soutenus par Maître Boezec, mais qui vont être aussitôt démentis par l’accusé qui, à la barre, dit être juste animé d’un sens d’humanisme pour les enfants. Et c’est sans compter avec le soutien de la mère du Père Noël et celui de son défenseur Maître Cabrioch.

Journaliste de formation, Epiphane Tchègoun ADADJA est passionné par la littérature, l’écriture et la musique. Il est chroniqueur et initiateur d’un blog connu sous le nom « La Voix du Chroniqueur ». Après des expériences professionnelles diverses, Epiphane Tchégoun ADADJA poursuit actuellement un diplôme binational de Médiation Culturelle et Communication Internationale/ MCCI en France et en Allemagne.    

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017