14 octobre 2021

« Pourquoi je veux arrêter de travailler pour Facebook » : le premier spectacle de Fragil pour réfléchir aux réseaux sociaux

Samedi 9 octobre, dans le cadre de l'événement "La Fabrique en scène", Fragil présentait un format inédit pour l'association d'éducation aux médias nantaise : un court spectacle mixant réflexion sur les réseaux sociaux et témoignage personnel.

« Pourquoi je veux arrêter de travailler pour Facebook » : le premier spectacle de Fragil pour réfléchir aux réseaux sociaux

14 Oct 2021

Samedi 9 octobre, dans le cadre de l'événement "La Fabrique en scène", Fragil présentait un format inédit pour l'association d'éducation aux médias nantaise : un court spectacle mixant réflexion sur les réseaux sociaux et témoignage personnel.

Pour cette deuxième édition de “La fabrique en scène”, une estrade a été dressée sous le préau de la Fabrique des Dervallières. Ancienne école primaire construite dans les années 60, la Fabrique Dervallières-Zola a pour objectif de “développer un projet expérimental artistique” en accueillant des résidences d’artistes professionnels et amateurs. Fédérant plusieurs structures du collectif associatif hébergé de manière pérenne dans le bâtiment, dont l’association d’éducation aux médias Fragil, l’événement qui se tenait en ce doux week-end d’octobre a vu se produire une dizaine de spectacles. Concerts, danse, lectures et un temps à la frontière de la conférence et du théâtre proposé par Fragil.

Trente minutes pour parler d’éducation aux médias

C’est donc le coordinateur de l’association qui a présenté devant une quarantaine de spectateurs et spectatrices ce spectacle de trente minutes. Une nouveauté rafraichissante pour Fragil : « c’est très intéressant de monter sur scène avec ce genre de format qui change des ateliers quotidiens de l’association », nous confiera Merwann Abboud. S’inspirant de la pratique des conférences gesticulées développées par les réseaux d’éducation populaire, le coordinateur joue son propre rôle dans “Pourquoi je veux arrêter de travailler pour Facebook”. Tout en racontant son parcours de vie entre France, Liban, et Émirats Arabes Unis, le salarié de Fragil a retracé l’évolution des technologies de communication depuis 40 ans. Devant une audience attentive réagissant avec engouement à ses questions, l’orateur a pu transmettre différents concepts chers à l’éducation aux médias : “Qu’est ce que l”empreinte numérique ? Comment est-elle alimentée ? Sur quoi s’appuie le modèle économique des réseaux sociaux ?”. Autant de questions, distillées tout au long de la mise en scène, qui ont déclenché des réactions dans le public et amorcé un début de réflexion sur les usages du numérique.

Merwann Abboud lors de son spectacle à « La Fabrique en scène ».

Un spectacle à renouveler et améliorer

“On aurait pu continuer à l’écouter pendant trente minutes supplémentaires”, entendra-t-on dans la foule après les applaudissements nourris de fin de spectacle. Une première réussie, malgré quelques perspectives d’améliorations dont nous a fait part l’animateur qui aimerait “aller plus loin que l’empreinte numérique et intégrer plus d’aspects politiques dans le spectacle, tels que les problématiques liées à la surveillance de masse, ou au BigData”.

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017