30 octobre 2024

Queer Station, un podcast de SUN qui « donne le temps » aux personnalités queer de s’exprimer

Pauline, bénévole à la radio Sun, a créé un podcast mensuel valorisant les personnalités queer locales. Avec une écoute disponible uniquement sur les plateformes de streaming, ce format plus long met en avant l'univers des artistes et structures LGBTQIA+ nantais·es.

Queer Station, un podcast de SUN qui « donne le temps » aux personnalités queer de s’exprimer

30 Oct 2024

Pauline, bénévole à la radio Sun, a créé un podcast mensuel valorisant les personnalités queer locales. Avec une écoute disponible uniquement sur les plateformes de streaming, ce format plus long met en avant l'univers des artistes et structures LGBTQIA+ nantais·es.

« Depuis la rentrée, je me suis lancée sur un nouveau format, cette fois-ci en podcast », explique Pauline, bénévole à la radio SUN depuis bientôt 5 ans, qui a inauguré en septembre son programme Queer Station, une émission mensuelle sortant tous les 15 du mois sur les plateformes de streaming.

Après son émission de cinéma L’Autre ciné, elle a décidé cette fois-ci « de s’intéresser à la culture et aux artistes de la communauté queer ». Milieu qu’elle fréquente aussi bien en tant que public qu’en tant qu’organisatrice de soirées drag au Lab depuis 2 ans. Pauline précise que « chaque épisode va se centrer sur une initiative locale queer », en présentant « l’univers de la personne ou la structure : ses influences, son parcours… » et ce toujours avec une question centrale, « Qu’est-ce que ça implique et représente d’être une personnalité queer aujourd’hui ? ».

« Tendre le micro » à la communauté queer

« Dans l’époque actuelle et dans une radio comme SUN qui a à cœur de représenter des sujets de société, j’ai trouvé ça curieux qu’il n’y ait pas d’émission en lien avec le sujet LGBTQIA+, c’est pour ça que j’ai voulu proposer mon podcast », raconte Pauline, dont le projet « trottait dans la tête depuis un petit moment ».

Comme lors du premier épisode sur la librairie queer Les Vagues ouverte à Nantes récemment, l’idée est de « tendre le micro aux personnes qui font vivre la communauté ». Cette initiative avait d’ailleurs du sens à Nantes tout particulièrement, où « il y a un élan qui fait que malgré les discriminations, ces structures et artistes existent bien ». Selon elle, cela serait « lié au bord politique de la ville qui fait que les gens n’ont pas peur de prendre des initiatives et de proposer des structures en lien avec la communauté LGBTQIA+ ».

Les locaux de SUN à Nantes, où Pauline enregistre chaque mois Queer Station

Une diffusion sur plateforme accordant plus de libertés

Queer Station a aussi la particularité d’être un format « natif », c’est-à-dire « un format qu’on peut écouter exclusivement sur la plateforme » et non en direct sur la station radio, explique la chargée de communication de SUN, Anaïs Seznec.

« J’aime trop faire ce type de contenu, c’est moi qui ai voulu que ce soit en natif par volonté de changement car j’avais déjà fait du direct », déclare d’ailleurs Pauline. « J’avais envie de vraiment profiter du temps disponible pour bien m’intéresser à mes invités, car en direct on a un temps donné, alors qu’avec le podcast on aura des épisodes qui vont durer 25min et d’autres 1h30 », ce qui permet de moins se brider dans l’échange.

Des épisodes « à l’image des personnalités » reçues

Le format podcast permet alors de créer des épisodes plus authentiques et spontanés. « La durée des épisodes est à l’image des personnalités que je reçois : si elles sont réservées elles vont un peu moins parler, si elles sont plus bavardes l’enregistrement sera forcément plus long », ajoute-t-elle.

Pauline essaie d’alors « d’impliquer au maximum les invités » en leur demandant d’apporter avec elle·ux un objet qui les a inspiré·es et influencé·es, pour mieux comprendre leur univers. « Je ne veux surtout pas être l’élément central de mon podcast, l’idée c’est vraiment de mettre en avant les gens, de les valoriser », pour ainsi mieux saisir la culture queer nantaise.

Les épisodes sont enregistrés de préférence dans les locaux de SUN pour une question matérielle. Pauline, en tant que bénévole habituée de SUN, « organise les formats 2 ou 3 mois à l’avance », et a ainsi prévu toutes ses émissions jusqu’à janvier. La prochaine émission qui sortira le 15 novembre s’intéressa cette fois-ci à l’artiste drag aux costumes toujours plus travaillés, Gono del Rey.

Volontaire en service civique cette année à Fragil, Enora est passionnée de littérature, d'histoire, de cinéma... Son objectif est de devenir journaliste culturelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017