L’espace Rayon Vert, petite structure située en plein cœur du quartier Ste Anne s’inscrit comme un lieu de vie de référence pour plasticien.nes dont les œuvres sont exposées sur plusieurs moments clés qui dynamisent l’année. En ce sens, le Petit Marché de l’Art qui vient de se clôturer demeure une des périodes du calendrier les plus prolifiques économiquement. Durant ce temps 75 artistes sont venus exposer et plusieurs d’entre elleux étaient invité.es chaque weekend jusqu’au 12 janvier pour que les nantais.es puissent se retrouver et échanger avec elleux. Malgré ces moments réjouissants, France Dumoulin, la directrice actuelle du Rayon Vert, constate avec prudence la situation : « L’association est une petite structure qui se veut être un lieu de diffusion ancré depuis longtemps mais la situation économique reste toujours fragile »
Le Rayon Vert perd le soutien de la Région
Le modèle économique du Rayon Vert repose en grande majorité sur une répartition tripartite : les ressources provenant des acquisitions d’œuvres qui sont fluctuantes selon les saisons mais prévisibles, essentielles et « fondamentale » pour la directrice, les quelques dons des adhérent.es et surtout les subventions avec les partenaires publics. Parmi ceux-ci, la Ville et le Département qui fournissent des aides à hauteur de plus 50 % de leur financement et la Région autour des 6%, soit une aide de 3000 €. En effet l’association a aussi souffert de la politique de réduction budgétaire de C. Morançais1 et vient de perdre ce soutien financier encore effective jusqu’à récemment2. Au grand désarroi de Madame Demoulin qui prévoyait un soutien sur une durée plus longue que seulement deux ans: « on espérait que ce soit pérenne et on s’attendait à tout autre chose, et finalement ça été très soudain cette coupure ».
- Présidente de la Région des Pays de la Loire 2. La Région finançait le Rayon Vert depuis seulement deux ans jusqu’à fin de l’année 2024
Se renforcer en se réorganisant à plus long terme
Même si ce « coup de massue » vient réduire les perspectives financières du Rayon Vert pour la responsable, celle-ci reste très lucide sur la situation de la structure : « On était déjà à flux tendu, on voulait avoir plus, c’était en discussion ». Elle ne se décourage pas pour autant, bien au contraire, elle est déjà à l’initiative de plusieurs projets en cours d’étude pour stabiliser la situation à plus long terme. Une demande de rescrit fiscal3 pour savoir si le Rayon Vert peut être statué « d’intérêt général » est en cours. D’autre part il y a appel à un mécénat mais pour le moment les réponses sont peu fructueuses. Mais surtout, pour cette fin d’année 2024 et ce mois de janvier 2025, l’association entame une campagne d’adhésions auprès du grand public en les sensibilisant à l’occasion du Petit Marché de l’Art. En outre, une Newsletter va paraître prochainement pour accompagner cette démarche.
Comme l’explique France Dumoulin, il faut revoir en profondeur le système d’adhésion : « il faut réexpliquer auprès des nantais qu’on est une petite association dont la majorité des adhérent.es. sont des artistes ». Pour la directrice il faut mettre en avant une évidence : « pour l’année 2025, on a besoin d’une adhésion plus massive des particuliers ».
3-Une procédure fiscale ici qui a pour but de réduire les charges fiscales du Rayon Vert
Des doutes qui persistent
À la fin d’un échange long avec comme fil conducteur la question du modèle économique du Rayon Vert, madame France Dumoulin a exprimé un léger soupir de lassitude. Elle a fini par confier sa crainte : « ça a été dure la fin d’année, je suis très inquiète surtout pour l’ensemble du milieu culturel et notamment le Pôle des Arts Visuels. C’est tout notre écosystème qui est fragile et en danger».
En revanche, découragée, la directrice ne l’est pas encore. Le futur est écrit pour l’année à venir pour 2025 avec une programmation déjà réglée mais c’est après qu’il y a des risques de bousculements : « c’est d’ici six mois et un an que les choses risquent de changer ».
En attendant des réponses officielles sur le renouvellement des subventions du département et de la ville entre avril et mai 2025, le Rayon Vert tente de jongler entre ses acquis, ses ressources et la conjecture actuelle pour s’insérer dans cette nouvelle période trouble qui risque de mettre en péril plus qu’un écosystème culturel de quartier.