Le centre éducatif d’Anjorrant, qui accueille régulièrement Fragil pour des séances d’éducation aux médias, a participé à la mise en place de son nouvel atelier de deux heures consacré à la découverte du modèle économique des médias. Un premier essai concluant auprès de ce public jeune qui n’a pas pour habitude de payer pour s’informer. Reste cependant à retravailler la forme de l’atelier à l’aide d’un débat mouvant pour mieux incarner des principes économiques parfois trop conceptuels.
Patronnes de presse en devenir
La première étape pour les participantes a été de se mettre en binôme et de choisir un nom pour leurs médias respectifs : un journal papier. Cela a permis d’identifier facilement les participantes et de les mettre dans la peau de directrices de journal. Une fois en binôme, la parole a circulé facilement, notamment sur leur consommation d’information : la presse papier les désintéresse, elles regardent la tv et sont présentes sur les réseaux sociaux et sur Youtube.
Un journal, combien ça coûte ?
Une ardoise en main, chaque binôme a pu ensuite identifier les dépenses nécessaires à la sortie de son premier numéro. L’occasion de mentionner brièvement les différents postes de travail, mais aussi d’énumérer le coût des charges, du matériel et des personnes essentielles à l’impression, la distribution et la communication du journal. Ce premier tour de parole a été fluide et efficace pour faire avancer l’atelier.
La publicité, un modèle économique récurrent
Bien moins concrets que les dépenses, les modèles économiques ont été plus difficiles à identifier. Les titres de presse étalés sur la table ont quelques peu aidé les participantes car ils affichaient un prix. Ce coût a fait émerger le terme d’ « abonné », et a servi à différencier les abonnés gratuits, du jargon d’Instagram, des abonnés payants des médias. De la même manière, faire référence aux publicités sur Youtube et aux placements de produits des influenceurs sur les réseaux sociaux a permis aux groupes de saisir l’importance de la publicité comme moyen de financement.
Faut-il payer pour une information de confiance ?
Le prix des titres de presse présents sur la table a fait controverse : tout le monde ne peut pas se permettre de payer pour de l’information. Il a donc fallu se demander s’il existait une différence entre un contenu gratuit et payant. La crainte que l’annonceur puisse exiger un droit de regard sur le contenu publié a été partagée autour de la table. De même, face à un modèle économique basé uniquement sur la publicité, la notion d’honnêteté ainsi que les limites de l’expression du journaliste ont été mentionnées. L’atelier s’est conclu sur l’avis général que l’information gratuite et accessible restait nécessaire.
Finalement, malgré le fait que les participantes n’aient pas pour habitude ni ne souhaitent payer pour de l’information, les encadrants ont eu de bons retours sur la compréhension de l’économie d’un journal et des enjeux éditoriaux qui en découlent. L’envie de créer une gazette au sein du centre éducatif a même été évoquée. Cependant, certains concepts – comme les avantages et inconvénients de chaque modèle économique – ont manqué de concret, et en fin d’atelier, la lassitude d’être resté immobile s’est faite ressentir. A l’avenir, ce nouvel atelier pourrait prendre la forme d’un débat mouvant fait à partir d’affirmations à valider ou invalider par les participant.e.s.