8 février 2023

Réseaux sociaux et cybersexisme : un temps utile avec les jeunes encadrés par la PJJ

Fragil intervient régulièrement lors de stages de formation civique encadrés par la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ce vendredi 03 février, l'association nantaise d'éducation aux médias animait un temps de 2h30 sur la thématique des réseaux sociaux, face à 5 jeunes et deux éducatrices à l'UEMO de la Roche-Sur-Yon.

Réseaux sociaux et cybersexisme : un temps utile avec les jeunes encadrés par la PJJ

08 Fév 2023

Fragil intervient régulièrement lors de stages de formation civique encadrés par la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ce vendredi 03 février, l'association nantaise d'éducation aux médias animait un temps de 2h30 sur la thématique des réseaux sociaux, face à 5 jeunes et deux éducatrices à l'UEMO de la Roche-Sur-Yon.

« On a appris des choses en discutant« , c’est l’une des réactions verbalisées par ces jeunes de 16-17 ans à l’issue de l’atelier animé par François-Xavier, chargé de projet médiatique et numérique chez Fragil. Ce vendredi après-midi de février, ces adolescents ont conclu leur stage de formation civique de deux journées à l’unité éducative en milieu ouvert (UEMO), par une discussion de plus de deux heures autour des médias, des réseaux sociaux et du cybersexisme.

Un temps pour parler des médias

Sollicitée par la PJJ pour animer des temps d’éducation aux médias auprès de son public, l’association Fragil a pris pour habitude de débuter ces ateliers par une temps de réflexion autour de la perception du mot « média » par les jeunes. « Quand je vous parle de média, vous pensez à quoi ?« , interroge l’animateur. Les réponses sont hésitantes « les réseaux« , « la télévision » répondent certains, d’autres restent perplexes et tentent leur chance en prolongeant l’idée de l’équipement électro-ménager : « le micro-onde !« . Passé les ricanements, la réponse interroge sur la difficulté d’appréhender le sens du mot « média » en français. Passé ce temps d’introduction, et après avoir défini les différents sens que pouvait avoir le mot, les cinq jeunes garçons ont été invités à discuter des réseaux sociaux.

Réseaux sociaux et contenus choquants

Autour de cartes plastifiées représentant les logos des principales applications, les participants ont créé des classements afin de discuter des différents usages des réseaux sociaux. Temps fort de cet échange, deux ados évoqueront leur consommation de vidéos, parfois extrêmement violentes, sur Telegram, messagerie reconnue pour son absence de modération . En parlant des « dangers pour les enfants qui pourraient tomber sur ces vidéos« , les stagiaires mettront à distance l’impact de leur exposition à ces contenus, jusqu’à ce que l’un d’entre eux évoque le fait que des images lui reviennent en tête « à chaque fois qu’on parle de Telegram« . Entendus par l’animateur, ces propos ont permis de discuter de l’accoutumance aux images violentes et de la possibilité d’en parler avec des adultes référents de leur entourage, notamment à la PJJ.

Les cartes utilisées pour évoquer le cybersexisme.

Le cybersexisme en discussion

Autre temps fort de cette séance, la discussion autour du cybersexisme a permis d’évoquer quelques notions cruciales concernant certaines pratiques sur les réseaux sociaux. S’appuyant sur des cartes de définitions de termes en lien avec le cybersexisme parfois techniques (« grooming« , « stalking » ou encore « droit au déréférencement »), les jeunes ont pu passer un peu de temps à échanger autour des nudes, (photographies à caractère sexuel envoyés par messagerie) et du consentement, notamment à travers l’évocation de la pratique d’envoi de dickpics, dont la banalisation de réception de ce type d’image dans les messageries des filles par était sous-estimée par ce groupe de garçons. Le compte Instagram @no.dick.pic faisant de la prévention autour de cette pratique a d’ailleurs pu être présenté.

Cet atelier a été plutôt apprécié par le groupe. Au delà des apports pour les adolescents, la discussion continue et dirigée a aussi permis aux éducatrices présentes de mieux comprendre le quotidien de ces jeunes en mesure alternative aux poursuites judiciaire.

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017