« Ludique », « intéressant », le sentiment général de la douzaine d’élèves de la mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) du lycée Monge – La Chauvinière semble plutôt positif à la sortie de la dernière séance d’éducation aux médias proposé par l’association Fragil. Depuis plus de deux ans, les salariés de l’association accompagnent le personnel de la MLDS de ce lycée du nord de Nantes dans la mise en place d’ateliers d’éveil à la critique des médias auprès d’élèves en situation de décrochage. Cette année encore, et malgré le contexte lié à la situation sanitaire, ce sont six ateliers différents, réalisés en demi-groupe sur des temps d’1h30, qui ont été organisés pour ces adolescents de 16 ans de moyenne d’octobre à décembre 2020.
6 ateliers pour s’initier à la critique des médias
Tout au long de la séquence, les élèves ont étés invités à réfléchir et débattre autour de trois thématiques principales : réseaux sociaux, journalisme et théorie du complot. Après une brève introduction définissant le cadre et les objectifs de l’éducation aux médias selon l’association, à savoir l’éveil à l’esprit critique vis à vis des contenus diffusés (articles, vidéos, posts, stories…), mais aussi vis à vis des systèmes (techniques, économiques, politiques) permettant leur diffusion, les adolescents et adolescentes ont d’abord été invités à débattre sur les réseaux sociaux. A travers des jeux de cartes et des quiz sur la thématique de la culture numérique, ils et elles ont pu échanger sur les différents types de réseaux, se questionner sur le fonctionnement technique d’internet, comprendre les modèles économiques liant récolte de données personnelles et publicité ciblée ou encore découvrir la notion d’empreinte numérique.
Dans un second temps, les élèves se sont initiés au journalisme dans un atelier dédié à la découverte de l’écriture journalistique. En réalisant un article court sur un fait simple dont tous et toutes venaient d’être témoins, ils et elles ont pu comprendre la notion d’honnêteté journalistique et l’importance de poser des questions pour se détacher de ses préjugés et obtenir une information à sa source. Cet atelier fut suivi par un autre, très apprécié, dédié à la réflexion autour des fake-news à travers un quiz par équipe.
Enfin, les adolescentes et adolescents ont été invités à réfléchir à la notion de théorie du complot. Introduisant la séance avec la vidéo « Le complot chat » réalisée par une classe de 2nde de Bondy et William Laboury dans le cadre d’un atelier d’éducation aux médias, les jeunes ont pu identifier les différents éléments techniques présents dans de nombreuses vidéos complotistes. Même si ces éléments étaient déjà bien identifiés par la majorité du groupe, cela a permis de faire réagir celles et ceux pour qui ces éléments n’étaient pas familiers. La suite de l’atelier a été dédiée à la définition des différences entre complot et théories du complot ainsi qu’à la découverte de quelques principes nécessaires à la construction de l’esprit critique. Cette dernière s’est réalisée à travers de petits jeux de mise en situation permettant de questionner la charge de la preuve ( « qui dit, prouve »), le principe de parcimonie (« les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées ») et la hiérarchisation des preuves (« une affirmation exceptionnelle nécessite des preuves exceptionnelles »).
L’éducation aux médias : une discipline nécessaire
Une séquence riche en débats et apprentissages pour un groupe qui, malgré le caractère hétérogène des profils qui le composaient, s’est impliqué majoritairement dans les activités proposées. Une belle preuve que ce type d’ateliers est nécessaire et apprécié, aussi pour des publics en marge du système scolaire classique.