Depuis une dizaine d’années, de nombreux médias ont monté leur service de fact-checking pour dénicher les différentes « infox » relayées sur internet et particulièrement sur les réseaux sociaux. Ces initiatives témoignent de la place grandissante que l’on accorde aujourd’hui au débat sur l’espace médiatique et numérique. Aussi, afin de veiller à la pluralité des points de vue et de la critique, on observe le rôle des “critiques médiatiques” que l’on peut retrouver au sein du Monde diplomatique ou auprès de l’association Acrimed. Cette dernière forme de questionnement se concentre en priorité sur les erreurs, propos infondés ou publicités déguisées que l’on peut parfois retrouver dans l’univers médiatique traditionnel, mais elle est tout aussi nécessaire dans une période où le mot réinformation est à la mode. Le terme « fake news’ a récemment été remis en question par la commission d’enrichissement de la langue française qui lui préfère la notion d' »infox ». Alors que la tournure « fake news » désignait à l’origine fausse information, les décodeurs du journal Le Monde nous précisent que « Le terme est devenu synonyme à la fois du faux au sens de l’erroné, de l’erreur, mais aussi de la tromperie volontaire. » Toutefois, il s’agit de notions très différentes qu’il faut impérativement distinguer. Enfin, l’utilisation du terme « infox » évite un anglicisme mais ne demeure pas moins inexact que « fake news » dans son utilisation.
[VOCABULAIRE]
« La Commission d’enrichissement de la langue française a inventé le mot « infox » pour traduire le concept de « fake news » ; mais celui-ci est par essence imprécis, donc trompeur, voire dangereux. » Selon @decodeurshttps://t.co/DmyMHZCcQ6#fakenews #infox #eam— Education médias (@Educmedias) 8 octobre 2018
Dans ces temps d’incertitudes médiatiques, il est primordial de garder un œil critique sur la fabrique de l’information et son utilisation. C’est pourquoi Fragil s’implique pleinement dans sa mission d’éducation aux médias.
Le numérique au service du journalisme
Notre revue de la semaine commence avec une petite prouesse journalistique. La BBC s’est récemment emparée d’une vidéo amateur diffusée sur les réseaux sociaux afin de réaliser une enquête journalistique de grande ampleur.La vidéo, montrant deux femmes et deux enfants exécutés à bout portant, est devenue virale très rapidement sur les réseaux sociaux.Le dispositif de la BBC a permis de retrouver la date et le lieu de l’exaction et a pu faire la lumière sur l’affaire tout en détachant certaines responsabilités par leur enquête sans avoir à se déplacer. Montagnes, végétation, bâtiments, position du soleil ont été passés au crible avec l’aide d’outils tel que google earth et en partenariat avec des entreprises comme digital globe. Les journalistes ont également mis à contribution les réseaux sociaux et les pages personnelles de potentiels suspects pour identifier les auteurs des exécutions.
Cette enquête souligne les tentatives de la presse traditionnelle pour saisir pleinement les possibilités offertes par les outils numériques afin d’améliorer l’efficacité de leurs enquêtes en privilégiant l’interdisciplinarité et en sollicitant les compétences d’experts. Par conséquent, de telles initiatives permettent d’éviter les récurrentes appropriations politiques et idéologiques d’événements populaires sur internet.
[FACT-CHECKING]
Retour sur une enquête de @BBCAfrica concernant la vidéo des meurtres de 2 femmes et de 2 enfants au Cameroun. Sans jamais aller sur place, les journalistes ont pu identifier la date, le lieu et les auteurs : https://t.co/5qm4mGXEvw#FactCheck #Cameroun— Education médias (@Educmedias) 28 septembre 2018
Nantes au rendez-vous de la « fake news »
Le lieu unique proposait vendredi 28 septembre et samedi 29 septembre, son rendez-vous annuel des géopolitiques de Nantes.
À l’ère du numérique, on assiste à une véritable crise de confiance dans les médias traditionnels, laissant ainsi porte ouverte à la diffusion massive d’infox. Si la désinformation a toujours existé, celle-ci gagne toute son ampleur grâce à la force de diffusion et l’exposition offerte dans les nouveaux médias.
Invité au débat et de passage dans notre chère cité des ducs, Pierre Haski cofondateur de Rue 89 et président de Reporters sans frontières a donné ses clés de lectures auprès du journal Ouest-France afin de mieux appréhender le phénomène de “fake news”. Il exprime son désarroi face à la diffusion rapide des fausses informations, à cause du caractère viral et très attractif de ces dernières. Il évoque une « une triple crise simultanée », avec l’irruption d’internet modifiant le vieux modèle de la presse, la méfiance des citoyens envers les journalistes et une participation de chacun au cycle de l’information. Pierre Haski tente de raccrocher la force de la désinformation actuelle à la viralité du partage des contenus sur internet et conclut en précisant ‘ »qu’à partir du moment où on est dans le règne du tous pourris, il n’y a plus de société possible. Cela profite à ceux qui veulent générer le chaos. »
[INFOX] @OuestFrance a rencontré @pierrehaski lors de son passage à Nantes pour discuter « fake news » et désinformation.https://t.co/oYuZ1oyVYd #FakeNews #infox
— Education médias (@Educmedias) 9 octobre 2018
Les nouvelles arnaques sur les réseaux sociaux
L’œil du 20 heures de France 2 a fait la lumière cette semaine sur certaines publications et publicités mises en avant sur les réseaux sociaux. Il s’agit de formations en ligne et basés outre-atlantique qui échappent à la réglementation française et pour la plupart visent l’attention d’un jeune public. En effet, le secteur de la finance attire toujours autant de candidats chaque année à la sortie du secondaire et de nombreuses arnaques fleurissent autour de ces domaines notamment sur les réseaux sociaux.L’enquête révèle aussi un système pyramidal malsain dans un secteur omniprésent sur les réseaux sociaux et qui fascine beaucoup de jeunes rêvant d’endosser le costume de trader. L’utilisation des réseaux sociaux à des fins lucratives pour les marques est ancré dans le modèle de fonctionnement du gratuit sur internet depuis de nombreuses années. Toutefois, la souplesse des plateformes concernant ces arnaques et leur diffusion est également à questionner.
[RESEAUX SOCIAUX]@franceinfoplus a enquêté dans l’oeil du 20 heures sur les formations proposées via les réseaux sociaux et les problèmes qu’elles engendrent.https://t.co/AcNMqySQCP#reseauxsociaux #Facebook
— Education médias (@Educmedias) 9 octobre 2018
On se retrouve dans une semaine pour une nouvelle revue d’actualité autour de l’éducation aux médias.