Le metteur en scène et acteur Jonathan Capdevielle est partie du récit romanesque, plus précisément du roman familial, pour glisser vers le théâtre. Il construit une narration autour de scènes autobiographique qu’il manipule dans la perspective de remettre en question ce que l’on décide de mettre en avant dans un spectacle. L’entourage de Jonathan C. devient sa source d’inspiration, un élément moteur et une remise en question.
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La saga de Jonathan Capdevielle prend racine à la lisière d’une forêt dans la région de Tarbes, dans une boulangerie tenue par sa sœur Sylvie et son compagnon Alain, un boulanger gitan qui a fait de son fournil la plaque tournante de toute sorte de trafics (armes, faux chéquiers etc.). C’est là que le metteur en scène a grandi et que tout a commencé.
La narration apparaît très claire et suit de son télescope les personnages qui se dévoilent peu à peu à travers les scènes qui se nourrissent entre elles. La narration demande aux personnages d’aborder leurs rôles comme des conteurs (à l’image d’un griot ; les gardiens de la tradition en Afrique de l’Ouest) tout en manipulant avec précaution leurs corps pour se détacher de leurs mots. Nous regardons quelque chose et nous entendons quelque chose d’autre. C’est un peu comme d’être au musée d’histoire naturelle, d’observer un vivarium (pour ceux qui le peuvent) et d’entendre dans l’audioguide les particularités et les anecdotes des serpents face à nous, deux images qui se collent pour n’en former qu’une.
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Le jeu double permet également à Jonathan C. de prendre du recul sur son histoire. Il choisit de passer d’un Jonathan enfant à un Jonathan adulte. Cette mise à distance le rend spectateur de ce qui se déroule et permet aussi de redistribuer et peut-être s’effacer pour laisser de la place aux autres interprètes qui peuvent s’emparer de leurs rôles entièrement.
La place de la scénographie est une partie intégrante dans ce spectacle, c’est en quelque sorte une actrice mise à nu avec qui il faut jouer. L’unique décor se présente comme un grand rocher sur lequel les acteurs viennent escalader, s’adosser et hiberner.
Photo de tête : ©Estelle Hanania