23 novembre 2018

SAGA, toute une histoire qui ne laisse personne à l’écart

Il est des histoires, des fables qui nous rapprochent de notre parcours, de nos traditions, de nos cultures, de notre jeunesse et qui nous font du bien, SAGA est une de ces histoires.

SAGA, toute une histoire qui ne laisse personne à l’écart

23 Nov 2018

Il est des histoires, des fables qui nous rapprochent de notre parcours, de nos traditions, de nos cultures, de notre jeunesse et qui nous font du bien, SAGA est une de ces histoires.

Le metteur en scène et acteur Jonathan Capdevielle est partie du récit romanesque, plus précisément du roman familial, pour glisser vers le théâtre. Il construit une narration autour de scènes autobiographique qu’il manipule dans la perspective de remettre en question ce que l’on décide de mettre en avant dans un spectacle. L’entourage de Jonathan C. devient sa source d’inspiration, un élément moteur et une remise en question.

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La saga de Jonathan Capdevielle prend racine à la lisière d’une forêt dans la région de Tarbes, dans une boulangerie tenue par sa sœur Sylvie et son compagnon Alain, un boulanger gitan qui a fait de son fournil la plaque tournante de toute sorte de trafics (armes, faux chéquiers etc.). C’est là que le metteur en scène a grandi et que tout a commencé.

La narration apparaît très claire et suit de son télescope les personnages qui se dévoilent peu à peu à travers les scènes qui se nourrissent entre elles. La narration demande aux personnages d’aborder leurs rôles comme des conteurs (à l’image d’un griot ; les gardiens de la tradition en Afrique de l’Ouest) tout en manipulant avec précaution leurs corps pour se détacher de leurs mots. Nous regardons quelque chose et nous entendons quelque chose d’autre. C’est un peu comme d’être au musée d’histoire naturelle, d’observer un vivarium (pour ceux qui le peuvent) et d’entendre dans l’audioguide les particularités et les anecdotes des serpents face à nous, deux images qui se collent pour n’en former qu’une.

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Le jeu double permet également à Jonathan C. de prendre du recul sur son histoire. Il choisit de passer d’un Jonathan enfant à un Jonathan adulte. Cette mise à distance le rend spectateur de ce qui se déroule et permet aussi de redistribuer et peut-être s’effacer pour laisser de la place aux autres interprètes qui peuvent s’emparer de leurs rôles entièrement.

La place de la scénographie est une partie intégrante dans ce spectacle, c’est en quelque sorte une actrice mise à nu avec qui il faut jouer. L’unique décor se présente comme un grand rocher sur lequel les acteurs viennent escalader, s’adosser et hiberner.

 

Photo de tête : ©Estelle Hanania

C'est un exercice pour chercher à mieux me connaître, n'en doutez pas, ce que je propose m'est plus destiné, mais le jour où vous souhaitez que l'on dîne ensemble, j'aurais réussi mon pari.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017