11 septembre 2018

Saint-Barth Photo Festival : Objectif atteint pour une première

Petit nouveau sur le caillou, le Saint-Barth Photo Festival semble avoir fait sa place parmi les évènements incontournables de l’île. Après avoir rencontré l’organisatrice de l’évènement, Fragil tente de découvrir la recette du succès de ce festival.

Saint-Barth Photo Festival : Objectif atteint pour une première

11 Sep 2018

Petit nouveau sur le caillou, le Saint-Barth Photo Festival semble avoir fait sa place parmi les évènements incontournables de l’île. Après avoir rencontré l’organisatrice de l’évènement, Fragil tente de découvrir la recette du succès de ce festival.

L’activité culturelle ? Ce n’est pas ce qui manque à Saint-Barth. En effet, tout au long de l’année s’enchaînent le Festival de Musique, le Festival du Livre, le Festival de Théâtre ou encore le Festival du Cinéma. Cependant, un domaine manquait à l’appel : la photographie. Désirant combler ce manque, Marie Jeuffrain a décidé d’organiser le Saint-Barth Photo Festival. Diplômée de l’École du Louvre, elle s’est très vite passionnée pour l’organisation de festivals. Résidente sur l’île depuis un an et demi, elle est cependant une habituée du caillou depuis son enfance. Marie Jeuffrain a su marier son talent et ses connaissances de l’île pour offrir un festival de photos remarquable. De plus, malgré le contexte post-Irma, le Saint-Barth Photo Festival a pu compter sur le soutien de la Collectivité pour mener à bien ce projet.

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« Les différents artistes contactés ont immédiatement accepté de participer » M.Jeuffrain

Le festival doit sûrement son succès à la variété d’évènements qu’il proposait. Tout d’abord des expositions : au Musée Territorial étaient exposés les travaux du photographe martiniquais Jean-Luc de Laguarigue. A travers son objectif, le photographe caribéen nous transmet la beauté du bannissement : un village de son île natale évacué de ses habitants. En effet, la falaise soutenant les maisons risquait de s’effondrer suite à un séisme ou un cyclone. Les clichés de Jean-Luc de Laguarigue donnent une atmosphère de fin du monde plutôt magique qu’apocalyptique. Grâce aux fenêtres ouvertes sur la plage, le photographe joue avec les perspectives nous faisant voyager à travers les maisons abandonnées pour finir par plonger dans l’océan.

 

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/08/unnamed03.jpg » credit= »Jean-Luc de Laguarigue » align= »center » lightbox= »on » caption= »Nord plage, requiem pour une île » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Ses travaux rendent presque palpables des murs à la texture rugueuse, porteurs de l’histoire de ce village. Dans une deuxième salle, Jean-Luc de Laguarigue nous fait découvrir sa Martinique : un portrait en noir et blanc d’Aimé Césaire, les cases locales ou des photomontages étonnants.

Cependant, comme le dit Marie Jeuffrain « Tout le monde n’a pas le réflexe d’aller au musée ». Alors, pour toucher un plus large public, Saint-Barth Photo Festival a joué la carte de l’originalité en exposant des photos en plein air. Les clichés de l’expédition maritime de la famille Poupon se déploient le long de la route parallèle à l’aéroport. De ce fait, cette exposition a su étonner les habitants de l’île par son audace et par ces paysages glaciaires, contrastants avec la chaleur de l’île. Ces photographies nous font voyager sur les pas de leur voilier Fleur Australe, voguant entre la banquise et le désert, appréciant les simples plaisirs de la nature comme un coucher de soleil sur la mer translucide. Habitués de l’île, la famille d’aventuriers a tout de suite accepté d’exposer à Saint-Barth les photographies de leur voyage autour du monde. Une expédition avec plusieurs objectifs mais dont la principale aspiration était de sensibiliser les enfants à la protection des océans. De plus, lors d’une des trois projections organisées également par le festival, la famille Poupon-Danon a diffusé un de leur documentaire « Une fleur dans le Grand Nord ».

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/09/IMG_4569.jpg » credit= »Jean-Philippe Piter » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

« Les habitants ont apprécié le festival dans sa globalité »

Les artistes internationaux n’étaient pas les seuls mis à l’honneur durant le festival. Le Saint-Barth Photo Festival a aussi révélé aux habitants de l’île des talents locaux. En effet, une exposition entière leur était consacrée permettant à des jeunes originaires de Saint-Barth ou des alentours de voir leur travail récompensé. Lors de cette exposition présentant photographies du monde entier, l’accent était cependant porté sur les charmes de l’île. Des ses traditions culturelles à ses paysages variés, les jeunes photographes ont su capturer les trésors de Saint-Barth. Avec simplicité, nous sont exposés les costumes ou les mets locaux, partie intégrante des attraits de l’île. Ou encore, des couchers de soleil éblouissants ou des paysages nocturnes aux mille et une étoiles attestent de l’œil talentueux de ces jeunes passionnés.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/09/IMG_4574.jpg » credit= »Geraldine Danon » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Lors de ce festival , les artistes locaux ont interagi directement avec le public grâce à des ateliers photos. Meilleur moyen pour toucher le public, les photographes dirigeaient ces ateliers afin de rencontrer les passionnés de l’île. De plus, il y en avait pour tous les goûts et pour tous les âges : ateliers sur l’architecture, portrait, timelapse, voie lactée… Ces ateliers ont remporté un réel succès durant le festival. Comme le remarque Marie Jeuffrain « il n’y a pas de cours de photographie sur l’île », ainsi grâce à ces ateliers les passionnés de la photographie, amateurs ou professionnels, ont pu échanger et en apprendre un peu plus sur l’art de photographie.

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/09/IMG_4572.jpg » credit= »Geraldine Danon » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

« Plus qu’une simple expo, c’était un vrai partage »

Ainsi, il semblerait qu’une des recettes du succès de cette première édition tient à cet échange constant avec le public. En effet, les habitants de l’île ont été invité à participer de diverses façons au festival : avec les ateliers, mais également lors d’un concours photo ouvert à tous. De plus, un des prix du concours « Saint-Barth libre comme l’art » était décerné selon les votes du public sur les réseaux sociaux. Les lauréats, dont un amateur de la photographie, nous ont offert des clichés aux univers totalement différents. Pourtant, un point commun les rassemblait, ils avaient su capturer le lieu et l’instant parfait. Extrait de la série « The place to be », une photographie surprenante du quartier d’Anse des Cayes : les nuages devenus pesants sous leur couleur rouge donnent une atmosphère fantastique à la scène ordinaire d’un surfeur quittant la plage.

 

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/08/unnamed02.jpg » credit= »Marc Grey » align= »center » lightbox= »on » caption= »The place to be » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

La série de photos « Places we don’t know » nous fait découvrir un lieu insolite de l’île : une grotte où la lumière s’infiltre telle une cascade, illuminant le mannequin d’une aura divine.

 

 

[aesop_image imgwidth= »60% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/08/unnamed.jpg » credit= »Ryan Borne » align= »center » lightbox= »on » caption= »Places we don’t know » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Seulement de passage sur l’île, Deborah Lilijegren a cependant su charmer le jury du concours avec sa série « The Serenity of Saint-Barth », photographies témoignant des beautés discrètes de l’île.

 

[aesop_image imgwidth= »40% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2018/08/unnamed04.jpg » credit= »Deborah Lilijegren » align= »center » lightbox= »on » caption= »The Serenity of Saint-Barth » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Finalement, Marie Jeuffrain considère cette première édition comme « une belle réussite ». Porteur de nouveauté et d’originalité le Saint-Barth Photo Festival a su toucher un public varié, déjà demandeur d’une prochaine édition. Le succès de cette première édition témoigne d’une attente des habitants de l’île dans ce domaine jusqu’ici peu représenté. Le Saint-Barth Photo Festival a donc révélé un public friand de photographies et des talents peu connus jusqu’alors. De plus, les paysages à immortaliser ne manquant pas sur l’île, c’est une ressource inépuisable pour tous les passionnés de photographie.

La deuxième édition sera-t-elle à la hauteur de la première ? Rendez-vous l’été prochain !

 

Photo de tête : © Souleyman Trarieux

Lycéenne de 17 ans, Albane aime écrire sur la danse, le théâtre ou la littérature. Originaire de Saint-Barth, elle a un regard différent sur l’actualité culturelle nantaise.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017