12 avril 2023

Saint-Jacques Story : le nouveau média des 4e sur Insta !

Accompagné·es par l'association Fragil entre mars et avril 2023, les élèves de 4e3 du collège Saint-Jacques de Compostelle ont découvert le journalisme en créant leur propre média sur Instagram.

Saint-Jacques Story : le nouveau média des 4e sur Insta !

12 Avr 2023

Accompagné·es par l'association Fragil entre mars et avril 2023, les élèves de 4e3 du collège Saint-Jacques de Compostelle ont découvert le journalisme en créant leur propre média sur Instagram.

« Ils vous ont répondu « rien » quand vous avez demandé à vos camarades ce qu’ils faisaient pendant la récréation ? « Rien », c’est justement un très bon début d’article. » Merwann Abboud, l’intervenant de l’association Fragil remonte le moral de deux élèves rentrés la tête basse de leur reportage. L’un deux acquiesce, un sourire en coin : « Mais oui, ça veut dire qu’ils s’ennuient ! ». Voilà Sacha et Axel rassurés, ils tiennent leur sujet et vont désormais pouvoir rédiger leur article comme le reste des élèves.

C’est la quatrième intervention d’un parcours de cinq séances de deux heures de découverte et de pratique du journalisme dans cette « classe média » de 4e du collège Saint-Jacques de Compostelle à Nantes. Financé par le Conseil départemental, ce projet permet aux journalistes en herbes de se questionner et comprendre la fabrique de l’info en créant leur propre média sur Instagram. Après une sensibilisation à l’univers de l’information, les élèves ont abordé les enjeux de la création d’un média en ligne à travers le choix d’une ligne éditoriale claire, celle de reportages sur le collège, trouver un nom qui fasse consensus, définir un « angle » à son sujet ou encore préparer une interview.

Pendant cette séance, les élèves réécoutent leurs interviews enregistrées sur le dictaphone de leur téléphone portable avant de rédiger leurs articles. L’intervenant de Fragil leur donne des consignes pour structurer leurs articles comme la rédaction du chapô. Les thèmes des reportages sont variés : l’homosexualité, la cantine, la récréation, les cours préférés des élèves, le CDI et le prix Manga, le harcèlement, les discriminations et le racisme. « C’est vraiment cool ! Au départ, j’ai eu du mal avec les interviews car je suis timide. Mais la professeure documentaliste nous a guidées pour aller voir les 3e et puis ça s’est bien passé, alors on a continué seules avec mon binôme », s’enthousiasme Mélina qui a interviewé 10 élèves dans tous les niveaux pour son sujet sur les cours. Deux élèves se sont également chargés de rédiger une bio et un logo pour le profil Instagram de leur média, le bien nommé « Saint-Jacques Story ».

Instagram, un point d’entrée essentiel pour l’EMI

« C’est vraiment une bonne surprise. Instagram, je n’aurais pas pensé à ça pour traiter du journalisme et aborder la semaine de la presse. C’est une manière différente d’impliquer les élèves et de leur montrer que ça peut les concerner », témoigne Claire Boscher, enseignante de Français, bien décidée à renouveler l’expérience l’an prochain.  Selon un sondage Ipsos pour Médias en Seine réalisé en novembre 2022, les jeunes Français témoignent d’un intérêt limité pour l’actualité : près d’un jeune sur deux déclare ne s’y intéresser qu’ « un peu ». Pourtant 94% des jeunes de 16 à 30 ans utilisent quotidiennement au moins un réseau social ou un média en ligne pour s’informer sur l’actualité. Instagram étant le plus souvent utilisé (48% l’utilisent au moins une fois par jour), ce réseau social représente donc un point d’entrée essentiel pour intéresser les jeunes à l’éducation aux médias.

Pendant la cinquième et dernière séance, les élèves de la classe média devront publier leurs articles accompagnés d’une photo directement sur le compte Instagram de la classe créé pour l’occasion. Ils devront également signer une charte de bon usage du compte afin de les responsabiliser sur leurs publications. Rendez-vous sur Saint-Jacques Story pour découvrir leurs réalisations !

Journaliste depuis 2010, je réalise des reportages et des documentaires pour la télévision (France 3, France 24, Maritima TV...). J'anime aussi des ateliers d'éducation aux médias depuis 2016. Mes thèmes de prédilection sont les sujets sociaux, l'histoire, la mémoire, le patrimoine et la culture. Fragil représente une belle opportunité pour faire de nouvelles rencontres et cultiver ma curiosité.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017