À Nantes, le rendez-vous annuel des musiques électroniques et des arts numériques nous a cette année entraînés dans les origines les plus profondes de la techno. Sous les Nefs, insonorisées par de gigantesques coussins d’air et rebaptisées « La Boîte », l’ambiance rappelle l’immense hangar des Halles Alstom qui accueillait auparavant le festival et lui donnait son esprit de free party. C’est dans ce gigantesque cocon et sous d’immenses boules à facettes, que Perturbator débute la grand-messe électronique, derrière un imposant autel anguleux. Sous les sons solennels et cérémonieux des synthétiseurs, Les Nefs n’ont jamais aussi bien porté leur nom.
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Si l’ensemble évoque une ambiance de film sombre des années 80, on sent que James Kent sort peu à peu de cette ambiance rétro pour se diriger de plus en plus vers l’électronique – tournant que marque d’ailleurs son dernier album, The Uncanny Valley, sorti en mai 2016. Certains accords rappellent des sons déjà entendus chez Boys Noize ou Vitalic, en gardant cette teinte lugubre qui caractérise le son de Perturbator. Un peu comme si Satan donnait un cours d’aérobic, ou qu’une course-poursuite en Ferrari dans les rues de Los Angeles se terminait en voyage dans l’espace.
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Techno chimique et métallique
Après cette célébration de la musique électronique old-school, direction la salle Maxi de Stereolux, transformée en gigantesque cube lumineux par le biais d’écrans tout en largeur encerclant le public et la scène. Andre Bratten y déploie une techno sombre et métallique. Plutôt calme et atmosphérique au départ, le son se fait de plus en plus nerveux et se teinte de pointes acides. Si la musique délivrée ce soir dans cette cage aux lumières devait être la bande-son d’un lieu, on penserait à une usine chimique abandonnée, où les bruits de bulles qui éclatent, de liquides bouillonnants et de métaux qui s’entrechoquent colorent les longues plages électroniques que déroule peu à peu le Norvégien. Conquis, le public bouge d’une seule vague au gré des rythmes placés par le DJ, qui nous emmène où il le veut et sans résistance dans son sombre set.
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La techno chaleureuse de Danny Daze s’attelle à réchauffer l’ambiance sous les Nefs et nous entraîne dans les clubs de Miami, puis de Detroit, dont le son froid et acéré fait référence dans le milieu de la techno. De l’electro toutefois un peu simple, qui fait danser le public mais ne nous transporte pas dans un univers à part comme certains DJ’s savent le faire. Pendant ce temps, Molecule attire les foules à l’entrée de la salle Maxi, et une longue file d’attente se déploie devant l’unique accès, très vite saturé. Tant pis, on passe notre tour en espérant goûter à sa minimale subaquatique une autre fois…Une fois la salle Maxi libérée, la Hambourgeoise Helena Hauff renoue avec la techno des débuts en mixant sur vinyle. Très lugubre, elle montre que l’on n’est pas là juste pour faire la fête entre copains et agiter les bras en l’air sur une musique d’ambiance : le son d’Helena Hauff s’écoute religieusement et se vit presque comme un concert de rock.
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Après toutes ces découvertes, il est temps de retourner sous la Boîte pour assister à la prestation d’Agoria. Mais alors que tous les artistes présents ce soir ont déployé leur propre univers, plein de clins d’œil à la techno de Détroit ou aux origines de la musiques électronique, la tête d’affiche s’avère plutôt décevante et trop simple par rapport aux rythmes et ambiances complexes entendues toute la soirée. Son duo avec Jacques, programmé plus tôt dans la salle micro, allie guitare et machines, ce qui adoucit cette fin de soirée après une montée en puissance et en noirceur des prestations précédentes.
En quittant les Nefs, la techno de Paula Temple, qui clôture cette nuit electro, résonne encore dans tout le corps et rappelle à quel point les musiques électroniques sont composées de centaines de paysages et d’univers différents. L’an prochain, on espère pouvoir se dédoubler pour tout voir…
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