23 septembre 2019

Se nourrir avec la terre

A Cosmopolis, durant presque un mois, du 16 septembre au 13 octobre 2019, le thème de l’alimentation est abordé au travers d’expositions, de conférences, de débats et d’ateliers participatifs. Ce sont tous les enjeux, les questions liées à l’alimentation mondiale dans ce contexte de changement climatique que l’on peut découvrir de façon pédagogique et artistique. C’est aussi l’occasion de prendre connaissance des expériences lointaines et locales.

Se nourrir avec la terre

23 Sep 2019

A Cosmopolis, durant presque un mois, du 16 septembre au 13 octobre 2019, le thème de l’alimentation est abordé au travers d’expositions, de conférences, de débats et d’ateliers participatifs. Ce sont tous les enjeux, les questions liées à l’alimentation mondiale dans ce contexte de changement climatique que l’on peut découvrir de façon pédagogique et artistique. C’est aussi l’occasion de prendre connaissance des expériences lointaines et locales.

L’installation de cette exposition est agencée autour de 3 espaces.

Tour du monde

La première salle met en valeur les photos des journalistes américains Peter Menzel et Faith Aluiso avec un intitulé « Hungry planet : ce que mange le monde ». Ces deux professionnels ont parcouru plus de 30 pays à la recherche des habitudes alimentaires passant du Mexique à l’Inde, l’Italie, les Philippines… et bien d’autres encore.

Les photos montrent tous les ingrédients utilisés dans les repas quotidiens des familles rencontrées. Elles laissent apparaitre les ressemblances, les différences autour des produits, mais aussi les emballages, les produits transformés, et la diversité des aliments utilisés suivant le contexte de la famille et la culture de chaque pays. De plus, sous chaque photo est proposé un encadré qui décrit la méthode de cuisson, la conservation des aliments et leur coût hebdomadaire pour une cuisine du quotidien. Cela rend la vie de ces familles concrète et presque familière. En outre, cela nous informe sur la réalité économique de chaque pays.

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2019/09/IMG_20190917_144011135.jpg » credit= »Elisabeth Petit » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

Agriculture intensive

A l’entrée de la salle suivante, un film de 3 minutes est diffusé en continu : « Deezoom » de Simon Buisson et Ludovic Zuilli. La particularité de ce film est d‘avoir été tourné avec un drone. Il montre ainsi de façon saisissante à Alméria la méga ferme de l’Europe et des fermes circulaires en Arabie saoudite. Il décrit bien le gigantisme de cette agriculture industrielle.

Dans le prolongement se présente une enfilade de panneaux intitulés :

Nourrir la planète : le futur commence aujourd’hui, exposition conçue par l’association « Les autres possibles ».

Pour introduire le sujet, il s’agit de sensibiliser le public au fait qu’en 2050 nous serons 10 milliards d’humains sur la planète ; alors, dans ce contexte, comment assurer une nourriture saine et suffisante ? Chaque panneau est construit de la même manière : un titre, des informations générales et chiffrées, une rubrique « que faire ? » qui apporte des propositions, et un autre encadré montrant un exemple d’expérience concrète menée dans le monde. Le bas du panneau apporte des perspectives concrètes illustrées par des dessins, schémas ludiques et colorés.

[aesop_image imgwidth= »50% » img= »https://www.fragil.org/wp-content/uploads/2019/09/IMG_20190917_144841971_BURST001.jpg » credit= »Elisabeth Petit » align= »center » lightbox= »on » captionposition= »left » revealfx= »off » overlay_revealfx= »off »]

La terre mère

La dernière salle présente une installation artistique, conçue par l’association « la Luna » et des partenaires et habitants du quartier de Bellevue à Nantes, autour du thème de l’alimentation présentant un banquet. Avec, en arrière plan, deux films diffusés en continu mettant en scènes de façon originale et symbolique de ce qui est nommé la Pachamana, c’est-à-dire notre terre mère. En regardant les installations au sol fabriquées à base de tissu, on découvre des recettes de cuisines illustrées. A coté des robes de tulle suspendues, apparaissent à l’intérieur des statuettes d’argiles fabriquées par les habitants, et bien d’autres choses encore tout cela dans des tons très doux, une ambiance riche, apaisante et hautement illustratrice du sujet.

A la sortie, ne pas oublier pas d’aller regarder quelques photos prises à « Scopeli », supermarché coopératif à Rezé, qui propose des produits bio et locaux tenus par des citoyens qui sont tous acteurs du fonctionnement de cette épicerie pas come les autres.

S’informer et comprendre

Cette belle exposition donne une vision globale du sujet, permet de s’informer, de comprendre, donne des perspectives pour résoudre les enjeux mondiaux autour de ce sujet de l’alimentation. Elle pourrait être un support pédagogique intéressant et utile par exemple pour des scolaires et dans tous des lieux où on accompagne des jeunes, comme outil de sensibilisation et de débat sur toutes les sujets abordés et bien sûr pour tout citoyen.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017