31 octobre 2024

« Siamo Tuttx », la nouvelle émission de la radio associative Prun’

« Siamo Tuttx », nouvelle émission de Prun', souhaite redonner ses lettres de noblesse à l’antifascisme. Chaque mois, l’équipe invite des acteur·ices de la vie quotidienne pour rendre cette lutte plus accessible et inclusive. L’émission ouvre la voie à des réflexions et des actions concrètes, où chaque voix peut contribuer à un monde plus juste.

« Siamo Tuttx », la nouvelle émission de la radio associative Prun’

31 Oct 2024

« Siamo Tuttx », nouvelle émission de Prun', souhaite redonner ses lettres de noblesse à l’antifascisme. Chaque mois, l’équipe invite des acteur·ices de la vie quotidienne pour rendre cette lutte plus accessible et inclusive. L’émission ouvre la voie à des réflexions et des actions concrètes, où chaque voix peut contribuer à un monde plus juste.

Tous les premiers samedis du mois, de midi à 13 h, « Siamo Tuttx« , nouvelle émission de Prun’, radio associative locale, propose une approche de l’antifascisme plurielle et inclusive. Ce projet est né après plusieurs semaines de mobilisation pour répondre aux sondages qui prédisaient une victoire du Rassemblement National.

Pour en savoir plus, Fragil est allé à la rencontre de Céleste et Héloïse, deux des membres fondateur·ices. « La thématique centrale, c’est l’antifascisme, mais notre but est d’aborder de nombreux autres sujets autour, notamment les questions décoloniales, féministes et écologiques », explique Céleste.

Un antifascisme accessible et inclusif : de nouvelles voix sur Prun’

L’émission puise son inspiration d’un livre de Umberto Eco, « Reconnaître le fascisme« , issu d’un de son discours de 1995 pour les cinquante ans de la librération de l’Europe. Eco, qui a grandi sous le régime de Mussolini, y identifie 14 signes avant-coureurs du fascisme, rappelant qu’un seul suffit pour alerter. L’équipe s’en sert comme guide : chaque point les mène à inviter des intervenant·es. Pour le titre de l’émission, iels se sont rassemblés autour du slogan italien né dans les années 20 « Siamo tutti antifascisti » qui se traduit par « Nous sommes tous antifascistes », ainsi « Siamo tuttx » serait sa forme inclusive, amenant le slogan au delà des binarités de genre.

Pour répondre à ce besoin d’ouverture, l’équipe a choisi de rester en mixité choisie MINT ( Meufs, personnes Intersexes, Non-binaires, Transgenres, ndlr). Loin des clichés des blacks blocs, « Siamo Tuttx » veut faire de l’antifascisme une cause accessible et accueillante. Pour Heloïse, « l’antifascisme ne devrait pas être un gros mot», rappelant qu’il s’agit avant tout d’un engagement contre les oppressions.

Des réflexions pour demain : s’inspirer et agir contre les oppressions

Chaque émission explore un thème, et invite des acteur·ices de tous les jours qui ne se revendiquent pas forcément de l’antifascisme. Samedi 2 novembre, iels inviteront le Cercle du Marronnage, collectif nantais afrodescendant et panafricain qui met en avant les histoires, les cultures et les résistances de la diaspora africaine. Avec ses invité·es, l’équipe cherche à construire un monde où chaque voix a sa place, pour Céleste «on ne lutte pas contre le système qu’on veut voir détruire, on vit dans le système qu’on veut déjà voir advenir».

L’émission offre une porte d’entrée vers des réflexions et des actions concrètes. Avec des échanges riches et des ressources pour approfondir ses connaissances, rendez-vous chaque premier samedi du mois sur Prun’ ou en podcast.

Plus vite, plus fort, et à plus grande échelle : c’est dans l’idée de se construire comme journaliste et faire porter la voix des autres qu’elle a rejoint Fragil.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017