12 février 2018

Snapchat, pourquoi les jeunes en sont fous et les vieux n’y comprennent rien?

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué mais Snapchat devient peu à peu le réseau social utilisé par tous les jeunes (de moins de 30 ans) et pourtant si souvent méconnu par les plus âgés. Pourquoi ? Quelle utilité si importante les jeunes y trouvent-ils ? Voici les questions auxquelles Fragil va tenter de répondre.

Snapchat, pourquoi les jeunes en sont fous et les vieux n’y comprennent rien?

12 Fév 2018

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué mais Snapchat devient peu à peu le réseau social utilisé par tous les jeunes (de moins de 30 ans) et pourtant si souvent méconnu par les plus âgés. Pourquoi ? Quelle utilité si importante les jeunes y trouvent-ils ? Voici les questions auxquelles Fragil va tenter de répondre.

Créée en septembre 2011, l’application Snapchat divise souvent les familles. Les adultes ne comprennent pas l’utilité de ce nouveau réseau social, le désapprouve voire le trouve débile. Pourtant les adolescents en sont dingues et y passent beaucoup de temps. 26% des 13-19 ans étaient inscrits en 2016 et ce chiffre a bondi jusqu’à 57% en 2017.

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Mais au fait, c’est quoi Snapchat ?

Née dans la Silicon Valley, Snapchat est un réseau social disponible uniquement sur smartphone. C’est une application qui permet de communiquer en échangeant des photos accompagnées de messages éphémères, c’est à dire que l’expéditeur choisit le temps d’affichage de son « Snap » et que lorsqu’on reçoit une photo, elle disparait après l’avoir consultée. En parallèle à cette messagerie privée, les utilisateurs peuvent également poster des photos dans la story qui peut être vue publiquement pendant 24h. Il y a également dans la partie « Discover », des journaux comme le Monde, Cosmopolitan, L’Equipe, Vogue… qui publient des articles destinés aux jeunes.
Snapchat c’est aussi des bitmojis (un avatar interactif), des autocollants (pour décorer la photo), des flammes (symbole qui apparait à côté du nom d’un ami avec lequel on communique beaucoup), des memories (stockage de photos), de la géolocalisation, des filtres, des montages, dessins, voix déformée… On peut également suivre des gens connus ou des « Snapchateur » qui se filment en faisant ou en disant des trucs drôles.

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Pourquoi les jeunes en sont fous ?

Snapchat séduit les jeunes grâce à ses fonctionnalités originales et son utilité différente des autres réseaux sociaux. Pour Axelle, 15 ans, « Snapchat est important, il y a plein de fonctionnalités cool qui le différencie d’Instagram. »
Toutes ces fonctions plaisent beaucoup et sont très utilisées par les adolescents, par exemple Léonie 13 ans: « Snapchat est mon réseau social préféré je l’utilise tout le temps, c’est tellement mieux que Facebook ou d’autre. Je mets une story chaque jour et j’ai beaucoup de vues. J’ai les flammes avec plein de gens et j’ai presque toutes mes photos dans les memories. »
On note également que les jeunes apprécient ce réseau parce que leurs parents n’y sont pas: « C’est le seul réseau social que mes parents et vieux n’ont pas, donc je le préfère. En plus tous mes potes parlent par Snap donc c’est plus simple », déclare Jules 14 ans. La majorité des jeunes interrogés l’utilisent tous les jours. Voici leurs témoignages : « J’utilise Snapchat tous les jours, je filme en direct et instantanément les choses intéressantes que je fais la journée ou les lieux cools où je vais. » « Je l’utilise tous les jours et ça me permet aussi de parler avec mes amis de façon plus drôle ou moderne car c’est différent des autres réseaux.»
Pour la plupart, Snapchat est un moyen de rester en contact avec ses amis notamment avec ceux qui vivent loin: « J’appelle mes amis plus souvent par Snap qu’avec mon téléphone », nous confie Samanta 14 ans.
Il ne faudrait pas oublier l’incontournable effet de mode qui poussent les jeunes à s’imiter les uns et autres, au risque de se sentir exclu du groupe.
Globalement les avis sont tous positifs même si chacun en a une utilité différente.

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Pourquoi les vieux n’y comprennent rien ?

La plupart des plus de 35 ans n’ont pas Snapchat (seulement 11,7% de 35-44 ans selon ComScore) et ne savent pas ce que c’est ou comment s’en servir. Jérôme 45 ans, nous avoue : « Snapchat ? Je ne sais même pas ce que c’est ! J’en ai vaguement entendu parler ». Gilles 65 ans ne connait même pas ce réseau: « Non je n’ai pas Snapchat. Je crois que j’en ai entendu parler un jour mais je ne vois pas l’utilité que ça pourrait m’apporter. » Et pour Michel 60 ans, c’est un réseau trop avancé: « Ah c’est trop moderne pour mon époque ! Je suis dépassé par toute cette technologie. Je n’ai aucun réseau social. »
D’autres ne s’y intéressent pas ou le trouvent inutile, comme Guillaume 36 ans ou Charlotte 38 ans qui pensent que Snapchat ferait doublon avec leur utilisation de Facebook. Beaucoup n’ont pas Snapchat car leur entourage ne l’ont pas non plus: « Non pour moi Snapchat ne me servirait à rien car aucun de mes amis ou membre de ma famille ne l’a », poursuit Guillaume. Thomas 41 ans pense la même chose: « Je me suis crée un compte l’année dernière pour voir ce que c’était mais je n’ai pas compris l’utilité et je ne connaissais personne dessus, en plus ça me prenait de la mémoire donc je l’ai supprimé. »
Pour une minorité de parents, l’utilité de Snapchat consiste à rester en contact avec leurs enfants comme Aurélie 40 ans : « Oui j’ai Snapchat parce que mes filles l’ont aussi, mais je ne l’utilise presque pas, je crois que je ne sais pas bien m’en servir… »
Ce qui ressort de cette petite enquête c’est que les plus âgés ne voient aucun intérêt dans ce réseau social et c’est pour ça qu’ils le critiquent. De plus on remarque qu’ils ont leur réseau social : Facebook.

 

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Tant mieux!

Pour résumer les jeunes sont fous de Snapchat pour différentes raisons : ils s’y sentent plus libres et moins observés par leur parents, ils sont séduits par les nouveautés de ce réseau qui se différencie des autres, ils le trouvent plus cool et plus adapté à leur génération. Et il y a aussi l’effet mode de l’application : tous les jeunes l’utilisent, donc maintenant la plupart des ados communiquent essentiellement via Snapchat.

Sans oublier le fait qu’il n’y a pas de vieux sur ce réseau social, donc Snapchat c’est un peu le réseau des ados. Et tant mieux !

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Collégienne passionnée d'écriture et aspirante journaliste, Lou enquête sur les sujets sociaux de sa génération. Elle s'intéresse aussi à la danse et à la culture sous toutes ses formes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017