• Soirée d'échange sur le Liban
6 février 2025

Soirée de solidarité avec le Liban : les Nantais·es explorent la complexité de ce pays

Jeudi 30 septembre, se tenait au Solilab, une soirée d’échange pour mieux comprendre le Liban, entre enjeux géopolitiques, exposition de photos, témoignages de libanais.es et partage culturel.

Soirée de solidarité avec le Liban : les Nantais·es explorent la complexité de ce pays

06 Fév 2025

Jeudi 30 septembre, se tenait au Solilab, une soirée d’échange pour mieux comprendre le Liban, entre enjeux géopolitiques, exposition de photos, témoignages de libanais.es et partage culturel.

Jeudi 30 janvier, le Solilab a accueilli une soirée d’échange sur la cause libanaise, animée par Ziad Farhat, Franco-Libanais qui s’engage depuis plusieurs mois dans une mission d’information citoyenne. Entre analyses politiques, témoignages et découvertes culturelles, les participant·es ont plongé au cœur d’un pays aux multiples facettes, marqué par une histoire complexe et des enjeux géopolitiques mouvants. Dans un climat d’écoute et de partage, cette rencontre a mis en lumière la nécessité de la nuance pour comprendre le Liban, tout en offrant un espace de solidarité et d’ouverture à une culture riche, que ce soit à travers les témoignages, les échanges ou la gastronomie.

Ziad Farhat, franco-libanais

Ziad Farhat, franco-libanais, raconte l’histoire de son pays d’origine.

Témoignages, culture et solidarité

«Offrir un éclairage systémique et historique sur l’agression israélienne au Liban, et ainsi participer à un contre-pouvoir, à mon échelle, du discours médiatique répandu ces derniers mois». C’est avec cet objectif que Ziad Farhat anime cette soirée d’échange au Solilab. Déjà rencontré par Fragil en décembre pour un article sur le conflit au Liban et la désinformation qui l’entoure, il poursuit son engagement en apportant des clés de compréhension sur la complexité de ce pays, au croisement de multiples influences. La géographie du Liban et ses ressources en eau, son histoire multiconfessionnelle, ses crises passées et présentes, ainsi que les enjeux géopolitiques de cette région du monde ont été autant de sujets abordés pour éclairer les participants. Mais au-delà de l’analyse politique, la soirée était aussi une invitation à découvrir la richesse culturelle du Liban, notamment à travers une exposition de photographies et une expérience culinaire : un menu végétarien typique, préparé localement par M’kitchen (le restaurant du Solilab), était proposé aux participant·es, avec entrée, plat et dessert pour 10€.

Mieux comprendre la réalité du Liban au-delà des discours médiatiques dominants

Une trentaine de participant·es, âgé·es de 20 à 75 ans, se sont déplacé·es pour l’occasion. Leurs motivations étaient variées. Certain·es cherchaient à combler un manque d’information, comme Nicolas, informaticien dans la même entreprise que Ziad : « je suis hyper mal renseigné sur la situation au Liban, j’ai lu que les gros titres de la presse de gauche ». Conscient que cela ne suffit pas pour saisir la complexité de la situation, il compte sur cette soirée pour « avoir un point de vue de l’intérieur » et ainsi, enrichir sa compréhension géopolitique du Proche-Orient. Pour Samuel, un autre collaborateur de Ziad, la soirée est aussi l’occasion « de profiter des contacts locaux de Ziad (ndlr: ses proches du Sud-Liban) et avoir un autre point de vue de la réalité de ce que vivent les habitants là-bas».

La volonté de soutenir la cause défendue par l’intervenant était également forte, qu’il s’agisse d’une solidarité symbolique, par leur présence, tel qu’exprimé par Guilaine, une maman venue avec son fils adolescent : « être là avec des libanais·es, ça nous rapproche ». Mais également par un soutien pécuniaire : « ça nous permet de donner un coup de pouce » (une cagnotte a été mise en place pour soutenir la reconstruction des logements des habitants du sud-Liban). Enfin, pour beaucoup, cette soirée représentait aussi une occasion de s’ouvrir à une autre culture, d’élargir leur horizon et d’envoyer un message de proximité au peuple libanais.

Complexité et nuances

La soirée a permis à de mesurer toute la complexité du Liban, un pays marqué par une histoire dense et une population aux multiples sensibilités. Beaucoup ont pris conscience de la difficulté à appréhender pleinement les dynamiques qui traversent le pays, tant les forces en présence sont nombreuses et parfois contradictoires, y compris au sein des mêmes courants politiques ou religieux. Les influences étrangères ajoutent une couche supplémentaire de confusion, rendant l’analyse encore plus délicate. Pour illustrer cette complexité, Ziad cite un historien :

« Si vous pensez avoir compris la guerre civile au Liban, c’est qu’on vous l’a mal expliquée ».

Si tous·tes se disent enrichis par la présentation de Ziad et la richesse des échanges, beaucoup reconnaissent néanmoins la difficulté à établir une chronologie claire des faits et à démêler les différents enjeux. Un consensus s’est néanmoins dégagé : comprendre le Liban exige de la nuance, car aucun·e Libanais·e n’en raconte l’histoire de la même manière.

Un nantais de 28 ans engagé. Intéressé par la presse et les médias indépendants depuis de nombreuses années, sa récente intégration à Fragil n'est pas un hasard.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017