Jeudi 30 janvier, le Solilab a accueilli une soirée d’échange sur la cause libanaise, animée par Ziad Farhat. Entre analyses politiques, témoignages et découvertes culturelles, les participant·es ont plongé au cœur d’un pays aux multiples facettes, marqué par une histoire complexe et des enjeux géopolitiques mouvants. Dans un climat d’écoute et de partage, cette rencontre a mis en lumière la nécessité de la nuance pour comprendre le Liban, tout en offrant un espace de solidarité et d’ouverture à une culture riche, que ce soit à travers les témoignages, les échanges ou la gastronomie.
Témoignages, culture et solidarité
«Offrir un éclairage systémique et historique sur l’agression israélienne au Liban, et ainsi participer à un contre-pouvoir, à mon échelle, du discours médiatique répandu ces derniers mois». C’est avec cet objectif que Ziad Farhat anime cette soirée d’échange au Solilab. Déjà rencontré par Fragil en décembre pour un article sur le conflit au Liban et la désinformation qui l’entoure, il poursuit son engagement en apportant des clés de compréhension sur la complexité de ce pays au croisement de multiples influences. La géographie du Liban et ses ressources en eau, son histoire multiconfessionnelle, ses crises passées et présentes, ainsi que les enjeux géopolitiques de cette région du monde ont été autant de sujets abordés pour éclairer les participant·es. Mais au-delà de l’analyse politique, la soirée était aussi une invitation à découvrir la richesse culturelle du Liban, notamment à travers une exposition de photographies et une expérience culinaire : un menu végétarien typique, préparé localement par M’kitchen (le restaurant du Solilab), était proposé aux participant·es, avec entrée, plat et dessert pour 10€.
Mieux comprendre la réalité du Liban au-delà des discours médiatiques dominants
Une trentaine de participant·es, âgé·es de 20 à 75 ans, se sont déplacé·es pour l’occasion. Leurs motivations étaient variées. Certain·es cherchaient à combler un manque d’information, comme Nicolas, informaticien dans la même entreprise que Ziad : « je suis hyper mal renseigné sur la situation au Liban, j’ai lu que les gros titres de la presse de gauche ». Conscient que cela ne suffit pas pour saisir la complexité de la situation, il compte sur cette soirée pour « avoir un point de vue de l’intérieur » et ainsi, enrichir sa compréhension géopolitique du Proche-Orient. Pour Samuel, un autre collaborateur de Ziad, la soirée est aussi l’occasion « de profiter des contacts locaux de Ziad (ndlr: ses proches du Sud-Liban) et avoir un autre point de vue de la réalité de ce que vivent les habitants là-bas».
La volonté de soutenir la cause défendue par l’intervenant était également forte, qu’il s’agisse d’une solidarité symbolique, par leur présence, tel qu’exprimé par Guilaine, une maman venue avec son fils adolescent : « être là avec des Libanais·es, ça nous rapproche ». Mais également par un soutien pécuniaire : « ça nous permet de donner un coup de pouce » (une cagnotte a été mise en place pour soutenir la reconstruction des logements des habitants du Sud-Liban). Enfin, pour beaucoup, cette soirée représentait aussi une occasion de s’ouvrir à une autre culture, d’élargir leur horizon et d’envoyer un message de proximité au peuple Libanais.
Complexité et nuances
La soirée a permis à de mesurer toute la complexité du Liban, un pays marqué par une histoire dense et une population aux multiples sensibilités. Beaucoup ont pris conscience de la difficulté à appréhender pleinement les dynamiques qui traversent le pays, tant les forces en présence sont nombreuses et parfois contradictoires, y compris au sein des mêmes courants politiques ou religieux. Les influences étrangères ajoutent une couche supplémentaire de confusion, rendant l’analyse encore plus délicate. Pour illustrer cette complexité, Ziad cite un historien :
« Si vous pensez avoir compris la guerre civile au Liban, c’est qu’on vous l’a mal expliquée ».
Si tous se disent enrichis par la présentation de Ziad et la richesse des échanges, beaucoup reconnaissent néanmoins la difficulté à établir une chronologie claire des faits et à démêler les différents enjeux. Un consensus s’est néanmoins dégagé : comprendre le Liban exige de la nuance, car aucun·e Libanais·e n’en raconte l’histoire de la même manière.