Petite, Sophie Baudry était déjà attirée par les matériaux liés à la broderie : « Je collectionnais tous les fils, tous les boutons, toutes les perles que je trouvais. Je faisais des petits colliers, des trucs d’enfants. » Plus tard, elle se dirige naturellement vers la mode et suit un BTS en design mode. Alors qu’elle prépare son projet de fin d’année en utilisant la broderie, elle sent que c’est son médium. Elle a tout de suite une affinité avec cette pratique et continue à explorer la broderie en passant le diplôme métier d’art à Rochefort. C’est l’occasion pour elle de découvrir la haute couture en faisant un stage pour le prestigieux atelier Vermont. Elle poursuit la broderie artistique depuis.
Avec l’envie de renouveler ses pratiques, elle suit un Master en Arts plastiques qu’elle obtient en 2021.
Je viens à la fois des Arts Appliqués et des arts plastiques, c’est la technique aussi qui est très importante pour moi.
Aujourd’hui Sophie Baudry, après avoir perfectionné son geste au fil des années, est à la fois artisane d’art, artiste plasticienne et brodeuse pour le vêtement.
Elle a d’ailleurs noué une collaboration avec le couturier Alfredo Vaez, pour lequel elle crée, depuis 2014, des accessoires : ceintures, bretelles, manchons, colliers et travaux d’incrustation.
Pour sa broderie actuelle, elle précise qu’il s’agit de la peinture à l’aiguille. Elle utilise beaucoup de « matières naturelles dont la soie, pour sa propriété très vivante ». Quant aux tissus, elle aime les dénicher dans les vide-greniers, chez Emmaüs aussi. Elle travaille beaucoup avec la lumière : les mats et les brillances, elle explique d’ailleurs : « La plupart des broderies bougent tout au long de la journée en fonction du temps, de la lumière. »
Blue note
Si son exposition s’appelle « Blue Note », c’est parce que « j’utilise mon roman personnel et familial aussi » nous dit-elle.
La couleur bleue trouve son origine dans son admiration pour le travail d’Yves Klein. Et la « Blue Note », c’est aussi parce que son père écoute beaucoup de jazz et qu’ado, elle avait horreur de cette musique. Elle confie aussi « Dernièrement, je me suis mise à écouter des sons un peu jazzy et de plus en plus. Et en fait le jazz, c’est une musique qui s’apprivoise. Ça demande une certaine maturité. J’ai enfin plaisir à en écouter et surtout j’aime beaucoup l’état dans lequel ça me met pour créer. » Le côté doux, confortable et en même temps déstabilisant du jazz fait écho à sa pratique : « Je fais des choses à la fois qui sont belles et des choses qui sont déroutantes et perturbantes. ».
Il est difficile à Sophie de donner une estimation du temps passé sur une œuvre car il y a « le temps de faire de la recherche, le temps de faire des erreurs et de recommencer ». L’œuvre, elle-même, est fluctuante, elle peut être reprise et transformée à l’envi.
Bien que Sophie Baudry évoque aussi les difficultés de son métier, du fait d’être une femme artiste, elle conclut par « Je n’ai pas du tout envie de m’arrêter. Je pense que ça peut marcher. Il faut juste un peu de temps pour se faire connaître aussi ! »
Exposition « Blue Note » et vente d’œuvres jusqu’au 10 décembre dans la Cabine d’Alfredo Vaez – 5 rue Kleber à Nantes du mercredi au dimanche de 11h à 18h.
Le travail de Sophie Baudry est aussi à découvrir sur Instagram.