13 novembre 2019

Sugar Sammy, un fucking one man show !

L'humoriste canadien d'origine indienne, Sugar Sammy, était sur la scène de la cité des congrès le mardi 5 novembre dernier. Installé en France depuis environ trois ans, le québécois a minutieusement observé les habitudes bien françaises pour en tirer un spectacle décapant. Retour sur ce one man show sans limite et sans tabou.

Sugar Sammy, un fucking one man show !

13 Nov 2019

L'humoriste canadien d'origine indienne, Sugar Sammy, était sur la scène de la cité des congrès le mardi 5 novembre dernier. Installé en France depuis environ trois ans, le québécois a minutieusement observé les habitudes bien françaises pour en tirer un spectacle décapant. Retour sur ce one man show sans limite et sans tabou.

Bien installé dans l’auditorium 800 de la salle des congrès, le public nantais a tout d’abord assisté à la première partie du spectacle animée par Noman Hosni.

Parmi toutes ses anecdotes, il nous a raconté sa rencontre avec un indien prénommé Blédar qui a osé se moquer de son prénom Noman, qui en anglais prend une toute autre signification. Ensuite, malgré la présence de jeunes enfants d’une dizaine d’années au premier rang à qui il a demandé de se boucher les oreilles, l’humoriste d’origine irakienne nous a dévoilé « entre potes » ses déboires sexuelles, notamment une sombre histoire mêlant une masseuse et son anus.

Fucking Sugar Sammy

Vêtu d’un tshirt blanc sous une veste en cuir noir, son costume habituel, Sugar Sammy a déboulé sur scène et a directement dégainé sa première vanne : « j’adore jouer en France, mon pays arabe préféré ! ». En enchaînant immédiatement par une recommandation : « Si vous n’avez pas aimé cette vanne, vous n’allez pas aimer le spectacle ! ».

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Dès le début de son one man show, il a interagi avec le public en commençant par demander le métier d’un homme au premier rang : « je vends des photocopieuses. » Une aubaine pour l’humoriste qui s’est emparé de cette réponse pour en faire une vanne : « non, monsieur, désolé, mais plus personne n’achète de photocopieuses ». Il a ensuite régulièrement rebondi sur cette vanne avec son accent québécois et en ponctuant ses remarques de réguliers « fucking ».

L’humoriste a, pendant plus d’une heure et quart, démonté toutes les habitudes françaises qu’il a pu observer depuis plus de trois ans. Tout y est passé : des serveurs parisiens aux hommes politiques en passant par une critique amusée des femmes : « elles ont toujours quelque chose à nous reprocher… même quand on dort !!! ».

Tous des 35 euros !

Sans tabou ni limite, Sugar Sammy n’a eu de cesse d’interagir avec le public. Il a notamment demandé au public de citer en français tous les synonymes de faire l’amour, en rebondissant avec humour sur chaque proposition. Il a ensuite discuté avec une médecin généraliste installée au fond de la salle : « ça gagne bien ça généraliste ? » a-t-il demandé, créant un malaise dans la salle. « Ah, vous n’aimez pas parlé de ça, vous les Français, c’est tabou. En tout cas, tu gagnes moins que le vendeur de photocopieuses, il est assis au premier rang ! ». Il a enchaîné en dévoilant que, pour lui, nous n’étions pas des spectateurs, mais « vous êtes des 35 euros » (le prix du billet).

L’artiste et son public

Au terme de ce one man show brillamment mené, l’humoriste a invité les spectateurs à le retrouver dans la hall de l’auditorium pour une séance de dédicaces : « Priorité aux enfants du premier rang et à tous ceux que j’ai vannés pendant le spectacle. » Une longue queue s’est donc créée sur les marches de la cité des congrès et, quelques minutes après que le rideau soit tombé, Sugar Sammy a retrouvé son public.

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Si vous n’avez pas peur de « l’indien », comme il se surnomme, allez voir ce spectacle décapant qui vous fera pleurer de rire… ou pas.

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017