7 février 2024

« Supernovæ » : Géraldine Polès et Géraldine Joséphine s’exposent à la HAB Librairie

Vendredi 26 janvier avait lieu le premier vernissage de l’année à la librairie de la HAB galerie : « Supernovae ». Une exposition à quatre mains mettant en lumière le travail de deux artistes nantaises, Géraldine Polès et Géraldine Joséphine, qui se découvre jusqu’au 9 mars 2024 sur l’île de Nantes.

« Supernovæ » : Géraldine Polès et Géraldine Joséphine s’exposent à la HAB Librairie

07 Fév 2024

Vendredi 26 janvier avait lieu le premier vernissage de l’année à la librairie de la HAB galerie : « Supernovae ». Une exposition à quatre mains mettant en lumière le travail de deux artistes nantaises, Géraldine Polès et Géraldine Joséphine, qui se découvre jusqu’au 9 mars 2024 sur l’île de Nantes.

Elles s’appellent toutes les deux Géraldine et exposent en ce moment un projet pensé et fabriqué à deux, sur les murs de la librairie de la HAB, qui jouxte la galerie d’art du Voyage à Nantes. Géraldine Polès et Géraldine Joséphine, deux illustratrices nantaises aux parcours différents, ont convergé autour d’une amitié et d’une envie de créer ensemble. Fragil est allé à la rencontre de ces deux créatrices qui ont pris au mot le sujet de leur exposition « Supernovæ » : une explosion de couleurs, de formes et de mots ainsi qu’une micro-édition à manipuler.

Géraldine Polès en pleine présentation de « Supernovae » lors du vernissage du 26 janvier, à la HAB librairie. (Photographie : Margaux Manchon)

« L’idée, c’était d’avoir une forme brève mais aussi une forme explosive : faite de fragments, éclatée, quelque chose de complètement nouveau. » Géraldine Polès

Bonjour Géraldine et bonjour Géraldine ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour les Nantais.es qui ne vous connaîtraient pas ?

Géraldine Joséphine : Je suis tatoueuse et illustratrice. J’aime le rose fluo, les paysages bretons et le beurre salé of course ! Mon univers ponctué d’imprimés et de textures mêle le réel et la rêverie avec une palette de couleurs intense.

Géraldine Polès : Depuis ma sortie des Beaux Arts en 2017, j’ai été impliquée dans plusieurs co-créations, notamment au tout début de Maison Fumetti. Après ça j’ai pas mal collaboré avec la presse pour du travail de commande, j’ai été prof pendant plusieurs années. Petit à petit, j’ai continué ma pratique de l’illustration tout en cherchant à explorer un maximum : soit du print, ça passe par la sérigraphie, soit du volume, ça passe par la céramique, ou l’édition. Ça c’est vraiment quelque chose qui compte beaucoup pour moi : fanzine, micro-édition !

Géraldine Joséphine zébrée et bien entourée lors du vernissage de « Supernovae » le 26 janvier à la HAB librairie. (Photographie : Margaux Manchon)

Supernovae, c’est l’explosion d’une étoile. Pourquoi avoir choisi ce titre pour votre exposition ?

Géraldine Joséphine : Déjà, petit secret, on a dû choisir le titre et commencer la communication de l’exposition avant d’avoir produit quoi que ce soit ! La thématique des astres et de l’espace sont des sujets qui nous inspirent et qu’on intègre dans nos productions personnelles donc ça collait bien.

Géraldine Polès : Oui, ce sont des phénomènes interstellaires qui m’intéressent grandement, la dimension poétique plus que la dimension scientifique d’ailleurs. En discutant avec Géraldine, on avait vraiment envie de trouver une forme qui nous permettrait de symboliser notre rencontre amicale mais aussi artistique. L’idée, c’était d’avoir une forme brève mais aussi une forme explosive : faite de fragments, éclatée, quelque chose de complètement nouveau.

Géraldine Joséphine : On a beaucoup aimé le fait que ce soit une explosion qui dégage tellement d’énergie qu’elle éclipse tout pendant un temps. C’était une manière de poser nos intentions sur ce projet. En plus, je trouve que ça illustre bien le processus créatif de notre exposition…

« Ce n’est pas forcément facile d’avoir ces opportunités en illustration. Donc il faut les créer. Après il faut trouver les bonnes personnes pour le faire. » Géraldine Joséphine

L’accrochage de l’exposition « Supernovae » est pensé comme un éclatement interstellaire. (Photographie : Margaux Manchon)

« Il y a quelque chose de très grisant à créer un nouveau territoire à deux. » Géraldine Polès

Justement, en parlant de processus créatif : c’est comment de fabriquer une expo à quatre mains ?

Géraldine Joséphine : C’est génial, très stimulant et joyeux ! Et puis ça porte, aussi. Je travaillais beaucoup en équipe dans mon premier métier (scénographe d’exposition) et ça me manque. Ce n’est pas forcément facile d’avoir ces opportunités en illustration. Donc il faut les créer. Après il faut trouver les bonnes personnes pour le faire. C’était la première fois qu’on travaillait ensemble avec Géraldine. On a eu l’intuition que ça pourrait bien fonctionner et c’était le cas.

Géraldine Polès : On avait très envie de trouver un moyen de présenter nos écritures graphiques respectives mais on ne voulait pas tomber dans un accrochage où on mettrait nos dessins côte à côte. Pour nous, l’enjeu c’était de créer un nouveau langage mais de le co-créer, ensemble. De façon à brouiller les pistes, de nous laisser carte blanche entre nous. Se laisser surprendre par ce que l’autre va proposer : il y a quelque chose de très grisant à créer un nouveau territoire à deux.

L’accroche de Géraldine Polès et Géraldine Joséphine est venu réchauffer les murs de la HAB librairie. (Photographie : Margaux Manchon)

Comment s’est passée votre collaboration avec la HAB librairie ? C’était une évidence d’exposer là-bas ?

Géraldine Polès : La collaboration avec la librairie s’est très bien passée, c’était assez fluide. Pour ma part c’est un endroit que je connais depuis plusieurs années.

Géraldine Joséphine : « Supernovæ » est un projet empirique dans le fond et la forme. C’est à dire qu’au départ on a proposé un atelier qu’on animerait à deux à la librairie de la Hab. On nous a répondu favorablement et on nous a également proposé d’exposer. On était ravies, ça a nourri notre envie de travailler ensemble Géraldine et moi et c’était l’occasion de pousser notre collaboration plus loin. Paf « Supernovæ » est née et c’est un peu grâce à la librairie de la HAB. L’équipe était très enthousiaste de notre proposition et nous a fait confiance du début à la fin. Je suis très heureuse de pouvoir exposer là-bas.

Géraldine Polès : Oui, iels nous ont très vite fait confiance et on avait confiance en cette équipe-là : en fait tout le monde s’est fait confiance sans trop savoir où ça allait !

« Avec « Supernovae » on avait vraiment envie d’expérimenter et de créer un langage visuel à deux. » Géraldine Joséphine

Echantillon de l’exposition « Supernovae » de Géraldine Polès et Géraldine Joséphine. (Photographie : Margaux Manchon)

On retrouve dans « Supernovae » un certain nombre de collages, de découpes, et cette idée de micro-édition à manipuler. C’est une part importante de votre pratique ?

Géraldine Joséphine : J’utilise un peu le collage et les découpes dans mon travail de motifs mais c’est à peu près tout. J’ai envie de faire de la micro-édition depuis un moment mais j’avais du mal à me lancer. C’était le contexte idéal pour le faire parce que Géraldine a de l’expérience là-dedans. L’idée de créer une édition non reliée à manipuler librement est venue aussi parce qu’on avait envie que ce soit vraiment comme un échantillon de l’exposition donc qu’on puisse aussi accrocher des éléments.  Avec « Supernovae » on avait vraiment envie d’expérimenter et de créer un langage visuel à deux. Ça nous a offert beaucoup de liberté, comme nous permettre de tester et de montrer des choses différentes de ce qu’on aurait fait chacune de notre côté.

Géraldine Polès : De mon côté, l’idée du fragment c’est quelque chose de très important et que j’ai vraiment mis de côté dans ma pratique, alors que c’est un processus créatif qui m’a beaucoup nourri quand j’étais étudiante notamment. Ça revient de plus en plus dans ma pratique : cette façon de glaner des bouts de dessins, de phrases, de les assembler, de s’amuser avec différentes façons d’assembler les choses. C’est comme si on venait sampler une matière qu’on vient créer, et on vient la re-sampler pour recréer autre chose, puis cette matière-là on vient de nouveau la sampler… comme si on venait travailler par strates, par couches. Chaque image est une matière qui devient un autre visuel et ce visuel devient un élément d’édition, etc. C’est un sujet qui me passionne ! C’est en tout cas en train de redevenir une part importante de ma pratique. Ce sont des formes que j’aimerais voir apparaître dans mes projets à l’avenir, et dans des futurs projets avec Géraldine Joséphine qui est une merveilleuse artiste et avec qui j’aimerais collaborer à nouveau !

 

L’exposition « Supernovæ » de Géraldine Joséphine et Géraldine Polès est visible jusqu’au 9 mars 2024 à la HAB librairie. L’occasion de parcourir les rayons de cette librairie qui ne manque pas de pépites : livres d’art, romans graphiques, albums jeunesse, micro-édition !

La librairie de la HAB galerie, du mardi au samedi de 11h à 19h, 21 quai des Antilles, Nantes. (Photographie : Margaux Manchon)

Margaux est arrivée à Nantes il y a quelques mois pour se lancer dans la vie tumultueuse d'illustrautrice, après quelques années parisiennes en tant qu'éditrice jeunesse. Elle aime écrire des BD rigolotes et a une vive inclination pour les livres, l'art et le féminisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017