La Switch Session est un projet mené par la pépinière jeunesse le Triptic. Le but ? Permettre à 16 jeunes de tout horizon de rencontrer des élu·e·s de la ville de Nantes, pour ainsi réduire le fossé entre les jeunes et la politique.
Le forum Switch Session du 26 mai proposait le bilan de cette expérience, au travers d’échanges et de débats avec les élu·e·s et les jeunes.
Le « parcours » Switch Session
Pour Sakina, qui a rencontré Myriam Nael (élue à l’éducation et à la politique de la ville), cette expérience s’apparentait vraiment à un parcours. De la préparation, au forum, en passant par les rencontres avec les élus, la switch session était un programme ambitieux, qui s’est terminé sur un temps fort réunissant tous les acteurs y ayant participé (élu·e·s, jeunes, partenaires…). Pour elle il s’agissait d’un vrai moment de partage et d’échanges, qui a su rétablir le dialogue entre jeunes et élu·e·s.
Le forum s’est organisé sous forme de tables rondes, de débats, de témoignages et de performances artistiques. Les jeunes ont été mis à contribution puisqu’ils se sont occupés de la scénographie, de l’animation et même du buffet. Il s’agissait entre autres de sonder l’avis des jeunes participants, mais également des élu·e·s, sur l’expérience qu’ils avaient vécue et ce qu’ils en retiraient.
Les jeunes, vraiment désintéressés ?
A la question « quelle image de la politique avais-tu avant les rencontres ? », beaucoup répondent qu’ils ne présentaient aucun intérêt particulier pour ce sujet, ou qu’ils ne se sentaient ni concernés ni même utiles.
Mais les rencontres avec les sept élu·e·s leur ont apporté un regard neuf sur le « monde de la politique ». Pour beaucoup, une distinction s’est faite entre la politique nationale et la politique locale ; s’ils ne se sentent pas assez mis en valeur sur le plan national, ils ont compris qu’au niveau local, leur participation pouvait avoir un impact.
Lors des débats avec le public, certaines prises de parole dénoncent la difficulté à se faire entendre lorsque l’on est jeune, et la violence qu’une telle frustration peut générer (lors des manifestations par exemple). Néanmoins, on s’accorde à dire dans l’assemblée que « plus il y a de violence, plus ça discrédite les jeunes ».
Catherine Piau, adjointe du quartier Nantes Erdre, regrette que les élu·e·s soient souvent considéré·e·s « hors circuit » :
« Les jeunes ont une vraie difficulté à venir vers nous. […] Chacun a son jargon, mais quand on est ensemble, il faut savoir utiliser le même. »
Elle insiste néanmoins sur le fait que « la société de demain c’est vous [les jeunes, ndlr] ».
Les élu·e·s, vraiment déconnectés ?
Une des idées reçues brisée lors de ce forum, c’est le manque d’accessibilité des élu·e·s. Comme précisé plus haut, avant les rencontres les jeunes les décrivaient comme des personnes désintéressées, qui ne prenaient pas en compte leur avis.
L’accessibilité se trouve cependant être le terme le plus utilisé lors de ce forum. Pour Fatoumata, qui a rencontré les sept élu·e·s, cette expérience a permis de rajouter de l’humanité à la politique et de se rendre compte qu’ils étaient somme toute des personnes « lambda », avec une famille et un métier à côté de leur rôle.
Les jeunes affirment avoir découvert l’envers du décor, comme Wafaa qui explique qu’elle n’avait « pas conscience du travail derrière [les décisions, les actions]» :
« Je ne voyais pas les coulisses, je ne voyais que le spectacle ».
Au final, jeunes et élu·e·s ; un dialogue rétabli ?
Le forum Switch Session a bouclé plusieurs mois de travail et souligné la forte implication, tant des jeunes que des élu·e·s, dans l’élaboration de ce projet. Pour Guillaume, responsable du Triptic, c’est une grande fierté, « pour la structure mais également pour les jeunes, qui se sont beaucoup investis ». Il a souhaité, au travers de cette expérience, « donner les clés d’émancipation aux jeunes ».
Pour Nicolas Martin, « les jeunes ont une force politique qu’ils doivent saisir ».
Et c’est en effet ce qu’on retiendra de ce forum : l’espoir d’un dialogue citoyen·ne·s – élu·e·s renoué, porté par des jeunes qui semblent avoir pris conscience de leur importance et de leur pouvoir d’agir.
Si les débats et tables rondes n’ont pas abouti à une entente parfaite, ils ont cependant prouvé que des échanges, constructifs et encourageants, peuvent avoir lieu entre ce qu’on penserait être deux mondes différents.
Bilan de l’expérience : des élu·e·s ravi·e·s d’avoir laissé de la place aux jeunes, et des jeunes ravi·e·s d’avoir pénétré dans un univers quelque peu inconnu. Une « switch session inversée » pourrait même être organisée pour permettre aux élu·e·s de découvrir la réalité des jeunes dans leur quartier.
On terminera sur la superbe vidéo de Fatoumata, jeune volontaire au Triptic, qui a été le fil rouge de cette Switch Session pour avoir rencontré les sept élu·e·s :
"Si la Jeunesse est l'avenir du monde, c'est aussi peut-être celui de ma ville"Retour sur le texte de Fatoumata Gassama mis en images par Jérémie Lusseau d'Iris Pictures.
Publiée par Triptic Léo Lagrange Ouest sur Jeudi 31 mai 2018
« Au travers de la Switch Session j’ai fait la rencontre de personnes aux parcours engagés, singuliers, des hommes et des femmes de tous âges, de tous quartiers, de différents milieux sociaux. Des personnes animées par le souci d’être en lien avec les habitants, à la recherche du bien-vivre de ses habitants. »