19 février 2016

Tafsut Imazighen : la concrétisation d’une lutte identitaire

CASE-BULLE. Le 6 février 2016 marqua l’histoire comme étant le jour où le Parlement algérien reconnaît officiellement la langue kabyle, 36 ans après le sanglant Printemps Berbère. Retour sur une lutte longtemps réprimée.

Tafsut Imazighen : la concrétisation d’une lutte identitaire

19 Fév 2016

CASE-BULLE. Le 6 février 2016 marqua l’histoire comme étant le jour où le Parlement algérien reconnaît officiellement la langue kabyle, 36 ans après le sanglant Printemps Berbère. Retour sur une lutte longtemps réprimée.

Les sociétés d’Afrique du Nord ont cet héritage indéniable provenant aussi bien de l’Afrique natale que des multiples civilisations qui ont fait les vestiges de la Méditerranée. Les populations kabyles algériennes, tout en étant parfaitement musulmanes, ne se considèrent nullement arabes et ont toujours revendiqué leur identité berbère. Ce sont bien les mêmes hommes, ces Berbères qui ont donné de leur sang pour une cause identitaire de longue date. Le 6 février 2016 marquera l’histoire comme étant le jour où le Parlement algérien reconnaît officiellement la langue kabyle, 36 ans après le sanglant Printemps Berbère. Ahmed Medjani, dessinateur algérien de nationalité, kabyle de culture, retrace avec Fragil la chronologie d’une lutte longtemps réprimée.

Dessinatrice et journaliste tunisienne, Fatma se définirait comme "bédéiste-reporter", en constante recherche de formats novateurs pour rendre compte du sérieux de la politique comme de la frivolité d'une fête de village, du mouvement social engagé comme du festival de Cannes glamour. A travers ses travaux, elle entreprend de transmettre un regard à la fois analytique et décalé sur les sociétés occidentales et méditerranéennes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017