7 mars 2018

Le thème de la migration au collège

Plus jeune contributrice de Fragil et élève en troisième au collège Jules Verne, Lou Lefèvre a participé l’année dernière au projet initié par son professeur d’histoire-géographie, monsieur Moulin, sur le thème de la migration et de ses parcours. Pour le dossier « Chemins d’Exils », elle a choisi de rencontrer son ancien professeur pour mieux comprendre sa démarche. Interview.

Le thème de la migration au collège

07 Mar 2018

Plus jeune contributrice de Fragil et élève en troisième au collège Jules Verne, Lou Lefèvre a participé l’année dernière au projet initié par son professeur d’histoire-géographie, monsieur Moulin, sur le thème de la migration et de ses parcours. Pour le dossier « Chemins d’Exils », elle a choisi de rencontrer son ancien professeur pour mieux comprendre sa démarche. Interview.

LOU : Pourquoi avez-vous décidé de faire travailler vos élèves de 4ème sur les parcours de certains migrants ? Était-ce un choix ou un chapitre obligatoire dans le programme de 4ème?
MONSIEUR MOULIN : C’est un chapitre qui faisait partie du programme, donc un côté obligatoire, le programme demandé, et puis je pensais que c’était un peu plus vivant pour ce chapitre de partir de l’itinéraire d’une véritable famille, de réfugiés en l’occurrence.

LOU : Comment vous y êtes-vous pris pour construire votre cours, par quel moyens, d’où venaient les études de cas, les témoignages, les documents… ?
MONSIEUR MOULIN : Je suis parti d’une information que j’ai trouvée dans un manuel scolaire, qui retraçait une interview qui avait été faite par un journaliste de France-Inter. J’ai retrouvé l’interview en podcast sur le site de France-Inter, elle était toujours disponible et c’est donc cette interview qui retraçait l’itinéraire du journaliste qui avait suivi une famille de Syrien avec les deux parents et deux enfants, leur fuite, leur arrivée en Turquie, la traversée de la Turquie et la traversée en bateau de nuit pour atteindre l’île Grecque de Cosse.

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LOU : C’est donc par France-Inter, par la radio.
MONSIEUR MOULIN : Oui par la radio et puis j’avais entendu cette information il y a quelques temps à la télé. C’est l’année dernière en préparant le cours à l’aide d’un manuel scolaire que j’ai vu qu’il y avait un extrait écrit ce cette interview donc ça m’a donné l’idée de voir si elle était toujours en ligne pour la retrouver et l’utiliser.

« Tous les jours on écoute la radio et on entend parler de migrants »

LOU : En quoi est-ce important et nécessaire de parler aux élèves des migrants et de leurs parcours ? Que voulez-vous leur faire apprendre ou qu’ils retiennent ?
MONSIEUR MOULIN : Parce que c’est vraiment une thématique actuelle. Tous les jours on écoute la radio et on entend parler de migrants qui essaient de traverser la mer Méditerranée en venant par la Libye, qui se noient ou qui essaient de fuir l’Irak ou la Syrie en pleine guerre civile sous les bombardements. D’un autre côté, en France aussi on est confronté au sujet avec la situation actuelle : qu’est-ce qu’on fait de ces migrants ? comment on les intègre…? Donc ça paraît important aussi de s’intéresser à ce thème puisque ça nous concerne au quotidien, l’Europe et puis le pays.

LOU : Pensez-vous avoir atteint ces objectifs?
MONSIEUR MOULIN : Ah ça je ne sais pas il faudrait que je demande à mes élèves. L’idée était de les sensibiliser en respectant les programmes parce que je n’ai pas à donner mon opinion je dois rester neutre, objectif, mais en montrant que les migrations sont vraiment une réalité aujourd’hui encore plus peut-être que par le passé et puis ça concerne toute la planète aussi.

« L’idée était de les sensibiliser en respectant les programmes parce que je n’ai pas à donner mon opinion je dois rester neutre, objectif… »

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LOU : Est-ce que ce chapitre fait partie des sujets que vous aimez enseigner aux élèves?
MONSIEUR MOULIN : Oui c’est un chapitre de géographie que j’aime bien parce que ça touche vraiment l’actualité et je pense que les élèves y sont sensibles aussi. C’est vrai qu’on est dans une région aussi dans une ville, Nantes, qui est habituée à accueillir des populations depuis de longues années, traditions d’origines diverses et variées. Et donc oui c’est un thème qui les touche aussi, parce que certains d’ailleurs, certains de nos élèves aussi ont des parcours…

LOU : …dans leur famille… ?
MONSIEUR MOULIN : Dans leur famille, par eux même, par les générations de leurs grands parents, des parents… On a quelques élèves ici au collège qui viennent justement de pays qu’ils ont quitté avec leur parents.

LOU : Trouvez-vous ce sujet important au niveau de l’actualité française voire Européenne? Et pourquoi?
MONSIEUR MOULIN : Énormément important, parce que la question se pose actuellement en France avec le projet de loi du gouvernement : comment accueillir les migrants ? On pense parfois qu’on en accueille pas suffisamment, d’autres pensent qu’on en accueille en nombre suffisant… Il y a également les problèmes d’intégration…

« On pense parfois qu’on en accueille pas suffisamment, d’autres pensent qu’on en accueille en nombre suffisant… »

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LOU : Est-ce un sujet polémique ?
MONSIEUR MOULIN : Oui c’est un sujet polémique, mais la France est un pays qui a une tradition d’accueil et il y a beaucoup de Français aussi qui durant la seconde guerre mondiale ont trouvé refuge à l’étranger. En 1939, la France a accueilli les réfugiés républicains espagnols et des cambodgiens qui quittaient leur pays pour se réfugier en France dans les années 70. Parce que ça serait bien de pas oublier aussi qu’on a beaucoup de nos concitoyens qui ont des ascendants d’origines étrangères et qui sont pleinement intégrés dans la République donc pour moi aussi c’est très important de les accueillir. Ce sont des gens qui quittent leur pays pour avoir des meilleures conditions de vies.

LOU : Oui pour se sauver.
MONSIEUR MOULIN : Pour se sauver, sauver leur vie, pour protéger leur famille, à cause des guerres ou autres…

LOU : Merci beaucoup !
MONSIEUR MOULIN : C’était avec plaisir, merci à toi.

Collégienne passionnée d'écriture et aspirante journaliste, Lou enquête sur les sujets sociaux de sa génération. Elle s'intéresse aussi à la danse et à la culture sous toutes ses formes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017