9 décembre 2024

Tissé-Métisse : lutter contre l’extrême droite en allant « au plus près des gens »

Samedi 30 novembre, le festival Tissé-Métisse a organisé une conférence intitulée : "L’extrême droite dans nos territoires. Comment fait-on ?" Avec des invité·es d'horizons différents, cette conférence a permis d'aborder divers manières de lutter contre l’avancée des idées d'extrême droite au niveau politique et citoyen.

Tissé-Métisse : lutter contre l’extrême droite en allant « au plus près des gens »

09 Déc 2024

Samedi 30 novembre, le festival Tissé-Métisse a organisé une conférence intitulée : "L’extrême droite dans nos territoires. Comment fait-on ?" Avec des invité·es d'horizons différents, cette conférence a permis d'aborder divers manières de lutter contre l’avancée des idées d'extrême droite au niveau politique et citoyen.

« On n’est pas là juste pour faire un festival comme il en existe, […] on choisit des artistes qui sont pour la lutte contre le racisme et toutes les sortes de discriminations », explique Amal Labadi, présidente adjointe du festival Tissé-Métisse. Avec cet objectif de lutte contre les discriminations, ce festival a proposé lors de sa 31e édition, à l’étage de la Cité des Congrès, la conférence « L’extrême droite dans nos territoires. Comment fait-on ? ».

Une conférence à l’image du festival

En réunissant chaque année « toutes sortes de personnes et de classes sociales » d’après Amal Labadi et Pierre Yves Bulteau, journaliste et animateur de la conférence, l’idée de cette conférence était de créer « un échange qui représente différentes personnes et d’ouvrir un espace de parole« , selon Amal Labadi. Dans cet objectif, était convié·es une diversité d’invités lors de ce débat, permettant d’entendre différents témoignages de lutte contre l’avancée de l’extrême droite et de ses idées.

Pierre Yves Bulteau, Bassem Asseh, Amal Labadi, Kevin Semiramoth et Maxim Hupel (de gauche à droite) le 30.11.2024 à la CIté des Congrès lors du festival Tissé Métisse.

Différentes visions de la lutte contre l’extrême droite

Pour le bénévole et membre du bureau de l’association nantaise LGBTQIA+ Nosig, Kevin Semiramoth, ce moment lui aura permis de démentir le sentiment récent de l’avancée de l’extrême droite : « on a une impression d’urgence alors qu’au final à Nosig c’est un sujet qui traverse nos quotidiens depuis un petit moment ». En témoigne de nombreuses plaintes déposés par l’association. En prenant exemple des événements et ateliers animés par Nosig auprès de différents publics, Kevin a insisté sur l’importance de s’engager, de s’éduquer, de se rendre visible et de ne rien laisser passer pour lutter contre les idées d’extrême droite.

« Maintenant on essaye d’aller au plus près des gens »

Ne rien laisser passer, parti aussi pris et défendu par Maxim Hupel, militant en milieu rural et collaborateur du député NFP Jean-Claude Raux (6ème circonscription de Loire-Atlantique) qui s’efforce à lutter contre les idées d’extrêmes droites lors de discussions. Apeuré d’être la première circonscription de Loire Atlantique à tomber aux mains du RN il y a encore quelques mois, Maxim Hupel s’est réjouit de sa présence à Tissé-Métisse pour cette conférence. « Ils ont eu la bonne idée de ne pas oublier le rural », explique t-il, heureux d’avoir pu aborder la question de la lutte contre l’extrême droite en campagne. Une lutte différente de celle opérée en milieu urbain et qui doit, pour lui et sa collègue Solenn Maray, s’affranchir de l’image « très caricaturée de l’extrême droite rurale ». Ensemble, iels sont revenus sur l’importance de reconnecter les gens à leur territoire : « avant on faisait des réunions publiques, maintenant on essaye d’aller au plus près des gens ».

S’intéresser aux préoccupations des électeurs de l’extrême droite

Aller au plus près des gens, autre manière concrète de lutter contre l’avancée de l’extrême droite abordée lors de cette conférence. Pour Bassem Asseh, autre invité et représentant de la fondation Jean Jaurès, groupe de réflexion de gauche, cela passe par une nécessité pour la gauche de « prendre le problème à bras le corps » en répondant aux préoccupations centrales du corps électoral de l’extrême droite comme la sécurité, l’immigration ou le pouvoir d’achat « sans les considérer comme des questions tabous ».

La salle 200 de la cité des congrès était quasi-pleine pour cette conférence

La salle 200 de la cité des congrès était quasi-pleine pour cette conférence

Autant de questions abordées par les invité·es et participant·es au débat que par le public qui a progressivement rempli la salle, témoignant encore une fois de l’importance du vivre ensemble prôné par Tissé Métisse. Une lutte qui continue pour ce festival qui sensibilise toute l’année à ce combat dans multiples secteurs.

Numa, originaire de Rezé, entretient un lien indéfectible avec Nantes, sa ville natale. Amateur de sport, il vibre au rythme du FC Nantes à la Beaujoire. Sa passion pour la culture se nourrit grâce aux manifestations culturelles nantaises tel que, le Festival des Utopiales. Nantes est pour lui une source inépuisable d'inspiration et de découvertes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017