6 octobre 2023

Tribune : L’éducation aux médias, une priorité pour lutter contre le cyber-harcèlement

Suite au dévoilement du plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire le 27 septembre 2023 par Elisabeth Borne, nous, militant·es de l‘éducation populaire, sommes surpris·es et inquieté·es par la faible place donnée à l’éducation aux média à côté d’une avalanche d’annonces répressives.

Tribune : L’éducation aux médias, une priorité pour lutter contre le cyber-harcèlement

06 Oct 2023

Suite au dévoilement du plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire le 27 septembre 2023 par Elisabeth Borne, nous, militant·es de l‘éducation populaire, sommes surpris·es et inquieté·es par la faible place donnée à l’éducation aux média à côté d’une avalanche d’annonces répressives.

Un plan qui s’attaque avec autant d’acharnement à punir les auteurices et leurs familles (exclusion des réseaux sociaux, saisie des téléphones, peines de prison…) semble nier la complexité des situations au sein des établissements scolaires, et ne vise qu’un seul facteur du modèle « victime-témoin-harceleureuse ».

« Notre plan, c’est 100 % prévention, 100 % détection et 100 % solution » assure la première ministre, pour qui les mathématiques sont solubles dans les slogans. Au mieux, nous dirions que ce plan, c’est 10 % prévention, 10 % détection, 10 % solution, et surtout 70 % répression, à la louche.

Évidemment, nous ne nions pas la nécessité d’une prise en charge immédiate des auteurices afin de mettre en sécurité leurs victimes, mais nous militons pour que dans chaque classe, dans chaque club de sport, dans chaque association les accueillant, les enfants et ados puissent se voir offrir un cadre d’écoute bienveillant autour de la notion du harcèlement et du cyber-harcèlement.

Animant des temps d’échanges autour du cyber-harcèlement dans tous types de milieux depuis plusieurs années, nous sommes convaincu·es que la multiplication de tous ces temps auprès des jeunes et de leurs encadrant·es est une proposition qui permet de libérer la parole et de favoriser l’écoute des victimes, témoins et harceleureuses, bien plus qu’un formulaire d’autoévaluation rempli une fois par an.

À ce titre nous serons vigilant·es et actif·ves pour que, comme annoncé, la formation à la lutte contre le cyber-harcèlement de tous les acteurs de la communauté éducative et des adultes intervenant·es auprès des mineur·es, soit réalisées au plus tôt.

Nous désirons un monde où l’éducation à travers la discussion et le débat favorise l’émancipation et le respect de l’autre. Nous désirons un monde où l’on ne pense pas qu’il soit nécéssaire de créer des « cours d’empathie ».

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017