14 février 2025

Trois nouvelles compagnies au Nouveau Studio Théâtre : « On est dans un espace qui permet de se rassembler »

L’association Nouveau Studio Théâtre présentait au public ce samedi 8 février à partir de 19h les trois nouvelles équipes artistiques : la Compagnie Losange, la Compagnie Des Individué.es et le Collectif Grand Dehors arrivées depuis peu dans la résidence où elles vont vivre et travailler collectivement pendant les trois prochaines années.

Trois nouvelles compagnies au Nouveau Studio Théâtre : « On est dans un espace qui permet de se rassembler »

14 Fév 2025

L’association Nouveau Studio Théâtre présentait au public ce samedi 8 février à partir de 19h les trois nouvelles équipes artistiques : la Compagnie Losange, la Compagnie Des Individué.es et le Collectif Grand Dehors arrivées depuis peu dans la résidence où elles vont vivre et travailler collectivement pendant les trois prochaines années.

Ce samedi 8 février, les nantais.es ont pu aller à la rencontre des nouvelles compagnies résidentes au Nouveau Studio Théâtre et comprendre un peu mieux comment elles vont progressivement s’emparer du lieu. L’évènement a suscité un certain engouement, un grand nombre de personnes sont venues et ont même attendu à l’entrée. Le chorégraphe Laurent Cebe était à l’initiative d’un des moments forts de la soirée, les Ateliers des tentatives :  « J’ai invité plein d’artistes aux inspirations et pratiques diverses qui vont faire des tentatives. C’est-à-dire qu’ils vont improviser, faire des essais sur des choses inédites et surtout se rencontrer » nous décrypte Laurent qui met l’accent sur un point essentiel de sa vision, c’est qu’il faut « pratiquer collectivement pour se chercher et se construire ».

Le Nouveau Studio Théâtre, un centre de recherche pour la scène artistique

Les nouvelles·aux résident·es des lieux, la Compagnie Losange de Marion Solange -Malenfant, le Collectif Grand Dehors de Maryne Lanaro et la Compagnie Des Individué.es Laurent Cebe sont désormais aux commandes de ce lieu atypique appartenant à la municipalité. Iels ont tous·tes à cœur la recherche et le développement de la vie artistique. Comme nous l’explique la coordinatrice du Nouveau Studio Théâtre, Pauline Berenguer, le lieu est pensé comme un espace de réflexion et d’étude en laissant « carte blanche » aux équipes. Mais il doit également s’inscrire dans un quartier nantais en dehors des spectacles : « l’idée c’est aussi de construire un projet autour du lieu de vie et le connecter au voisinage et se questionner lorsqu’il n’y a pas d’ouverture au public et comment les bénévoles peuvent intervenir« .

Par ailleurs, la sélection de ces compagnies, aux pratiques et inspirations si différentes, n’est pas anodine. Elle est le reflet d’une volonté de coopération et d’animation du lieu en collectivité et en se rencontrant, souligne Pauline : « cet espace est foisonnant en profils artistiques, on coconstruit les choses ensembles, on modèle les idées et les envies de chacun et chacune. »

Maryne Lanaro, Marion Solange-Malenfant et Laurent Cebe. © Laura Severi

Des compagnies associées qui ont des approches dissemblables

Les trois habitant·es ont à cœur de s’associer, de se rencontrer et discuter pas seulement dans leur pratique mais aussi dans leur rapport à leur environnement de travail comme nous l’explique Maryne Lanaro : « on est trois citoyens et trois artistes entourés de communautés très différentes,  on questionne le rassemblement et c’est un brassage qui me rend sereine » . Laurent rajoute : « On est dans un espace qui permet de se rassembler. »

Chacun·e d’entre elleux ont des racines et des inspirations différentes. Marion a suivi un parcours au Conservatoire de Nantes puis une formation universitaire pour devenir metteuse en scène et dramaturge pour questionner la personne, ses paroles « intimes« . Elle associe le travail plastique à des histoires qu’elles inventent en faisant réfléchir les interprètes dans un espace  particulier.

Tandis que Laurent, originaire de Martigues s’est installé à Nantes après ses diverses formations comme danseur professionnel et interprète. Il a notamment fait une licence pro en danse et anthropologie et une formation de « l’interprète à l’auteur » au CCN de Rillieux-La-Pape. Il se questionne sur l’idée que la singularité de l’être humain est une construction, « une individuation« , une forme d’interaction avec les œuvres, le travail. Il se nourrit des œuvres de sociologues comme J. François La Plantine, Je, Nous et les autres.

Et quant à Maryne Lanaro, elle vient de Bourges et s’est formée à diverses pratiques artistiques et a voyagé comme interprète plusieurs années avec la compagnie portugaise Teatro Praga mais elle a toujours voulu voir au-delà de ce monde du spectacle en se lançant dans le processus de création avec sa propre « famille » et aussi de  » sortir de la salle » en montant une compagnie de théâtre de rue appelée Les Acharnées de l’Asphalte (2016-2019). Elle évoque que son parcours pluridisciplinaire et transversal  se veut aussi le reflet de son obsession pour « l’intermonde« . Elle porte une vision pluridimensionnelle : « je fréquente le monde des sciences, le monde de l’urbanisme pour questionner le rapport à l’espace. À quel moment un espace est colonisé ?  » Elle tire son inspiration de penseur·euses comme E. Glissant (1928-2011).

« ce projet va mettre trois ans à s’installer car ce lieu se cherche et se réinvente en permanence ».

Les résident·es artistes ont reçu une enveloppe de la Ville mais iels ont un cahier des charges très libre sur les trois ans. Cela leur permet aussi de se structurer et de raisonner collectivement. S’iels n’ont pas l’objectif d’ouvrir au public et de produire des spectacles fréquemment, iels en ont pas moins le désir de s’investir dans des démarches en permanence :  « Il n’y a pas d’obligation d’inclure mais on a ces envies. Je vais accueillir une art-thérapeute pour les ateliers d’écritures« , nous confie Marion.

En outre plusieurs fois par an, les artistes doivent répondre au projet Résidence diffusion pour les inviter à partager le lieu avec des professionnel·les locales·aux.

Mais plus particulièrement ces compagnies itinérantes souhaitent construire un espace propice au rayonnement des pratiques artistiques et développer une réflexion plus globale sur leur manière d’interagir dans le processus de création, résume Laurent :  « il y a des enjeux de formations de cohérences avec le lieu, des enjeux politiques car c’est un espace démocratique, du dialogue, de l’échange et surtout qui permet le débat« .

Il n’y a donc pas de méthodes prédéfinies ou une programmation commune pour les compagnies, insiste Laurent : « ce projet va mettre trois ans à s’installer car ce lieu se cherche et se réinvente en permanence ».

Rendez-vous le 15 mars avec la compagnie Losange qui reçoit au Nouveau Studio Théâtre l’autrice et metteuse en scène Kenza Berrada

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Professeur d’histoire-géographie, Pierre observe avec curiosité les changements de sa ville natale. Entre ses promenades à Chantenay, sa passion pour le backgammon et ses racines iraniennes, il explore à sa manière l’histoire et la culture.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017