13 juin 2019

Un atelier d’écriture pour apprendre à construire un article

Un atelier d’écriture pour apprendre à construire un article

13 Juin 2019

Créé par les salariés de Fragil, ce jeu permet de proposer une initiation à l’écriture journalistique. Cet atelier peut être réalisé avec un groupe allant de deux à une vingtaine de personnes, le mieux étant d’avoir assez de personnes pour pouvoir confronter les réalisations à la fin de l’atelier.

Définir les questions

À l’aide d’une feuille de brouillon et d’un crayon, le jeu débute par l’écriture des 6 questions essentielles à la mise en place d’un article :

qui ? quoi ? où ? quand ? comment ? pourquoi ?

Ces questions émanent d’un temps de discussion avec les stagiaires au début du jeu.

Observer et répondre aux questions

Une fois les 6 questions écrites sur la feuille de brouillon, l’animateur ou l’animatrice du jeu va réaliser une action sous les yeux de son public : prendre ses clefs dans la main droite pour les lancer vers sa main gauche sans réussir ce geste, les clefs tombent donc à terre.

Une fois l’action passée, les jeunes doivent écrire en face des 6 questions, les 6 réponses que peut donner l’action qui vient de se produire. Les journalistes en herbe doivent donc répondre à ces 6 questions d’après ce qu’ils ont vu, mais aussi d’après leur propre curiosité.

En effet si quelques uns, le plus souvent, redemande la fonction ou le nom de l’animateur ou l’animatrice, rares sont ceux qui poussent la réflexion plus loin en demandant notamment quelle intention y avait-il dans cette action.

Écrire un article

Après ce temps de réponse nous leur demandons par la suite de rédiger quelques phrases avec les réponses aux questions, puis de donner un titre à ce court article. Quelques minutes plus tard certains souhaitent lire leur production, un moment toujours intéressant pour le groupe.

Note : dans la plupart de nos ateliers les textes se ressemblent dans les grandes lignes mais ils diffèrent souvent au moment de la réponse à la question « pourquoi ? ». Pour certains nous avons fait tomber nos clefs pour l’exercice, pour d’autres c’était par amusement ou autre.

Remarques

Nous observons que les textes se ressemblent dans les grandes lignes mais qu’ils diffèrent notamment à la question “pourquoi ?” aucun des textes ne se rassemble sur la réponse. Pour certains nous avons fait tomber nos clefs pour l’exercice, pour d’autres c’était par amusement … Cet atelier permet de rendre compte d’une certaine méthodologie d’écriture mais aussi de la nécessité de poser des questions si l’on souhaite avoir des informations exactes et précises.

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017