25 avril 2024

Un festival contre l’ouverture d’un Centre de rétention administrative à Nantes

Le collectif COLERE poursuit sa lutte contre l'arrivée d'un Centre de Rétention Administrative (CRA) à Nantes. La coordination politique, syndicale et associative propose un festival grand public aux ateliers de Bitche, ce samedi 27 avril. L'avocate et membre de la coordination Yseult Arnal nous explique les enjeux de cet évènement.

Un festival contre l’ouverture d’un Centre de rétention administrative à Nantes

25 Avr 2024

Le collectif COLERE poursuit sa lutte contre l'arrivée d'un Centre de Rétention Administrative (CRA) à Nantes. La coordination politique, syndicale et associative propose un festival grand public aux ateliers de Bitche, ce samedi 27 avril. L'avocate et membre de la coordination Yseult Arnal nous explique les enjeux de cet évènement.

Affiche Festival ANTI-CRA « Pas de prison pour immigré·es à Nantes », 27/04 aux Ateliers de Bitche

« Ce festival s’est décidé en même temps que la création de la coordination COLERE » nous explique l’avocate et membre de COLERE Yseult Arnal. Plus d’une vingtaine d’organisations (syndicats, associations et partis politiques) se sont associées pour créer la « Coordination Opposée à l’Enfermement et à la Répression des Etranger·e·s« . Iels luttent contre la création d’un Centre de Rétention Administrative (CRA) à Nantes. « On s’est rejoint à l’annonce de Darmanin en octobre 2022, et avons fait des actions en 2023, mais la coordination s’est vraiment créée en début d’année 2024 » précise l’avocate.

En effet depuis le début d’année 2024, COLERE s’organise et s’active pour mener différentes actions, avec une première réunion d’information au bar Chez Mon Oncle en mars, puis un évènement grand public le 13 avril dernier à place Royale. Selon l’avocate au barreau de Nantes Yseult Arnal, « l’objectif c’était de sensibiliser les passants« . Une première réussite au niveau du public nantais selon l’avocate, « on a eu un bon accueil, les gens se sont vraiment intéressés à ces centres« . Cependant, les réactions du monde politique semblent toujours se faire attendre, »on a écrit une lettre ouverte à Johanna Rolland, le 29 mars, nous n’avons pas eu de retours des politiques« , « on attend une prise de position beaucoup plus forte et une opposition ferme à ce projet de CRA » nous explique la membre de COLERE.

Une journée festive pour alerter sur la situation des CRA en France

L’organisation de cette journée du 27 avril, aux ateliers de Bitche se veut avant tout pouvoir « permettre une réflexion pour avoir des pistes de travail« , avec des intervenant·es spécialisé·es sur différents sujets reliés de près ou de loin aux CRA. Pour cela, une table ronde « À l’intérieur des CRA » lancera les discussions avec la présence de l’avocate CRA toulousaine Flor Tercero, d’une salariée de la CIMADE (association membre de COLERE) Eloïse Girard intervenante au CRA Mesnil Amelot, ainsi que le député LFI Andy Kerbat visiteur en CRA. Une exposition photo d’Alexandro Camillo « À l’intérieur c’est l’enfer« , apportera également les témoignages « des ancien·ne·s retenu·e·s du CRA du Mesnil-Amelot« .

Ce festival, c’est aussi selon Yseult Arnal, l’occasion de « proposer une autre lecture de l’immigration et de passer un moment convivial« . Librairie clissonnaise avec des ouvrages sur l’immigration, cantine-bar, et trois concerts (rock/punk/electro) viendront animer cette journée. Vous retrouverez d’ailleurs deux nantais  de la scène électro Vidock et Atemi que nous avions interviewés lors de leur passage au BISE Festival avec le groupe Ago Gazo.
Le collectif COLERE souhaite que les personnes présentes aient une « vision optimiste« , grâce à des interventions telles que celle d’Aboubacar Dembélé, délégué des grévistes sans-papiers de Chronopost Alfortville. « C’est un symbole » ajoute l’avocate, en décrivant une lutte active depuis 2021 pour obtenir de meilleures conditions de travail et des régularisations. Après cette intervention, la juriste et membre du GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigré·es) Karine Parrot viendra « donner un peu de perspective au niveau historique, sur la politique d’accueil des personnes immigrées en France« .

Un appel au soutien résonne dans le témoignage de l’avocate, « on souhaite sensibiliser toutes les personnes qui pourraient être sensibilisées et qui voudraient peut-être rejoindre le collectif, et venir manifester le 25 mai prochain« . Cette journée festive arrive 1 mois avant la manifestation contre le CRA, le 25 mai prochain à 15 h au miroir d’eau.

Affiche Manifestation contre le CRA, 25 mai 2024

Infos pratiques :

– Festival « ANTI-CRA » le 27/04 à partir de 15h aux Ateliers de Bitche (3 rue de Bitche, 44000 NANTES) : le programme
Instagram et Facebook de COLERE

23 ans, originaire de Laval, future journaliste ? je suis très attentive et curieuse du monde qui m'entoure ! j'adore faire des playlists à rallonge et écouter les gens parler.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017