9 novembre 2021

Une journée à l’école Robert Doisneau de Riaillé

Le vendredi 1er octobre, l'association Fragil a été sollicitée pour animer une série d'ateliers à l'école Robert Doisneau de Riaillé. De la grande section au CM2, les élèves ont pu assister à des ateliers d'éducation aux média adaptés à leurs âges, menés par l'animatrice de Fragil.

Une journée à l’école Robert Doisneau de Riaillé

09 Nov 2021

Le vendredi 1er octobre, l'association Fragil a été sollicitée pour animer une série d'ateliers à l'école Robert Doisneau de Riaillé. De la grande section au CM2, les élèves ont pu assister à des ateliers d'éducation aux média adaptés à leurs âges, menés par l'animatrice de Fragil.

Après une première intervention en mars 2020 auprès des parents d’élèves, l’association Fragil est de retour à Riaillé, cette fois ci pour les plus jeunes. L’animatrice de l’association a été sollicité par l’école Robert Doisneau afin de mener 6 ateliers auprès des élèves de l’école, une journée riche en rencontres et en discussions.

Parler des écrans, dès la maternelle

Accueillie avec enthousiasme et curiosité, l’animatrice de Fragil a débuté sa journée à Riaillé par des ateliers en direction des enfants de grande section. Face à leur jeune âge, l’atelier de 30 minutes s’est tourné vers des discussions autour de leurs usages des écrans. Au mur, 6 images sont affichées, représentants respectivement 6 moyens de divertissement : un journal, une console de jeu, une télévision, une tablette, un smartphone et un ordinateur portable. Afin d’amener la discussion avec le jeune public du jour, l’animatrice a proposé aux élèves de se placer individuellement devant l’affiche qui représentait l’écran sur lequel il ou elle passait le plus de temps. Pour chaque classe rencontrée, seul un ou une élève s’est placé.e devant l’affiche représentant le journal. La grande majorité des élèves s’est donc placé devant un écran, avec une préférence pour la console de jeu, la tablette et le smartphone. Ce temps a permis aux élèves d’exprimer leurs pratiques et leurs pensées sur leurs usages. « Des fois ça fait peur », « quand j’ai mal aux yeux j’arrête la tablette » sont autant de témoignages entendus pendant l’atelier. Quant aux personnel de l’école, la plupart a été surpris de certaines réponses de leurs élèves, notamment en ce qui concerne la possession de smartphone ou la présence de télévision dans la chambre.

Six affiches représentant différents supports de divertissement : console de jeux, ordinateur portable, télévision, tablette, smartphone.

Un deuxième temps, plus court, est consacré au décryptage de l’image à l’aide de cartes plastifiées. Une vingtaine de cartes sont proposées au groupe, chaque élève devant en choisir une selon sa préférence. Tout à tour, les enfants ont du montrer leurs cartes au reste du groupe et dire ce qu’elle représente. Ce court atelier permet de faire émerger leurs connaissances quant à la reconnaissance de différentes images : dessins animés, films, émissions de tv, carte météo… La matinée se termine sur ces classes de maternelle, dans lesquelles l’éducation aux médias semble déjà faire écho avec les pratiques des élèves, aussi jeunes soient-ils.

Tik Tok et Instagram : les réseaux stars chez les CM1-CM2

La seconde partie de la journée était dédiée à des ateliers sur les réseaux sociaux, en direction des élèves les plus âgé.es. En une heure par classe, l’animatrice de Fragil a évoqué avec les élèves les différents aspects de ces applications dont les jeunes ados sont friands. A l’aide d’un rapide sondage à main levée, on observe une majorité d’élèves qui a déjà eu accès à au moins un réseau social. En tête : Tik Tok et Instagram, les deux plateformes où l’image et la mise en scène de soi prédominent.

Éléments positifs et négatifs des réseaux sociaux évoqués par une classe de CM1/CM2.

Après ce rapide tour de table, l’animatrice de Fragil propose à chaque élève de réfléchir quelques minutes sur les côtés positifs et négatifs des réseaux sociaux. Qu’est ce qu’il y a de bien ? Qu’est ce qu’on peut voir de moins bien ? Un retour en commun permet à la suite de cerner les principaux points de vue des jeunes, beaucoup ont déjà trouvé des contenus « dangereux » et ont peur des « arnaques ». Du côté plus positif le fait de « rigoler », de discuter avec d’autres personnes ou encore de « découvrir de nouvelles choses » via des vidéos revient régulièrement parmi les témoignages.

Pour clôturer ce temps dédié aux réseaux sociaux les élèves participent à un atelier consacré à l’e-réputation. Animé auprès de divers publics et adapté aux plus jeunes, cet atelier permet de rendre compte de la somme des données que nous mettons à disposition des utilisateur.ice.s et des entreprises via les réseaux sociaux. Après avoir listé toutes les informations collectées d’après un post publié Instagram, beaucoup trouve que « ça fait beaucoup ». Cet atelier permet en effet de dresser le profil d’une personne jusqu’à présent inconnue, juste en observant et listant les éléments présentés sur son profil.

Liste de données issues de l’atelier sur l’e-réputation.

Âgé.e.s de 5 à 11 ans, les élèves de l’école Robert Doisneau ont pu suivre différents ateliers adaptés à leurs âges et connaissances. Une journée enrichissante pour les jeunes mais également pour les institutrices et assistantes d’éducation. A travers des petits ateliers ludiques et interactifs, les élèves ont pu partagé leurs pratiques des écrans et des réseaux sociaux tout en se confiant pour certain.e.s sur leurs peurs et mauvaises expériences.

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017