30 juillet 2020

Une semaine au foyer Jeanne Bernard : découverte et partage dans la bonne humeur

Du 6 au 10 juillet 2020, Fragil s'est rendue au foyer Jeanne Bernard à St Herblain pour animer une série d'ateliers d'éducation aux médias. Retour sur ces cinq ateliers riches en partage et découverte.

Une semaine au foyer Jeanne Bernard : découverte et partage dans la bonne humeur

30 Juil 2020

Du 6 au 10 juillet 2020, Fragil s'est rendue au foyer Jeanne Bernard à St Herblain pour animer une série d'ateliers d'éducation aux médias. Retour sur ces cinq ateliers riches en partage et découverte.

Géré par l’association Saint Benoit Labre, le foyer Jeanne Bernard accueille une trentaine de jeunes mineurs non accompagnés. C’est avec une dizaine d’entre eux que Fragil est intervenue pendant la semaine du 6 au 10 juillet 2020. Sur cinq demi-journées, un petit groupe s’est formé autour de l’animatrice afin d’évoquer ensemble divers thèmes d’éducation aux médias : le journalisme, les fake news ou encore le fonctionnement des réseaux sociaux.

Le journalisme en débat

La série d’ateliers débute par un premier temps consacré au journalisme. Ils sont une dizaine a avoir répondu présents pour ce premier atelier de la semaine. Rapidement nous échangeons nos prénoms et citons chacun à notre tour le média par lequel nous nous informons au quotidien. Les réseaux sociaux demeurent l’outil principal d’information pour ces jeunes de moins de 18 ans. Afin de rentrer plus profondément dans le sujet du jour, le groupe se sépare en trois plus petits pour réfléchir à cette question : qu’est ce qu’un journaliste doit faire et ne doit pas faire ? A la suite d’une dizaine de minutes de réflexion, les groupes mettent en commun leurs idées, un débat s’engage entre les participants.

Après la discussion, place à la pratique. De manière individuelle cette fois ci, les jeunes participent avec curiosité et enthousiasme à un atelier d’écriture journalistique. En une quinzaine de minutes, les jeunes écrivent un court article, ou chapô, à la suite des consignes données. En comparant les textes, ils observent des niveaux de détails différents et un unique point commun : le manque de question. Questionner l’animatrice et donc la source principale de l’exercice reste une action rarement menée par les participants. Questionner reste bien la base d’un travail journalistique, une notion que les jeunes comprennent bien à la suite de cet exercice d’écriture. Pour conclure sur le journalisme, un quiz thématique est proposé au groupe. Quatre équipes s’affrontent autour des questions parfois (trop) pointues, cet exercice permet néanmoins d’échanger et de découvrir le milieu journalistique occidental.

En lien direct avec le journalisme, l’atelier sur les Fake News prend place au deuxième jour de la semaine. Certains jeunes ont déjà entendu ce mot, la plupart peine à le définir clairement. L’atelier débute donc par une définition commune de ce qu’est une fake news. La traduction mot à mot et les échanges entre participants permettent de produire une définition simple : une fake news est une information fausse, contrefaite, c’est à dire volontairement manipulée. Une nouvelle fois la mise en pratique permet d’approfondir le sujet. Par groupe de deux ou trois, les participants sont amenés à créer deux fake news, deux informations qui ont l’air vrai mais ne le sont pas. Après un temps d’aide et d’ajustement, les jeunes exposent au reste du groupe leurs fake news, provoquant rire et interrogations.

Pour aller plus loin sur la thématique des fake news, le dialogue est entamé sur les théories du complot. Après un temps de discussion relativement bref, le groupe reste attentif au visionnage d’une vidéo nommée « Complot chat ». Cette vidéo tente d’expliquer les ressorts d’une « bonne » vidéo complotiste. Quelques échanges s’en suivent, bien que le sujet et les termes employés dans la vidéo soient difficilement compris de tous.

 

 

Pratique et découverte des réseaux sociaux

A partir de la troisième après midi passée au foyer Jeanne Bernard, le groupe se fait moins nombreux mais toujours aussi accueillant et motivé. Un nouvelle thématique s’amorce : les réseaux sociaux. Tous les participants sont inscrits sur au moins un réseau social, la plupart privilégiant Snapchat et Instagram. Par groupe de deux ou trois participants, ils sont encouragés à produire un dessin pour expliquer ce que sont les réseaux sociaux.

Atelier dessin « C’est quoi un réseau social ? « 

Une fois les dessins terminés et commentés, les participants se séparent une nouvelle fois en deux groupes distincts. Chaque groupe se place aux extrémités de la pièce et observe les cartes placées devant eux. Le but du jeu ? Classer les cartes en deux tas : celle des réseaux sociaux et les autres.

 

 

Cet atelier participatif permet d’entamer plusieurs discussions sur les usages des participants. Certaines cartes leur sont inconnues (Spotify, Netflix…) d’autres sont au contraire particulièrement appréciées, comme celles représentant Instagram ou WhatsApp. Cet atelier permet également d’aborder certains termes dont notamment les navigateurs web et les moteurs de recherche. En effet la différence entre ces deux outils n’était pas claire pour tous.

Cette thématique est à nouveau abordée dans un autre atelier, un quiz dédié à la culture numérique. Toujours par équipe, les jeunes doivent répondre aux questions en trouvant la bonne réponse, chose pas toujours aisé lorsque certains concepts ne sont pas encore connus des participants.

Ce quiz fait la transition entre deux thèmes : les réseaux sociaux et l’empreinte numérique. Grâce à un jeu d’analyse d’un post Instagram, les participants découvrent les différences entre l’empreinte numérique, la e-réputation et l’identité numérique (voir schéma). Cet atelier consiste à lister les informations observables depuis une photo postée sur Instagram, puis de faire de même avec la biographie, un commentaire … Cet exercice permet de se rendre compte de la somme des données disponibles d’après un post sur les réseaux sociaux, ces données étant conservées par les réseaux sociaux.

A droite : liste des données récoltées par les participants lors de l’atelier. A gauche : thèmes abordés tout au long de la semaine

L’atelier se clôture par le visionnage de ce schéma reprenant les trois notions abordées lors de l’atelier.

La création d’affiche : un exercice à part entière

Après quatre jours d’ateliers, remplis d’échanges et de découvertes, la semaine se conclut par la réalisation d’affiches. Un exercice plus laborieux que prévu pour ces jeunes qui, au début, avaient du mal à trouver un sens à leur affiche.

Après plusieurs questionnement et la remémoration des différents thèmes abordés pendant toute la semaine, les quatre jeunes présents ont pu réaliser avec créativité, leurs propres affiches. Les réseaux sociaux, et les Fake News demeurent les grands gagnants des thématiques favorites.

Malgré des thématiques parfois complexes à décrypter, les ateliers se sont déroulés dans une ambiance très chaleureuse et accueillante. Une semaine riche en partages et discussions, dont l’équipe de Fragil en garde un très bon souvenir et une envie de réitérer l’expérience.

 

Présentation Google de la semaine :

 

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017