Nous sommes entourés de verdure, les couchés de soleil sont toujours aussi magiques, les sourires au rendez-vous tout comme l’esprit de respect et de partage. Pour sa troisième édition, le Dub Camp Festival a déménagé à Carquefou, pour le bonheur des festivaliers qui ont pu constater un trajet camping-chapiteau très réduit. Plein d’autres changements étaient à l’ordre du jour. L’organisation a notamment fait un effort évident sur la réduction des déchets, qui va des assiettes (recyclables) jusqu’aux structures du décor. Une énième vie pour ces tas de palettes qui donnaient une atmosphère dystopique au festival… Voilà l’esprit du Dub Camp résumé en deux mots : créativité et recyclage ! On parle là d’un festival qui grandit, mûrit et se consolide dans une recherche constante pour offrir la meilleure qualité, tant sur le plan musical qu’humain.
Une soirée d’échauffement
Obligatoire : il faut faire une mention spéciale à l’Opening session que l’association nantaise Get Up! a ajoutée cette année. Les Rennais I-Skankers ont sonorisé le Sound Meeting Arena, ouvert exclusivement pour cette première journée. Une session marquée d’un fort accent anglais avec la présence de Scee Naphtali (Emperorfari Sound System), soundman venu de Leicester pour donner une leçon de Roots & Culture. Venu de la cité londonienne le selector Mickey Dread a opéré aux côtés du MC Ras Kayleb, son vieux compagnon de route. Channel One, habituels du fameux Carnaval de Nothing Hill, étaient de la partie, aujourd’hui cultes dans le milieu, actifs depuis 1979 ! Classique dans son style, Mickey a tout de suite fait tourner les vinyles avec une sélection Roots Reggae, qui a évolué progressivement jusqu’aux tunes Stepper bien lourdes pour chauffer le public : It’s Not a Crime de Danny Red, Rig Veda de Dub Dynasty…
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Pendant deux heures de set, les sirènes et les pull-ups se sont succédé sans arrêt. Le duo était aussi accompagné de Ramon Judah au micro ainsi que de Horns Matic et du Néerlandais Rootsman aux cuivres. Ces collaborations live avec des musiciens sont devenues un leitmotiv tout au long du festival. La suite était coordonnée par Steve Gibbs de Vibronics accompagné du MC Madu Messenger et de la chanteuse cap-verdienne Nish Wadada. Un set énergisant avec des sons plus digitaux et futuristes, touche personnelle de ce producteur anglais issu du fameux label Scoops, en pleine forme.
Pour mettre fin à cette soirée de warm-up : la clique de I-Skankers au complet. L’occasion pour les festivaliers qui avaient loupé leur premier passage de se rattraper. Lylloo à la tour de contrôle, Sttepin’ Pablo au micro et au mélodica… Le succès est total avec l’ensemble du public qui a demandé de multiples rappels en fin de session !
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Se lever du bon pied
Comme une sorte de pèlerinage, chaque matin, on arrivait pile pour le réveil officiel du festival. Le rendez-vous fixé à 11h pendant tout le week-end permettait de profiter d’une sélection matinale de perles Roots, Ska, Rocksteady et Stepper au Uplift Corner. Le camping comptait donc cette année sa propre programmation ! Aux platines, des personnalités connues comme Paul Dr. Huxtable avec son sound system à lampes fait main. Daddy Reggae n’était pas loin, accompagné du singjay Ras Digby. Et le dimanche, pour la clôture, les sélecteurs se sont retrouvés sur la sono de Mystical Sound System, Rash Dashan et Wax Diggers. Juste pour citer quelques titres : Fordward to Jah de The Jay Tees, Deuteronomy de Sylford Walker & Welton Irie, Love & Livity de Jewels ou encore King of Kings de Wayne Wade, parmi les dizaines de morceaux que tournaient pour commencer la journée de bonne humeur. Parce que oui, pieds nus ou non, ça dansait dès la première heure!
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Mais comment expliquer cette dévotion ? La musique des sound systems est d’abord une sensation physique à laquelle on ne peut échapper. Des murs de son avec un volume au top… Si on ne fait pas résistance, le son nous entoure et s’empare du corps. Au fur et à mesure, on commence a bouger au rythme de cette musique, le poids de notre corps semblant beaucoup plus léger. Si on avait des préoccupations dans la tête, elles disparaissent d’un coup. Cette charge qu’on a l’impression de porter sur nos épaules au quotidien s’évapore. Et peu de musiques peuvent prétendre faire cet effet avec autant d’efficacité. On ferme les yeux et on se laisse porter. Les basses bien lourdes et assez répétitives, le skank des guitares, les sections de cuivres, les paroles conscientes… Les reverbs, les sirènes et les échos ajoutent une touche psyché pour nous propulser dans cette élévation. C’est ça que veut dire le terme Uplifting : une sorte d’élévation spirituelle qui inspire bonheur et espoir. Mais cette transe peut être tout de suite coupée par le biais d’un pull-up qui nous renvoient ipso facto à la réalité. Le sélecteur lève le diamant, arrête le morceau et le reprend au tout début. Et c’est reparti pour skanker à nouveau !
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À part ces joyeuses vibrations, on a pu trouver d’autres moyens pour se remettre en forme sur le Dub Camp Festival. Des nouveautés là encore… Un service de petit déjeuner avec le kit de sauvetage basique : café, croissant, pain au chocolat, au choix… Certes, certains ont préféré la bière au réveil… On pouvait trouver aussi un petit marché de fruits et légumes de saison pour ceux qui cherchaient un peu de vitamines et de fraîcheur. Et pour les plus motivés, même un cours d’initiation au Qi-Gong !
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Grâce à sa capacité à se réinventer et sa volonté d’ouverture musicale, le Dub Camp Festival a laissé des moments inoubliables comme la réunion des légendes jamaïcaines Johnny Clarke, Michael Rose, Prince Alla, Michael Prophet et Robert Dallas. On a pu voir aussi l’Ensemble National de Reggae donner la pêche aux festivaliers sous un beau coucher de soleil. Ou encore une Special Sistreens Session, le dimanche, à l’initiative du sound system français Blackboard Jungle. Au micro, les merveilleuses voix de Mo’ Kalamity, Inés Pardo, Sista Lexxy et Nish Wadada ! Mais ne vous méprenez pas : la présence de celles-ci reste une nouvelle exceptionnelle et ce n’est pas forcement un bon signe. Comme dans bien d’autres domaines, la culture sound system pâtit toujours de l’héritage d’un système patriarcal. Il reste encore une longue route à parcourir sur ce point…
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D’autres musiciens comme le violoniste Blaise Lafontaine, dit Ras Divarius, ou le saxophoniste hollandais Ruud Van Korven ont tourné pendant les quatre jours de festival. D’un chapiteau à l’autre pour rajouter un peu plus de vie aux divers sound systems. C’est un esprit familial qu’on témoigne à chaque fois, ce partage de joie et ce soutien entre les artistes, les bénévoles et les festivaliers. Longue vie au Dub Camp !