21 avril 2016

Visitez Nantes, son muscadet, ses émeutes…

À l’heure où la fréquence des manifestations contre le projet de loi travail devient hebdomadaire et que le mouvement « Nuit debout » essaime de ville en ville, un nouveau rassemblement était organisé ce mercredi 20 avril à Nantes et ailleurs. Fragil a voulu dénicher les slogans les plus originaux avant qu’ils ne soient effacés par les services de la Ville.

Visitez Nantes, son muscadet, ses émeutes…

21 Avr 2016

À l’heure où la fréquence des manifestations contre le projet de loi travail devient hebdomadaire et que le mouvement « Nuit debout » essaime de ville en ville, un nouveau rassemblement était organisé ce mercredi 20 avril à Nantes et ailleurs. Fragil a voulu dénicher les slogans les plus originaux avant qu’ils ne soient effacés par les services de la Ville.

À l’appel de la Coordination Nationale Etudiante (CNE), du mouvement Université de Nantes en Luttes et de la Coordination Interlycéenne, le point de rendez-vous de cette énième manifestation était donné à 14h, place Bouffay, pour un défilé pacifique. Du côté de la Préfecture, le ton s’est considérablement durci avec un arrêté en réponse aux casses récurrentes survenues ces dernières semaines. Les forces de l’ordre étaient en droit de contrôler les passants entre 8h et 23h59 ce mercredi afin de vérifier s’ils ne détenaient pas d’« objet pouvant constituer une arme par destination ».

Ces dispositions n’ont pas empêché les esprits vifs de la manifestation de répandre leurs slogans à travers la ville. Chantés, inscrits sur les murs, revendiqués par les manifestants, ils reflètent l’état d’esprit du moment. Fragil vous en propose une petite sélection en images.

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Texte : Kevin Lemoine

Photos : Kevin Lemoine et Timothée Tougeron

Du son et encore du son. Programmateur musical et membre du bureau de Prun', Kévin est passionné de musique indé mais pas que, tant sur disque qu'en live. En plus d'être actif au sein du réseau de l’éducation populaire.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017