La pièce, comme le livre, s’ouvre sur la correspondance entre Nathan Bronsky, père du héros, et le consul des États-Unis. On est en 1938, les nazis brûlent les synagogues en Allemagne et M. Bronsky demande des visas en urgence. Le consul lui répond huit mois plus tard en juillet 1939 ! N’étant qu’un juif parmi des centaines d’autres milliers persécutés, selon le système de quotas et en étant optimiste, la demande de visas devrait aboutir dans treize ans, soit en 1952 ! Le ton est donné. L’humour est noir, grinçant.
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Pas facile de faire sa place dans une société où le culte du succès, du pouvoir et de l’argent règnent en maîtres.
On retrouve donc Jakob Bronsky à New York dans les années 50. Ayant survécu aux camps de la mort, il est finalement parti s’installer aux États-Unis. Ce pays des rêves et des libertés où n’importe qui peut faire fortune…ou pas ! Cet antihéros, qui n’est autre que le double de l’auteur Edgar Hilsenrath, est confronté à toutes les difficultés d’un nouvel arrivant : trouver un logement, un travail, une femme, tout est une lutte et le choc des cultures est violent. Pas facile de faire sa place dans une société où le culte du succès, du pouvoir et de l’argent règnent en maîtres.
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Le texte d’Edgar Hilsenrath est cru, sans filtre. Il sent le taudis, la misère et la faim. Il parle de bite, de cul, de putes…
Notre exilé va donc se réfugier dans l’écriture. Son livre racontera les péripéties d’un homme seul et comme le souligne son colocataire « Si c’est un homme solitaire, c’est un branleur. Appelez votre livre Le Branleur ! ».
Pour la mise en scène, Laurent Maindon a fait le choix d’une équipe de 5 comédiens. Le décor minimaliste trouve une profondeur dans une partition vidéo des plus réussie. Le texte d’Edgar Hilsenrath est cru, sans filtre. Il sent le taudis, la misère et la faim. Il parle de bite, de cul, de putes… ça sort des tripes, rappelant ici et là le ton de son homologue américain Charles Bukowski. A la fois moteur et frustration, le sexe est omniprésent. Sur le plateau, certaines scènes font place à l’obscène et l’irrévérencieux flirte parfois avec le mauvais goût. Mais qu’importe ! On s’attache à ce personnage qui galère avec une mention spéciale pour la scène finale des plus touchantes.
« Dans ce pays, un intellectuel n’a aucune chance de devenir président. »
Ce texte qui traite d’exil et de migration a été publié en 1980 et résonne tout particulièrement aujourd’hui, à l’image de cette phrase parlant des Etats-Unis : « Dans ce pays, un intellectuel n’a aucune chance de devenir président.» Tristement visionnaire !
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