6 avril 2024

Whyci et Daalya : les Nantaises unissent leurs énergies pour un nouveau projet musical

Les artistes nantaises Whyci et Daalya sont sous le même label Levéso, et annoncent la sortie d'un projet commun. Fragil les a rencontré pour parler de leurs parcours individuels, leur rencontre, et revenir sur leur passage enflammé à Trempo pendant Hip Opsession.

Whyci et Daalya : les Nantaises unissent leurs énergies pour un nouveau projet musical

06 Avr 2024

Les artistes nantaises Whyci et Daalya sont sous le même label Levéso, et annoncent la sortie d'un projet commun. Fragil les a rencontré pour parler de leurs parcours individuels, leur rencontre, et revenir sur leur passage enflammé à Trempo pendant Hip Opsession.

C’est à Trempo que nous retrouvons les deux artistes nantaises, Whyci et Daalya pour échanger autour de leur nouveau projet commun, un album à venir. Presque un mois auparavant, le 1er mars, elles étaient sur la scène de Trempo à l’occasion du festival Hip Opsession où Whyci introduisait une soirée rap 100% féminine. L’occasion de performer des sons de son EP « Shades » sorti en 2022 devant une salle remplie, « je me suis tellement donnée à fond qu’à la fin j’avais plus d’énergie » nous confie Whyci en rigolant. « Ce qui m’importait ce soir là c’est que les gens voient ce que je veux leur transmettre, quel message je veux passer, et j’espère que ça a marché (…) c’était assez spirituel comme moment ».

Whyci et Daalya sur la scène de Trempo, le 01/03/2024 dans le cadre d’Hip Opsession. © Juliette Ducornetz

 

« On en a fait des concerts ensemble mais celui était vraiment spécial, le public c’était trop beau »

Au bout de quelques morceaux, elle faisait monter sa collaboratrice, l’artiste Daalya qu’elle connaît bien puisqu’elles ont déjà sorti un son en commun sur son EP « Femme à Succès » sorti en 2023. « J’étais juste à côté avant de rentrer et il y avait une énergie incroyable (…) même à t’entendre [Whyci], je faisais que de bouger » se remémore Daalya.

Un duo qui se retrouve pour un son unique

Elles sont sous le même label Levéso, mais ont des parcours et des styles qui s’entremêlent. Whyci a commencé par la scène, et Daalya par les studios. Toutes les deux se considèrent à la fois comme rappeuses et chanteuses, et sont à l’aise sur beaucoup de registres. Daalya affectionne le reggae dance hall et Whyci la musique du monde.
Un autre point commun : une passion pour la musique qui est arrivée très tôt pour les deux artistes. Daalya a eu des influences familiales fortes avec sa mère « son rêve c’était d’être chanteuse », mais également son frère « qui jouait du synthé et était dans un groupe de reggae ». « Quand j’étais petite je restais plantée des heures devant la télé pour regarder des films qui parlaient de musique, ça me faisait rêver » nous confie Daalya avec amusement et nostalgie. Ce sont ces influences qui l’ont amenée à se lancer au départ pour s’amuser à kicker avec son entourage, puis pour se rendre compte qu’elle veut en faire son métier. « C’était une période difficile pour moi, mais j’ai commencé à mettre des prods et écrire ». Elle passe alors par la Bonne Vibes, une association Nazérienne « mettant en lumière les artistes locaux » et qui lui permettra de rencontrer le label Levéso. Whyci démarrera aussi jeune par l’écriture, « à la base je voulais écrire pour les artistes, du métal, du rock, du rap..même en coréen » nous explique l’artiste. Puis lassée d’écrire sans voir ses textes concrétisés, elle décide de les interpréter elle-même.

Daalya sur la scène de Trempo, le 01/03/2024 dans le cadre d’Hip Opsession. © Juliette Ducornetz

 

« On a toutes les deux des univers presque différent mais dans l’idée on est dans la même vibe, et si on est en désaccord sur une idée, ce qui est intéressant c’est qu’on teste l’avis de l’autre, donc on crée une nouvelle idée » Whyci.

Aujourd’hui, elles se rejoignent pour un projet musical commun, « il y a toujours des moments compliqués comme dans tout travail mais au final ce qui est beau c’est qu’on ait réussi à créer ça, on a bossé les textes, les prods ensemble » nous affirme Daalya.  «Au final avec nos deux univers on se complète, parfois on se dit « ah oui là je te verrais mieux chanter et moi rapper » ou bien l’inverse ».

Des projets plein les oreilles

Le fait d’être accompagnées par le label Levéso semble apporter une motivation, une réassurance, un « noyau », grâce auquel les deux artistes s’épanouissent musicalement. « Ça réchauffe le cœur d’avoir une équipe » nous confie Daalya. En se donnant de la force mutuellement, les deux femmes se propulsent sur la scène musicale nantaise, encore trop peu ouverte à la rémunération des artistes. « On nous a proposé plusieurs évènements, des choses gratuites, mais notre label insiste à ce qu’on soit payées, il nous professionnalise » nous confie Whyci.

Néanmoins, des projets palpitants sont à venir pour les deux artistes qui s’apprêtent à sortir un single par mois en solo, « on est sur la préparation à côté, en plus du projet commun » nous explique Daalya. « Cela fera l’équivalent de 3 EP par an » précise Whyci. « C’est du travail mais notre objectif c’est de vivre de ça (…) on travaille toutes les deux à côté » ajoute Daalya.

Du côté de Whyci, l’artiste est qualifiée pour la finale du tremplin de musique « hip-hop » BUZZ BOOSTER Pays de la Loire. Ce samedi 30 mars, elle s’est produite sur la scène du Chabada d’Angers, aux côtés de 3 autres artistes masculins (Yassin, K2F et LINF) pour tenter de remporter la première place. Ce tremplin piloté nationalement, puis orchestré par régions est co-organisé en Pays de la Loire par Trempo et Pick Up Production met en lumière des artistes « hip-hop » au sens large du terme. Un peu stressée au début par les attentes du jury « j’appréhendais au début car le rap c’est souvent un milieu d’homme (…) j’espérais avoir quand même ma chance », pour Whyci, ce tremplin est l’occasion d’imposer son style unique. « On a travaillé au maximum pour répondre aux attentes du jury, j’avais peur que ce soit 100% rap mais ce qui m’a fait plaisir et rassuré c’est qu’ils aient mis ma musique Bruk Off, un son Afro pop, et je me suis dis « yes » car je suis polyvalente chanteuse puis rappeuse ». Samedi dernier, c’est LINF qui a remporté le trophée, mais Whyci n’a pas terminé de vous surprendre, avec son projet futur audacieux et captivant qui est à terme d’inventer son propre genre musical.

Affiche Whyci finale BUZZ BOOSTER au Chabada, Angers le 30/03/2024

23 ans, originaire de Laval, future journaliste ? je suis très attentive et curieuse du monde qui m'entoure ! j'adore faire des playlists à rallonge et écouter les gens parler.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017